PARTI QUÉBÉCOIS

Le lien à refaire

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Et comment !

Pour un parti en quête de feuille de route et de leader comme l’est actuellement le Parti québécois, il y a amplement de quoi réfléchir dans le sondage Léger-Le Devoir rendu public samedi. Un rebrassage de cartes s’impose avant que la rupture entre les souverainistes et le parti ne soit totale.
Après la dissolution électorale du Bloc québécois en 2011, après l’écrasement historique du Parti québécois en avril dernier, l’affaire était entendue : la souveraineté avait fait son temps. Enfin, l’idée reste, car les idées ne meurent pas, précisait-on poliment, mais comme articulation politique concrète, le Québec était rendu ailleurs.

Quelques mois plus tard, on constate que le portrait mérite des nuances. Le sondage Léger-Le Devoir permet de constater que la souveraineté n’est pas en perte de vitesse, affichant toujours les 40 % d’appuis qu’on lui connaît depuis plus de 30 ans, suscitant même l’intérêt de 45 % de la population. Pas mal pour un projet que tant de tribunes proclament dépassé. Mais cette énergie souverainiste n’est plus canalisée : la moitié des souverainistes du Québec n’appuient plus le Parti québécois. Le champ de ruines dont parlait il y a quelques jours Jacques Parizeau, c’est celui-là.

Le PQ peut bien faire valoir ses nouveaux militants ou les propositions qui animent ses aspirants-chefs, il reste que la remise en question à son égard est imparable. Et le parti n’en a pas encore pris la pleine mesure.

Dans son Mode d’emploi pour refaire fleurir le goût de l’indépendance, Jean-François Lisée signe un passage révélateur à cet égard : « Le principal problème des récentes tentatives de promotion de l’indépendance […] est qu’elle n’a presque exclusivement touché que des souverainistes. Nous prêchons aux convertis. » Le défi, poursuit-il, est « de rejoindre ceux qui ne sont pas encore avec nous ». Mais le défi du PQ n’est même plus là : il a perdu les convertis ! C’est eux qu’il doit rejoindre s’il veut retrouver le pouvoir, étape préalable à toute velléité de souveraineté.

L’attitude monopolistique du PQ a mené, sur sa gauche, à la création de Québec solidaire, porteur d’un projet politique articulé, mais qui intéresse un électorat ciblé. Pour les autres, le Parti québécois, et ses mouvances, n’a jamais cessé de croire qu’il était le parti rassembleur des souverainistes affirmés ou en attente, et que quiconque sort de son approche erre.

C’est exactement ce que Sébastien Ricard a dénoncé au Devoir la semaine dernière. Il a participé au long exercice, mené dans l’ombre, que furent les États généraux de la souveraineté. En tant que commissaire, il en a tiré des constats qui ne cadraient pas avec le rapport officiel. Mais sa dissidence a été interdite de publication. Elle avait beau être articulée et se conclure par un salut respectueux à ses collègues commissaires, l’expression d’une autre voix était impensable.

Ce que M. Ricard remettait en cause, c’était, comme il l’a écrit, « l’institutionnalisation du souverainisme ». Que ça plaise ou non, il mettait là un mot sur un malaise que bien des militants du Parti québécois ont éprouvé, qui les laissait de côté et qui leur a fait déserter les lieux. Et son mot sonne juste : les institutions sont mises à mal de nos jours, perçues d’abord à travers le filtre du cynisme et de l’ironie. La seule solution pour que la confiance reprenne ses droits, c’est de laisser entrer de l’air.

À trop vouloir encadrer la marche à suivre pour la souveraineté, le Parti québécois a fait le contraire. Et il ne voit toujours pas que ces souverainistes rendus ailleurs n’attendent pas un plan d’attaque, un calendrier, un mode d’emploi : ils veulent surtout que l’on respecte ce que eux ont à dire. Un Pierre Karl Péladeau, seul concurrent sérieux dans cette course à la chefferie qui n’est pas encore lancée, saurait-il ouvrir ces fenêtres-là ?


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