La course à la direction du Parti québécois de Pierre Karl Péladeau semble bel et bien commencée... du moins sur Facebook. Si le député de Saint-Jérôme et critique de l'opposition officielle en matière d'économie, d'entrepreneuriat, de PME et d'exportations se fait discret avec les journalistes dans les couloirs de l'Assemblée nationale, il n'hésite pas à partager ses nombreuses opinions sur sa page publique comme l'avenir de Radio-Canada, le pétrole bitumineux, l'amphithéâtre de Québec.
Pierre Karl Péladeau se montre cinglant à l'endroit du gouvernement fédéral dans presque tous ses commentaires politiques. Sur le passage de Radio-Canada devant le CRTC, il écrit ceci: «Radio Canada se demande si nous serions prêts à payer pour son signal? En ce qui me concerne, et probablement pour beaucoup d'autres Québécois et Québécoises, je dirais certainement oui si le CRTC ne m'obligeait pas de payer, comme il le fait aujourd'hui, le canal qui diffuse les travaux de la Chambre des Communes et bien d'autres chaînes sans intérêt pour nous au Québec».
Cette page Facebook permet aussi de découvrir un Pierre Karl Péladeau «vert», qui n'hésite pas à condamner les sables bitumineux. «Une fois de plus, au mépris du territoire qui nous appartient, les fédéraux veulent nous imposer leurs choix énergétiques, dont un oléoduc qui emporte pour nous d'importants risques.» L'élu estime ne pas pouvoir «faire confiance aux fédéraux qui, en plus, n'assument plus leurs responsabilités comme nous l'avons vu avec le rapport du BST (Bureau de la sécurité des transports) dans la tragédie de Lac-Mégantic».
L'ancien patron de Québecor n'est d'ailleurs pas tendre à l'endroit du «Fantassin-ministre» de l'Énergie Pierre Arcand, qu'il accuse d'être au service de l'industrie canadienne des hydrocarbures.
Mais le député fait aussi plusieurs publications à saveur économique. Il indique, par exemple, se faire un devoir d'acheter le plus de produits du Québec possible et n'hésite pas à faire ce rappel historique: «Aussi simple que l'avait mentionné nos patriotes des années 1830, n'y a-t-il pas un meilleur geste pour s'enrichir comme collectivité que de s'entraider et consommer les produits de nos concitoyens? Ce qui était vrai il y autant d'années est encore aussi vrai aujourd'hui!»
À plusieurs reprises, le politicien rappelle ses convictions souverainistes et critique le Canada. «J'ai assisté à une autre des illustrations de l'injustice que nous fait subir le gouvernement fédéral», affirme-t-il lorsqu'il raconte l'un de ses séjours aux Îles-de-la-Madeleine.
Un changement d'image
«Ça représente des signes de quelqu'un qui veut se présenter», affirme le politologue Jean-Herman Guay.
Le titulaire de la Chaire de relations publiques et de communication marketing Bernard Motulsky voit dans les commentaires de Pierre Karl Péladeau ceux d'un politicien qui cherche à se défaire de son étiquette d'homme d'affaires. «C'est le nouveau PKP», affirme-t-il. Le spécialiste y voit la construction «d'un nouveau personnage» avec ses prises de position environnementaliste et souverainiste. «C'est plus pour se donner des munitions pour peut-être avoir moins d'opposition. Pour éviter un mouvementAnybody but Pierre Karl, pense le professeur.
Celui que l'on surnomme PKP publie également plusieurs photos de ses voyages avec sa conjointe Julie Snyder et leurs enfants, de moments privés entre amis et d'autres sorties publiques comme politicien.
«De parler de tout, de se positionner sur les hydrocarbures, de parler de Juppé, de parler de sa famille, il veut compléter l'image qu'on a de lui» renchérit le politologue de l'Université de Sherbrooke Jean-Herman Guay.
La Presse a tenté en vain de joindre M. Péladeau pour discuter avec lui de cette initiative. Le Parti québécois nous a toutefois certifié que Pierre Karl Péladeau écrit «sans filtre», «la vaste majorité» des messages publiés.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé