Le ministère de l'Éducation, cette «porte tournante»

Éducation au Québec — effondrement du système


Le Québec a vu défiler, depuis la création du ministère de l'Éducation... 22 ministres, en 40 ans. Claude Ryan est celui qui y est resté le plus longtemps (1985 à 1990), alors que Jérôme Choquette détient le record de celui qui n'a fait que passer (juillet à septembre 1976). Tous ont cherché à y laisser leur marque.
«Ce ministère est une véritable porte tournante, déplore Claude Lessard, professeur en sciences de l'éducation à l'Université de Montréal. Il n'y a pas de capitaine à bord. C'est un vrai problème. L'éducation ne semble pas être une priorité.» Résultat : au fil des ans, plus de poids a été accordé aux fonctionnaires et aux acteurs du milieu, ajoute le professeur.
Cette valse ministérielle a aussi été teintée par le style du parti au pouvoir. M. Lessard voit de nettes différences entre libéraux et péquistes.
Libéraux
Les premiers sont plus pragmatiques, note-t-il. «Les libéraux s'attaquent à quelques morceaux à la fois. Claude Ryan s'est intéressé à la formation professionnelle et à la qualité du français, par exemple. Lucienne Robillard a touché à quelques aspects du cégep.»
Parti Québécois
Le Parti québécois est quant à lui plus intellectuel. «C'est le genre à faire des états généraux, des analyses, des grandes refontes... leur approche est plus globale», indique-t-il. L'une comme l'autre se valent bien, estime M. Lessard. À chacun son style...
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Arrêtez les nombreuses réformes scolaires !

Renald Legendre est catégorique : les réformes scolaires sont des «remèdes miracles» qui ne servent à rien. Il préconise «une évolution progressive» du système d'éducation plutôt que «de brusques changements sporadiques».
L'auteur de l'ouvrage Stop aux réformes scolaires constate que le Québec n'est pas le seul endroit à vivre «une crise scolaire perpétuelle». Depuis des décennies, un peu partout sur le globe, les réformes de l'éducation se succèdent à intervalle régulier, indique ce professeur en sciences de l'éducation à l'UQAM qui a analysé une cinquantaine de réformes scolaires.
«La durée de vie d'une réforme est d'environ 10 ans. Où en sommes-nous, après tous ces bouleversements ? Toujours en train de se demander comment régler la crise», indique M. Legendre au cours d'un entretien avec Le Soleil.
En plus d'être extrêmement coûteuses, les réformes démobilisent les enseignants, qui sont déstabilisés et perdent confiance en leurs capacités, ajoute-t-il.
Selon le professeur de l'UQAM, une évolution progressive permettrait de régler plusieurs problèmes inhérents aux réformes scolaires. Les diagnostics seraient plus précis parce que continuels. Les changements ne viendraient pas seulement d'en haut, mais aussi du terrain. Les ajustements se feraient de façon graduelle plutôt qu'unilatérale, ce qui permettrait d'évaluer au fur et à mesure l'impact des modifications.
Avec ce discours, M. Legendre vient évidemment gonfler les rangs des opposants de la réforme actuelle. «Le résultat sera le même que pour les réformes précédentes, dit-il. Dans 10 ans, on mettra en place une autre réforme !»


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