Si le gouvernement fédéral a responsabilité, l'entreprise et son dirigeant n'en n'ont pas moins. Dans les reportages télévisuelles, au cours des dernières semaines, les doigts ont successivement changé de directions souvent afin de déterminer un responsable, mais la grande victime dans la tragédie de Lac Mégantic, c'est la bonne foi qui a été enrayée de, et le grande fautive la mauvaise foi qui a empoisonné, notre classe dirigeante.
Hier soir, le NPD forçait d'urgence l'adoption par un comité, des changements à la règlementation ferroviaire canadienne, ce qui semble une victoire, mais qui n'en ait pas une. Encore une fois, on explique partout que la grande coupable semble avoir été la règlementation. Et quand la règlementation est fautive, naturellement, personne n'est plus responsable de rien. La règlementation est créée par le Parlement, c’est donc le Peuple qui est responsable.
Parmi les propositions du NPD, -- un convoi de matières dangereuses devraient toujours avoir au moins 2 conducteurs; un convoi de matières dangereuse ne peut jamais être laissé sans surveillance dans une voie principales; etc...
Le problème avec cette approche du NPD, c'est le désastre stratégique, de prendre la règlementation canadienne et de la lobotomiser de son esprit et de n'en faire qu'un amas de Verbatim.
L'intelligence de la règlementation canadienne était d'obliger les participants de l'industrie a formé, de Bonne Foi, des instructions générales et spéciales qui développaient des protocoles précis. Par exemple, la description des mesures à suivre pour un employé du CP afin de monter ou descendre d'un wagon en déplacement (à basse vitesse naturellement) dans des gares de triages fait 4 pages, 4 pages très détaillées sur comment saisir la rampe, avec quelle main, quelle pied mettre en premier, etc...Photos à l'appui.
Ces consignes de sécurité n'ont de valeur que si premièrement, elles sont créées de bonne foi, et si deuxièmement, elles sont suivies de bonne foi.
Or, dans le cas de MMA, ce que l'on observe, c'est une absence de bonne foi dans la création de leurs instructions (surtout si l'on compare à celles développées par le CN et le CP); et une culture corporative en désintégration de bonne foi, où l'obligation de suivre les instructions de l'employeur n’existait plus, selon des témoignages d'ex-employé.
Par exemple, ni le CN, ni le CP ne permettent que des convois voyagent avec un seul conducteur, ne laissent jamais le train dans des voies principales sans surveillance, tous deux développaient des instructions spéciales pour des endroits géographiques spécifiques qui semblait posés des risques particuliers en plus de créer des instructions spéciales quant au degré de pente où un convoi sera immobilisé, etc...
Or, on apprend, en lisant la lettre du bureau de la sécurité des transports du 18 juillet produites par les enquêteurs et dirigée à Transport Canada que MMA n'a pas donné preuve que pour Nantes, où, selon les pompiers volontaires de Nantes, 3 incendies en 9 ans avaient déjà sévi sur les même locomotives, des instructions spéciales aient été produites et qu'aucune instructions spéciales sur les pentes raides n'aient été produites non plus. On a appris par des témoignages qu'effectivement seul MMA semble avoir permis qu'un convoi de marchandise soit conduit par un seul conducteur, etc...
M. Burkardt est ou était une légende dans l'industrie américaine, il a travaillé dans l'industrie depuis l’âge de 16 ans, ayant occupé tous les poste possible dans l'administration aussi bien qu’au niveau des opérations. La législation américaine est sensiblement identique, les instructions générales et spéciales produites par les grandes compagnies de chemins de fer américaines et canadiennes sont à peu près identiques en termes d'immobilisé du matériel roulant.
