Selon les derniers sondages en date et les doctes analyses médiatiques qui s'y rapportent, le Nouveau Parti Démocratique, après avoir flirté un moment avec la possibilité réelle, pour la première fois de son existence, de se retrouver au pouvoir, aurait entamé une vaste dégringolade dans les intentions de vote, et ce, essentiellement à cause de l'opinion exprimée par son chef à l'égard du niqab (note: à ne pas confondre avec le kneecap; comme - en tant qu'exemple au hasard - dans l'expression "Tom shot himself in the kneecap" dans cette histoire vestimentaire).
Sur ce sujet somme toute épineux, il conviendrait de soulever ici au moins les quelques points suivants :
Une tentative de relativisation du problème consiste à dire que toute cette histoire de niqab ne concernerait que quelques personnes seulement, et que donc, il n'y aurait pas de quoi en faire tout un plat.
Cet argument est futile, étant donné que tout le monde est pleinement conscient que ces quelques niqabs actuels ne sont que le début du phénomène, et que si le holà n'est pas mis en temps opportun, par la suite il sera trop tard pour endiguer cette exhibition publique et outrancière d'un certain islam radical (en effet, paradoxalement, alors que l'accoutrement concerné vise à couvrir tous les éléments imaginables de l'anatomie féminine, dans le contexte de son usage en Occident, il s'agit bien d'un acte exhibitionniste).
Alors que d'aucuns crient à l'entrave aux libertés individuelles (en l'occurrence, celle de s'habiller comme on veut), à ce stade-ci et en ce moment, les objections contre le niqab sont les plus modérées, les plus élémentaires et minimalistes possibles, dans la mesure où il est seulement question de les interdire lors de la cérémonie de serment de citoyenneté canadienne.
Or, il n'est pas difficile de concevoir que le souhait largement majoritaire de la population serait de ne pas devoir subir cette agression visuelle vestimentaire en aucune occasion, nulle part, en public. Mais comme cela est juridiquement impossible à réaliser, là où nous vivons, l'empêchement minimal en question est déjà un compromis en soi, tout le reste étant un accommodement que la majorité de la société et des citoyens n'a d'autre choix que de subir et d'endurer. (Au fait, nous devrions vérifier à quel point le port de la Croix ou du Crucifix comme accessoires vestimentaires serait toléré, dans les pays où le port du niqab est normal).
Dans le cas spécifique (ou devrons-nous dire : "distinct"….) du Québec, cette histoire de niqab aggrave une situation déjà hautement périlleuse, en la matière. Elle se rapporte à un dilemme, plus exactement.
En effet, sur fond de "charte de valeurs" - pour le moment, suspendue -, le mouvement de laïcisation au Québec, de prime abord, prend la forme d'un combat contre les signes religieux. Son objectif ultime est cependant l'intégration des immigrants et des néo-Québécois.
Dans cette optique, les Québécoises et Québécois qui sont en faveur de l'adoption d'une telle Charte auront compris, à juste titre, que la religion ne se situe pas seulement dans une dimension spirituelle, mais qu'elle constitue aussi une composante de l'identité ethnique ou nationale originelle d'une partie importante desdits immigrants et néo-Québécois.
Par contre, ce qui aura échappé à ces mêmes partisans d'une Charte des valeurs québécoises, c'est que la religion constitue aussi un élément distinctif de l'identité québécoise originelle.
Et voilà donc un autre paradoxe : en voulant affirmer, préserver ou promouvoir une certaine identité québécoise, le mouvement de laïcité au Québec contribue aussi, voire avant tout, à l'effritement supplémentaire de ladite identité québécoise. En voulant éradiquer vaillamment quelques hijab, kirpans ou kippas, ledit mouvement met aussi en péril la croix et le crucifix. Ou le peu qu'il en reste… Alors qu'on pourrait argumenter que les Québécois dits "de souche" ont plus besoin de ces signes pour leur affirmation nationale, que les immigrants auraient besoin des leurs pour préserver leur identité originelle.
Bref, le débat sur le niqab, qui vient de prendre une ampleur considérable en raison des élections fédérales canadiennes, devrait aussi être abordé sous l'angle esquissé ci-dessus, au Québec.
Non sans relation avec le point précédent, pour ce qui est de la cérémonie de citoyenneté canadienne, si on y chante encore l'hymne du Canada, devrait-on comprendre que les personnes portant le niqab vont faire impasse aussi sur la phrase "il [ton bras] sait porter la Croix" … ? Ou alors, la censure de cette mention de l'hymne en question serait-elle la prochaine étape programmée, dans cette affaire… ?
Dans le même ordre d'idées, le serment de citoyenneté inclut l'engagement solennel suivant : "j'observerai fidèlement les lois du Canada".
Or, la Loi suprême du Canada, connue également sous le nom Constitution, dans le préambule même de la Partie I (appelée aussi Charte canadienne des droits et libertés) de sa composante de 1982, édicte textuellement que "le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu (…)".
Alors, à moins que ledit Dieu correspondrait, en fait, à Allah, comment font-elles, les personnes en niqab, pour se soumettre à un tel serment…?
Pour ce qui est du souci de freiner préventivement le phénomène du niqab, avant que cela ne prenne une ampleur telle, qu'il deviendrait dès lors impossible de rectifier la situation, il y a une autre probabilité à prendre en considération.
