Voici un modeste extrait de correspondance avec un ami, dans lequel je discute d'actualité. J'ai considéré que ça pourrait nourrir le débat. Mon ami me pardonnera de l'avoir publié ici!
En vous remerciant.
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Salut [...],
Comme d'adon, je me fais un devoir de répondre adéquatement à ton message qui résume assez fidèlement tout ce que je pense de la situation. Qui aurait cru que même avec seulement 4 députés du Bloc, le Québec s'excluerait d'une manière aussi drastique et sans équivoque du gouvernement? L'image qui vient indubitablement en tête est celle d'un Québec ayant voulu tendre la main au reste du Canada... pour se faire claquer la porte au nez! Les sondages sont sortis hier: les chiffres démontrent que ni l'attachement à Ottawa, ni le soutien à l'indépendance n'ont connu de changements entre les mois de mars à mai. Il me semble plausible d'affirmer qu'on est vraisemblablement en présence d'un deuxième beau risque!
Quant à Marois, son appui dans les sondages reste plus élevé que celui que détenait Lévesque en 1975. Je garde espoir. Le congrès fut trop extraordinaire pour être assombri par quelconque perspective de crise de leadership... Mais d'un autre côté, Amir Khadir fait un trop bon travail. Si le NPD ne déçoit pas trop, j'imagine que beaucoup de Québécois pourraient être tentés par Québec Solidaire... ce qui, en soi, est toujours bien mieux que l'ADQ ou que n'importe quoi d'affilié au nom de Legault, mais quand même, le risque demeure de diviser le vote au profit du parti Libéral...
D'ailleurs, tu en parlais, de la vague orange!.. Quand on prend conscience que c'est la quinzaine de comtés qu'Harper a gagné en Ontario qui lui a donné sa majorité, et qu'on compare les résultats de ces circonscriptions par rapport à ceux de 2008, on se rend compte que l'appui aux Conservateurs est demeuré substanciellement inchangé, et que ce qui leur a donné la victoire, dans la majorité de ces sièges, c'est les votes perdus par les Libéraux au profit du NPD! Je ne veux pas faire mon "je-vous-l'avais-bien-dit", mais si ça se trouve, n'eut été de la "vague orange" du Québec et les espoirs qu'elle a nourris dans le ROC, ces comtés seraient restés Libéraux, et le gouvernement minoritaire.
Il reste quelque chose de foncièrement réconfortant dans le fait que 82% des électeurs Québécois aient d'abord voté "contre Harper", au lieu de voter pour un parti fédéraliste, et qu'on se retrouve d'ailleurs avec les Conservateurs majoritaires... je ne claironnerai donc pas trop le fait que je sois d'avis que c'est entre autre la vague néodémocrate, partie du Québec, qui a suffisamment divisé le vote pour faire passer Harper. Si le Québec avait voté du même côté qu'en 2008, les changements de la carte électorale n'aurait pas été assez grands pour changer le statut minoritaire d'Harper. Ironique, non? Ce que je trouve incroyable, comme situation, c'est que nous ayions fait disparaître le Bloc alors que le canada vient d'élire le gouvernement le plus réactionnaire et le plus à l'opposé des valeurs du Québec depuis Mackenzie-King. Quand on pense au pouvoir relatif qu'aurait eu le Bloc dans une coalition Libéral-NPD! Le statut d'opposition devant le bulldozer Tories est un prix de consolation si maigre... Là où je voulais en venir, c'est que les astres s'alignent pour que les Québécois se sentent bafoués, humiliés, ce que tu voudras, pendant les prochaines quatre années où ils seront représentés à Ottawa par des Ruth Ellen Brosseau et par un parti qui vise à toujours plus de centralisation. C'est la théorie du pire, mais c'est quand même le contexte le plus favorable à l'élection du PQ...(D'ailleurs, parlant de valeurs, t'as jeté un coup d'oeil aux résultats de la "Boussole électorale" de Radio-Canada? http://www.boussoleelectorale.ca/ Ç'en vaut défintivement la peine! La société Saint-Jean-Baptiste devrait en faire un un outil pédagogique...)