Il est donc clair que M. Burkhardt est l'exemple parfait à prendre, de quelqu'un qui savait, mais qui fait semblant de ne pas savoir, ce qu'est l'opération de matériel roulant en toute sécurité, (faire semblant de ne pas savoir est un phénomène souvent observé dans le milieu de la finance). S’engager à opérer son matériel roulant en toute sécurité au Canada est une obligation qu’il adopte automatiquement en faisant requête d’un permis d’opération livré par Transport Canada, et aussi devant ses pairs, en devenant membre de l’Association des Chemins de Fer du Canada, où toute la documentation dont il a besoin, créée par ses collègues comme le CP et le CN, est disponible pour consultation, lorsqu’il n’est pas sûr, si il a des doutes.
Or, M. Burkhardt est gradué de Yale, une des Université les plus prestigieuse des USA, donc pas un simple rustre sans cervelle. Il a été nommé Cheminot de l'année par ses pairs tout récemment, le titre le plus convoité et l'honneur le plus prestigieux que l'industrie ferroviaire américaine accorde à un de ses membres chaque année.
Donc, tout ce qui peut expliquer l'absence d'une approche respectant la sécurité, c'est la mauvaise foi. Notre société est basé sur la bonne foi, tous les participants doivent être de bonne foi, la civilisation Chrétienne est basé sur la bonne foi des participants. Une déviation de la Bonne Foi met notre système en péril. Or, depuis trente, le privilège des dirigeants c'est d'être récompensés pour dévier de celle-ci; de ne jamais payé le prix des conséquences de sa mauvais foi mais plutôt d'en récolter le fruit. Jouons aux arriérés, c’est payant.
Naturellement, la culture de notre gouvernement est aussi à blâmer, car il supporte cette approche, il ne puni jamais la mauvaise foi, jamais, si ce n'est que celle des gens sans importance. Mais la mauvaise foi des dirigeants est célébrée comme l'intelligence la plus raffinée et la plus noble. Mais ce n’est pas qu’au Canada, c’est toute la civilisation Occidentale qui fait de même, c’est ce que les –Free Markets – exigent!
Toutefois, pour que ce système fonctionne, une certaine part de citoyen de bonne foi doivent participer, parce que quand tous deviennent de mauvaise foi, on se ramasse avec un raz de marée, comme celui de la crise immobilière des années 2000. La seule façon de devenir propriétaire d’une maison c’était de mentir, devant l’obligation d’emprunter, vue le prix ballounesque des immeubles. Pour emprunter les montants en question, on se devait de mentir sinon on ne pouvait rencontrer le test. Et voilà le désastre de la mauvaise foi comme pilier de société. Et on sait maintenant que rien ne changera, car comme Barack l’a si bien dit, il n’est pas besoin de sévir, il faut regarder en avant, il faut reconstruire, pourquoi chercher des coupables…
Pourtant, il fallait sévir, c’est le message qui aurait pu ramener la bonne foi, alors que ce qui reviendra le plus vite, ce sont de nouvelles catastrophes!
Donc, si l’on peut blâmer des inspecteurs de ne pas avoir fait leur travail de façons suffisamment zélées, blâmer le gouvernement canadien pour ne pas avoir sévit dans le passé, il faut prendre l’opportunité pour sévir maintenant. Non pas lever le blâme et transformer la Règlementation canadienne en un simple texte verbatim, vide d’esprit, qui déresponsabilise les propriétaires de compagnie de chemin de fer. Or, c’est ce que le NPD se prépare à faire, parce avec cette approche, en en l’absence de bonne foi, nul règlementation ne sera jamais assez explicite. Ce qui permet à la loi de ne pas être parfaitement descriptive, ce qui est impossible, c’est l’esprit de la loi, et pour respecter l’esprit de la loi, il faut être de bonne foi. Lobotomiser l'esprit de sa loi et ne jamais sévir la mauvaise foi de nos dirigeants, ne fera que faire répéter les mêmes désastres sous une variété de formes.
Quand une apparente victoire est une défaite...
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2 commentaires
Denys Picard Répondre
26 juillet 20132013-07-24
M. Carmicheal,
Merci de votre commentaire. Vous touchez d'ailleurs à 2 éléments intéressants.
