Le démolisseur

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Pour l'instant, il n'a encore rien fait

Le président désigné Donald Trump procédant à la formation de son cabinet, il se livre à une vaste entreprise de démolition des efforts de progrès social et environnemental accomplis sous Barack Obama.
Donald Trump est loin d’être en train de former un gouvernement d’« outsiders », contrairement à l’image — fausse — qu’il s’est employé à cultiver de lui-même en campagne électorale et à laquelle trop d’électeurs ont mordu. Plutôt un gouvernement de conservateurs purs et durs, membres bon teint de l’establishment, avant tout allergiques à tout ce qui ressemble de près ou de loin au Parti démocrate. Le cabinet qui se dessine est pour l’essentiel une addition de choix tous plus affolants les uns que les autres, parmi lesquels se trouvera un nombre inusité de généraux.

Avec la désignation de Stephen Bannon, proche des milieux d’extrême droite, comme conseiller principal de la Maison-Blanche, le choix le plus affolant est peut-être celui du climatonégationniste Scott Pruitt, procureur général de l’Oklahoma, recruté mercredi par M. Trump pour diriger l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Il aurait difficilement pu prendre une décision plus dangereuse. Sa nomination, comme celle de bien d’autres, devra être confirmée par le Sénat et, techniquement, devrait l’être plutôt facilement, comme la majorité des sénateurs sont républicains.

Devenu procureur général en 2011, M. Pruitt s’est employé à démolir l’EPA. Il en aura apparemment tout le loisir, de l’intérieur. Obsédé de la poursuite en justice, comme son maître, il a contesté devant les tribunaux la décision pourtant peu audacieuse de l’agence d’élargir la portée du Clean Water Act pour améliorer la protection des rivières et des milieux humides. Il s’est en outre joint à d’autres États dans la bataille contre les efforts de l’administration Obama pour diminuer la pollution par le carbone, particulièrement dans l’industrie du charbon — pièce maîtresse des engagements pris par la présidence démocrate en vertu de l’accord de Paris. Non content d’avoir été un dévoué défenseur des intérêts de l’industrie pétrolière et gazière, précise The New York Times, une enquête journalistique avait révélé en 2014 que, ne reculant devant rien, il avait participé à l’organisation d’une « alliance secrète sans précédent » entre procureurs généraux républicains et grandes firmes pour s’attaquer à l’EPA.

M. Pruitt vient se greffer à toute une série d’autres candidatures désagréables, signe évident que la présidence de M. Trump annonce une cassure et un recul par rapport aux huit dernières années.

Le neurochirurgien retraité Ben Carson a été choisi pour devenir secrétaire au Logement et au Développement urbain. Là où ses prédécesseurs ont tenté d’appliquer des politiques d’intégration et d’aide au logement, M. Carson s’est vivement opposé à des programmes gouvernementaux qui, dit-il, encouragent la « dépendance », et s’est montré très critique des politiques d’habitation qui s’attaquent aux problèmes de ségrégation raciale.

Au poste de secrétaire à la Justice, M. Trump a désigné le sénateur ultraconservateur de l’Alabama, Jeff Sessions, partisan de la méthode dure contre la criminalité et l’immigration illégale. L’homme est viscéralement opposé à l’idée d’une réforme de l’immigration qui ouvrirait la porte de la citoyenneté à une partie des clandestins installés aux États-Unis. Sa nomination à un poste de juge fédéral avait été bloquée en 1986 pour cause de propos à connotation raciste. Il se fera un plaisir d’appliquer la promesse de M. Trump d’expulser les Latinos par millions et de « construire un mur » — qui existe déjà en grande partie — sur la frontière mexicaine.

Au département de la Santé, il a choisi Tom Price, un représentant républicain de la Géorgie, chef de file de l’opposition à la réforme de la santé (l’Obamacare) et pourfendeur de Planned Parenthood, une organisation qui défend le droit à l’avortement. Lui et le vice-président Mike Pence, utraconservateur religieux, communieront aux mêmes convictions.
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