Le plan Charest - Pourquoi le Nord?

Plan nord

Le premier ministre Jean Charest a trouvé trois grandes causes à défendre à la veille d'une prochaine élection: la mobilité de la main-d'oeuvre; la négociation d'un accord de libre-échange avec l'Europe; le développement économique du Grand Nord. Sans vouloir minimiser la nouvelle «vision» de ce gouvernement, on peut s'interroger sur sa portée.
Dans certains secteurs comme la santé, le Québec fait face à des besoins qu'il est difficile de combler à cause des conditions posées par les corporations ou de la réglementation en vigueur. Il faut donc saluer l'initiative du premier ministre.
Cela dit, ce n'est pas demain la veille qu'un omnipraticien français pourra pratiquer chez nous sans autre formalité que de chercher un hôpital prêt à le recevoir. Par ailleurs, il faut aussi être conscient qu'une plus grande mobilité favorise l'exode de travailleurs spécialisés quand leurs conditions de travail sont moins intéressantes ici qu'ailleurs. La mobilité n'a pas que des avantages, surtout lorsqu'il y a pénurie.
Pour ce qui est d'un éventuel traité de libre-échange avec l'Europe, le projet ne date pas d'hier: Pierre Elliot Trudeau en avait fait un axe important de sa politique de diversification du commerce, sans succès. M. Charest aurait-il des arguments plus convaincants pour amener l'Union européenne à une table de négociation? On en doute...
Quant au Plan du Nord sur lequel M. Charest semble tabler le plus, il y a bien sûr l'hydroélectricité, mais pour le reste, la réalité invite à la modestie.
À Québec, on parle de construire des routes et des infrastructures, mais pourquoi? Pour y attirer les touristes? Sans doute, mais quand même!
En fait, la vraie raison, ce sont les ressources minières. Or, voilà une industrie très cyclique et peu intéressante en matière de retombées économiques... sans parler des retombées environnementales.
Il y a un an, on ne comptait plus les projets. Grâce à la forte demande mondiale et aux prix élevés, la valeur des titres de ressources en Bourse atteignait des sommets, ce qui facilitait la recherche de capitaux. Dans la région de Lebel-sur-Quévillon, Breakwater a même dû faire venir des mineurs tunisiens faute d'avoir trouvé sur place des ouvriers compétents.
Mais voilà, depuis deux mois, la source de capitaux est à sec, les prix ont chuté (sauf pour l'or) et compte tenu des coûts d'exploitation à la hausse, la plupart des sociétés retardent ou annulent leurs projets. À moins d'une relance peu probable à court terme, il faudra peut-être attendre des années avant de revivre la frénésie de 2007.
Si le gouvernement Charest veut prouver qu'il est le mieux placé pour stimuler une économie de plus en plus fragile, ce n'est pas vers les mines, le tourisme ou les forêts qu'il doit attirer l'attention des électeurs, mais vers des projets à forte valeur ajoutée, tant dans la fabrication que dans les services.
Comme l'avait réussi le gouvernement du Parti québécois au lendemain de la récession de 1991, le prochain gouvernement du Québec doit identifier ces secteurs d'avenir pour les jeunes Québécois et profiter de la crise actuelle pour mettre en place les infrastructures et les incitatifs indispensables pour prendre ensemble le prochain virage vers une économie essentiellement basée sur le savoir, la créativité et la capacité de concurrencer les pays les plus avancés.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->