Je sais qu'au tout début des reportages télévisuelles, le Lundi, la CBC et TVA ont expliqué que MMA n'avait qu'un conducteur et que la loi en exigeait 2, et que MMA semblait avoir eu une dérogation, comme vous l'expliquez. À ma lecture des Règlements d'Exploitation Ferroviaire du Canada (REF) il ne semble pas que la composition des équipes y soit adressé. Toutefois, les Instructions Générales d'Exploitation (IGE) du CP décrivent les équipes acceptable dans différentes circonstances, par exemple, les convois à équipe réduite de convoi sans fourgon de queue, ce qui était le cas du convoi du Lac Mégantic. Dans ce cas, les IGE n'expliquent pas 2 conducteurs, mais une équipe avec entre autre un mécanicien de locomotive et un chef de train. Le chef de train est responsable en premier de la conduite de la locomotive, mais le mécanicien de locomotive peut prendre les commandes et à les connaissances suffisantes pour assuré la conduite de la locomotive.
MMA, si je comprends bien, j'essaie d'être prudent car des informations incomplètes et contradictoires ont circulé sur les événements, semble n'avoir eu qu'un seul chef de train, et pas de mécanicien de locomotive.
Ma compréhension de la responsabilité d'encadrer la composition d'une équipe revient au propriétaire de chemin de fer, et n'est pas décrite dans la REF canadienne.
Beaucoup de confusion règne quant à la règlementation.
Le gouvernement crée la Règlementation (REF), qui elle oblige les propriétaires de chemin de fer et de matériel roulant de créer des Instructions Générales d'Exploitation (IGE), et des Instructions Spéciales (IS). Ces documents décrivent des protocoles, définissent des termes, encadres les activités de façon exhaustives.
Il est donc possible que je me trompe, mais MMA avait, en usant de sa mauvaise foi, la liberté de faire une équipe avec un simple Chef de train, sans mécanicien de locomotive; il ne nécessitait, je crois, aucune dérogation fédéral; mais il est possible que je me trompe, L'information que j'ai étant incomplète, bien que j'ai les IGE du CP 1 et 2 de 2009 et la REF 2012 que j'ai lu.
Il est possible qu'un autre document fédéral discute de la composition des équipes de convoi.
Lorsque j'explique que la règlementation semble adéquate, je parle de règlementation fédérale, et non des IGE et IS développées par les entreprises. Ces IGE et IS sont toutefois amendés par les entreprises de façon ponctuelle à peu près tous les deux ans.
Pour ce qui est de la corruption et des pots de vin, vous ouvrez une porte de pandore...
Je crois tout à fait que des inspecteurs reçoivent de joyeux pot de vin pour fermer les yeux, et les politiciens et les journalistes...
Et d'ailleurs, la Caisse de Dépôt semble être au cœur des stratégies de manipulations médiatiques afin de disculper le plus possible M. Burkhardt ou du moins le déresponsabiliser...
Espérons qu'un jour nous saurons un peu plus la vérité qui a entourer ce triste évènement.
Archives de Vigile Répondre
24 juillet 2013Excellent papier, M. Picard.
Juste une remarque sur "Parmi les propositions du NPD, — un convoi de matières dangereuses devraient toujours avoir au moins 2 conducteurs..."
N'existe-t-il pas déjà une réglementation obligeant les compagnies ferroviaires à avoir deux conducteurs par locomotives (matières dangereuses, ou pas)?
De ce que j'ai compris, il me semble que MMA a dû obtenir de Transport Canada une dérogation afin de pouvoir n'utiliser qu'un seul conducteur.
La réglementation existerait donc déjà bel et bien. Le problème proviendrait que certaines personnes aient l'autorité d'accorder des exceptions, qui me semble un peu arbitraires. Se sont-ils jamais demandés pourquoi le CN et le CP n'ont jamais demandés de telles dérogations?
Dans un tel contexte, on peut facilement imaginer qu'avec une bonne vieille enveloppe brune, on puisse contourner la réglementation en toute légalité.
Est-ce que la personne ayant accordé la dérogation à MMA sera accusé de négligence criminelle ayant causée la mort?