Dans la mesure où cet accoutrement pourrait relever aussi de la provocation et/ou d'une forme d'esprit de rébellion, de contestation ou d'originalité individualiste, à l'encontre des conventions de la majorité, d'ici peu (si ce n'est déjà le cas, allez savoir…), ce sont des jeunes Canadiennes old-stock ou Québécoises de-souche qui pourraient se retrouver volontairement sous le niqab, voire le tchador. Car les tatouages, les perçages tous azimuts et autres dilatations de lobes d'oreilles devenant de plus en plus ordinaires et banals, le niqab pourrait bien devenir la prochaine mode in, avant-gardiste (voire même - ironie suprême -, anti-conformiste!).
Si jamais vous estimez qu'un tel scenario n'est pas probable, alors, à la lumière de l'actualité courante, veuillez prendre en compte le fait que de tels jeunes sont déjà littéralement attirés par le djihad, et qu'ils ne s'en vont pas seulement ailleurs pour le pratiquer, mais qu'ils ont déjà comploté ou mené des actions effectives, en conséquence, au Canada et au Québec mêmes.
Enfin, ultime paradoxe invoqué ici : ces quelques personnes qui s'obstinent à vouloir afficher l'islam (dans sa version intégriste à laquelle elles disent adhérer) sont en train de favoriser, de manière décisive, le maintien au pouvoir d'un régime gouvernemental canadien dont l'électorat de base se caractérise par la xénophobie en général et l'islamophobie en particulier. À croire que ce sont des bigotes du Grand Ouest qui sont ainsi déguisées et suscitent toutes ces tensions, dans le but d'alimenter les sentiments anti-musulmans au pays et d'assurer la victoire de leur parti de prédilection aux prochaines élections.
En fait, en raison de l'effet contre-productif général du port du niqab au Canada et au Québec, exacerbé dans le contexte de la campagne électorale en cours, il est évident que tous les musulmans n'applaudissent pas ce que font les personnes qui ont suscité toute cette polémique.
Alors, puisqu'on nous dit que le niqab est un signe de soumission féminine, les maris, frères ou pères de ces dames auraient dû leur faire entendre raison… Pour que, à tout le moins, cette révolution vestimentaire (à l'envers) soit reportée à une date postérieure aux élections.
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6 commentaires
Lise Reid Répondre
1 octobre 2015Et si c'était des hommes musulmans qui portaient ces voiles multiformes, qu'en dirait
les québécois et les canadiens...je ne suis pas certaine qu'il n'y aurait pas rapidement
une loi interdisant le port de ces accoutrements dans l'espace public.
Archives de Vigile Répondre
1 octobre 2015Monsieur Chamlian, vous dites : « En voulant éradiquer vaillamment quelques hijab, kirpans ou kippas, ledit mouvement (pour la laïcité au Québec) met aussi en péril la croix et le crucifix. »
Permettez-moi de vous rappeler que tel n'est pas le but de notre mouvement pour la laïcité. Un État laïc exigerait de ses fonctionnaires qu'ils s'abstiennent d'afficher leurs symboles religieux dans la pratique de leurs fonctions et n'accorderait pas d'accommodements fondés particulièrement sur la religion, celle-ci devenant une valeur n'ayant pas la préséance sur les autres.
Quant au port du niqab, voilà une tout autre question. Pour ma part, je l'interdirais dans tout l'espace public, tellement il est dégradant pour la femme.
Archives de Vigile Répondre
1 octobre 2015«Au fait, nous devrions vérifier à quel point le port de la Croix ou du Crucifix comme accessoires vestimentaires serait toléré, dans les pays où le port du niqab est normal...»
150 millions de chrétiens persécutés dans le monde par les musulmans...
http://gloria.tv/media/QD6kRsSs4bh
Cessez d’Egorger des Moutons Devant les Enfants !
http://gloria.tv/media/QVioCzmC5sT
Jean-Claude Pomerleau Répondre
1 octobre 2015Vous dites :
« Préambule de la Constitution "le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu (…)".
Alors, à moins que ledit Dieu correspondrait, en fait, à Allah, comment font-elles, les personnes en niqab, pour se soumettre à un tel serment… ? »
En fait le dieu en question est celui des protestants puisque la reine est la chef d'État au Canada et aussi chef de lÉglise anglicane.
Ce motif a été évoqué pour contester à l'obligation faite à une personne de prêter ce serment à la Reine, alors que se faisant il doit nier ses propres croyances a été rejeté au motif qu'il s'agissait d'un symbole d'unité du pays plus qu'une contrainte.
Argument tordu.
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
1 octobre 2015Gardons les pieds sur terre. Une recherche sur Wikipedia nous apprend que lors d'une conversation les mots employés ne comptent que pour 7% de la communication, le ton de la voix 38% et le langage du corps dit non-verbal ( qui englobe les expressions faciales) compte pour 55% de la communication. Un visage découvert est indispensable à une bonne communication. Une fois ce concept compris, se couvrir le visage peut être interprété comme étant un refus de communiquer ou une interdiction par autrui de communiquer.
Normand Paiement Répondre
1 octobre 2015Cher Monsieur,
De par son impertinence même (son ton désinvolte), votre analyse est tout ce qu'il y a de plus pertinent!
Mes félicitations!
Normand Paiement