Le doute déraisonnable

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Lachance : les coups volent dru de partout





Le commissaire Renaud Lachance a trop attendu avant de sortir de son mutisme. Il suffit de lire les commentaires suivant sa lettre ouverte pour mesurer la colère de nos lecteurs à son égard.


On le soupçonne d’être subordonné au Parti libéral parce qu’il n’a pas voulu reconnaître l’existence d’un lien même indirect entre l’attribution de contrats publics et les contributions politiques faites par tout un chacun durant des années. Son doute est déraisonnable.


Se contenter d’expliquer en trois petites pages les motifs qui l’ont incité à ne pas voir ces liens n’avait d’ailleurs rien pour susciter la confiance du public à son endroit. Il n’a que lui-même à blâmer pour s’être si peu expliqué.


Ceux qui liront les 1 741 pages du rapport de la Commission Charbonneau ne pourront que conclure à l’existence de réseaux d’influence dont la raison d’être était l’obtention de contrats publics.


Marc Bibeau


Par exemple, il me semble difficile de ne pas reconnaître le rôle clef qu’a joué durant des années un des hommes les plus riches du Québec, Marc Bibeau, qui fut si proche de Jean Charest et de l’establishment libéral qu’on l’invitait à rencontrer les ministres et les députés réunis en caucus.






Marc Bibeau était manifestement important au PLQ, pourtant, la juge Charbonneau n’a pas voulu qu’on le voit !








Ce n’est pas le genre de privilège qu’on aurait consenti à un troufion du pot-de-vin comme Lino Zambito. Ou à Tony Accurso, plus à l’aise avec des caricatures du syndicalisme québécois comme Johnny Lavallée ou Jocelyn Dupuis.


M. Lachance n’a sans doute pas subi de pressions pour se dissocier des aspects les plus cruciaux du rapport de la commission Charbonneau. C’était beaucoup trop risqué.


C’est ailleurs qu’il faut les chercher. Alors que les témoins se multipliaient en pointant du doigt Marc Bibeau, comment se fait-il qu’un tel personnage n’ait pas été entendu publiquement?






Marc Bibeau







Le commissaire Renaud Lachance.







Quand Jean Charest débarque en politique provinciale, c’est à lui qu’on l’envoie. Pas l’inverse. Quand Bibeau appelle, Tony Accurso saute dans sa bagnole. Quand il veut les noms des firmes oeuvrant chez Hydro-Québec, André Caillé obtempère. «Plus ça vient de haut, plus on est sensible», a-t-il dit...


Marc Bibeau était manifestement important au PLQ, pourtant, la juge Charbonneau n’a pas voulu qu’on le voit! Pourquoi tant d’égards ?


Zéro coupables !


Le commissaire Lachance dit pompeusement avoir été victime de sa rigueur. À mon avis, il en avait surtout marre. Il ne pouvait plus sentir la juge Charbonneau. Peut-être était-ce normal. Les juges sont comme des rois, leur patience est parfois plus courte que nécessaire...











Renaud Lachance et la juge France Charbonneau lors de l’allocution de clôture de la commission, en novembre 2014.




Photo d'archives


Renaud Lachance et la juge France Charbonneau lors de l’allocution de clôture de la commission, en novembre 2014.





On dit que 300 personnes ont reçu des «avis défavorables» de la commission. Des avis qui, s’ils n’avaient été adressés à l’élite politique, auraient été des blâmes purement et simplement.


Et rendus publics ! Mais au pays du no-fault, même le déshonneur est interdit.


La commission Charbonneau a projeté une lumière crue sur la réalité peu glorieuse d’un certain Québec: ingénieurs, syndicats, fonctionnaires, mafieux et parasites politiques. Tous étaient comme des putes sur la Croisette des contrats publics.


Mais les Québécois se doutent bien qu’une commission qui ne fait pas de coupables, comme un incendie qui fait trente morts, n’aura fait qu’énerver les magouilleurs et les irresponsables. Rien n’est réglé et leur appétit de justice n’est pas satisfait.




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