Un des effets de la stratégie de tension planifiée et mise en œuvre par le gouvernement Charest, est le développement d’une sous-culture policière déviante qui transforme les manifestants en “boucs émissaires” d’un contexte de travail éprouvant pour des policiers, qui sont à pied d’œuvre dans les manifestations depuis trois mois.

Cette dérive est accentuée par la Loi 78, qui instrumentalise les corps policiers pour en faire des milices politiques au service du PLQ.

L’“esprit de corps” qui devrait être celui d’agents de la paix se transforme en un esprit guerrier dans lequel les citoyens, qui sont les employeurs des policiers, deviennent des “ennemis” sur lesquels une violence barbare peut se déployer.

Les médias ont fait état du cas de la policière identifiée au matricule 728 du SPVM (1), qui aurait été retirée des interventions reliées aux manifestations, suite à un usage de produits irritants qui a été documenté et massivement observé sur Youtube. Ce cas est loin d’être isolé, et en considération des trop nombreux cas de blessures potentiellement mortelles subies par des manifestants, c’est une enquête publique qui s’impose d’ailleurs sur l’ensemble de la répression du mouvement social et étudiant, demande qu’il importe de réitérer auprès du gouvernement, alors qu’une des personnes gravement blessées se trouve encore dans un état critique (2).

Le Journal de Montréal (3) a publié une entrevue avec un policier du SPVM qui est très révélatrice du développement d’une sous-culture déviante dans ce service, et qui ne semble pas préoccuper son directeur, Monsieur Marc Parent. Les propos du policier, rapportés par un journaliste d’expérience, Monsieur Daniel Renaud, sont à la fois révélateurs et consternants :

«On se retient en se disant que nos boss nous donneront bientôt le go pour foncer. C’est notre bonbon. (…) Quand une manifestation est déclarée illégale, les gens n’ont plus d’affaire là. Ils ont beau lever les mains en l’air et faire des signes de peace and love, ils seront ramassés pareil .(…) Les gars appellent ça National Geographic parce que quand on fonce, les jeunes partent comme des gazelles ! (…) beaucoup se plaignent pour rien. Les 500 arrêtés l’autre soir se plaignaient de ne pouvoir aller pisser lorsqu’ils étaient entassés dans des autobus. On n’était pas pour les amener au Hilton ».

On a des exemples fort regrettables du développement de sous cultures déviantes dans l’armée états-unienne (en Irak et en Afghanistan entre autres), mais aussi dans l’armée canadienne, alors que Régiment aéroporté (3) envoyé au Soudan a dû être démantelé en 1995, suite au constat qu’il était corrompu par une sous-culture déviante et raciste.

Faudra-t-il démanteler et réorganiser les corps policiers du Québec, lorsqu’ils seront devenus des milices politiques incontrôlables et gravement corrompues par une sous-culture déviante ?

Yves Claudé

(1) : «L'agente 728 dispensée de manifs», Philippe Teisceira-Lessard, La Presse, 24 mai 2012.

http://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/conflit-etudiant/201205/24/01-4528375-lagente-728-dispensee-de-manifs.php

«L'agente 728 a déjà été condamnée en déontologie policière», Christiane Desjardins, La Presse, 26 mai 2012.

http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201205/26/01-4528931-lagente-728-a-deja-ete-condamnee-en-deontologie-policiere.php

http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=61038767&doc=F481FA01FA5B6A375791DE80F071B44E4710994E4F30A7F83AEA5E81D174B953&page=1

(2) :http://cybersolidaires.typepad.com/ameriques/2012/05/brutalite-policiere.html

(3) :««On reste de glace en se disant que tantôt on va charger » - Un policier de l’intervention raconte ses états d’âme au Journal», Daniel Renaud, Journal de Montréal, 25 mai 2012.

http://www.journaldemontreal.com/2012/05/25/on-reste-de-glace-en-se-disant-que-tantot-on-va-charger

(4) :http://en.wikipedia.org/wiki/Somalia_Affair

http://en.wikipedia.org/wiki/Canadian_Airborne_Regiment

http://www.nato.int/docu/review/2005/issue2/french/main_pr.html