Québec — Craignant pour la sécurité de ses donateurs de 3000 $ visés par une campagne Internet, le Parti libéral a déposé une plainte à la Sûreté du Québec, hier. La formation politique a aussi alerté le Directeur général des élections (DGE).
C'est le Réseau de résistance du Québécois (RRQ), mené par le militant Patrick Bourgeois, qui a mis en ligne, la semaine dernière, la liste des 782 donateurs de 3000 $ du PLQ en 2008 et en 2009 — information déjà disponible sur le site Internet du DGE —, mais en y ajoutant les adresses personnelles de chacune de ces personnes. Ces informations sont publiques, mais la loi contraint le DGE à ne publier ces adresses que dans la version papier des rapports des partis politiques et non sur Internet.
Le RRQ a fait parvenir à chacun de ces grands donateurs une lettre les désignant comme «une cible pour tous les citoyens désireux que le gouvernement Charest respecte enfin la démocratie en instituant une commission d'enquête ou en déclenchant une campagne électorale». Les histoires de corruption dans les médias, peut-on lire, «impliquent presque toujours des libéraux [...] en lien qu'ils seraient avec la pègre et la mafia». Le RRQ invite les citoyens à faire pression sur eux: «Étant donné que votre chef ne parle que la langue de l'argent, on se dit que vous, le grand argentier libéral, il vous écoutera peut-être.» S'ils convainquent Jean Charest, le site sera fermé, promet-on. À ce moment «vous retrouverez alors la paix», avertit le RRQ.
Inquiétudes
Le PLQ s'est scandalisé par cette campagne «très dangereuse», estimant qu'il y a là des «menaces intolérables» et une «incitation à la violence». Le président de la formation politique, Marc Tanguay, a soutenu que «plusieurs personnes» ont téléphoné aux bureaux du PLQ pour exprimer leur inquiétude. M. Tanguay trouve d'autant plus troublante cette campagne qu'elle est le fait d'un groupe qui, dans son manifeste, dit vouloir «réhabiliter [...] les combattants du Front de libération du Québec». M. Tanguay fait remarquer que le patriote à la pipe et à la carabine, qui était l'emblème du FLQ, apparaît en filigrane dans la lettre expédiée aux donateurs. Il a réclamé des partis souverainistes qu'ils se dissocient de cette initiative.
Le PQ et le Bloc québécois ont soutenu qu'ils n'avaient «absolument rien à voir» avec cette affaire. Pour Françoise David, de Québec solidaire, la publication d'une liste de donateurs ne pose pas problème, mais la publication des adresses personnelles, oui. Aux yeux du DGE, «ce site ne contrevient pas à la Loi électorale», a fait savoir une porte-parole. Au reste, des enquêteurs de la SQ ont rencontré Karl Blackburn à la permanence du PLQ hier après-midi.

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