Le grand perdant aura malheureusement été Duceppe. Quel dommage. Plusieurs sont d'avis qu'il ne méritait pas ça... Défait dans sa propre circonscription... aouch... Et pas question de le mettre à la tête du PQ. On se ferait manger tout rond. Mais qu'est-ce qu'on peut faire d'autre, avec un homme à la carrure aussi imposante? On joue à la politique-fiction, mais tout ce qu'il peut y avoir après, c'est d'être président. Duceppe est un grand réconciliateur. Après un éventuel référendum gagnant, c'est le genre d'homme qu'il faudra à la tête de l'état, pas des frondeurs du genre à Parizeau. Il ne lui reste plus qu'à attendre. Il est aussi possible d'imaginer que la reine d'Angleterre décède (en tout respect... pardon d'être aussi morbide...) et que l'Assemblée nationale suive l'Australie et ..(l'Inde je crois?) qui deviendront alors des républiques en ne reconnaissan tpas l'autorité du nouveau chef du Commonwealth. Ainsi, pas besoin d'attendre l'indépendance avant de s'élire un président!
D'ailleurs, Duceppe et le Bloc sont supposés tenir un point de presse plus tard dans la journée. J'ai bien hâte de voir tout ça.
Dans tous les cas, il était grandement temps que surviennent des changements dans le paysage politique. Il me semble qu'on se rejouait la même cassette depuis 1995... Le climat est propice à de grands bouleversements, qui, selon moi, ne peuvent qu'être de bon augure pour la suite des choses! La même "accélération de l'histoire" que prophétisait lui-même Duceppe dans son livre publié l'an passé...
Oh, et c'est très drôle, le flop médiatique du Plan Nord à Charest... D'entendre tout le monde parler de "show de boucane"... Dire qu'il en parlait depuis 2004, de ce fameux Plan, et que ça s'avère finalement être surtout un moyen d'utiliser notre argent pour paver la voie (sans jeu de mot) aux grandes minières afin qu'elles puissent faire le plus de profits sans rien nous devoir. Du Grand Bradeur à son meilleur. Tout ce que je vois de bon, dans son Plan, c'est le prolongement de la 138 jusqu'à Blanc-Sablon. Ça, c'est très bon, mais ça aurait dû être fait depuis longtemps... rien de novateur là-dedans. Non, ce qui me laisse songeur, c'est comment (et surtout "quand"... ne pas oublier que son plan, sans moult détail, affirme que tout cela se fera sur 25 ans...) il pense construire des ports dans les baies d'Ungava et d'Hudson sans créer une montagne de chicanes constitutionnelles. De un, les ports, c'est fédéral. De deux, les eaux du Nord... le sont aussi! Un livre est d'ailleurs sorti à ce sujet, récemment, qui ouvre enfin le débat des frontières du Québec, qui stagnait depuis Duplessis... Je ne sais pas si je t'en avais parlé, mais la frontière du Québec, au Nord, est délimitée à la berge du continent... à marée haute! C'est-à-dire qu'aussitôt que l'on désire construire quelque chose dans les eaux de la Baie, on sort du territoire québécois... à suivre.
Autrement, dans un même ordre d'idée, je pars dimanche prochain pour Rimouski, où se mettra en branle une grande marche de quelque 600 km jusqu'à Montréal, en faveur d'un moratoire sur l'exploitation des gazs de schiste. Ça va de mal en pie de ce côté-là aussi... ça a sorti avant-hier; le taux de méthane rejeté dans la nappe phréatique par la fracturation hydraulique est encore plus élevé qu'on le croyait. Alors je vais marcher pendant un mois. [...]
Alors voilà, j'espère avoir été suffisament concis.. (...pantoute!)
[...]
Guillaume