LIBRE-ÉCHANGE

Bravo, amis wallons!

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Pas d’amélioration possible à ce qui est intrinsèquement mauvais et préjudiciable

Face aux tyrannies qu’impose le « libre-échange », puisqu’il s’agit bien de tyrannies, les objections sont de plus en plus audibles — et mondialisées. Le « noui » wallon qui s’est élevé cette semaine contre l’accord canado-européen en est à cet égard une manifestation exceptionnelle et prometteuse. S’il n’est pas nommément altermondialiste, ce oui réticent ouvre néanmoins des horizons qui donnent à faire entendre les voix citoyennes sur un registre progressiste. Ce qui nous change au premier chef de Donald Trump.
Donald Trump, candidat républicain déviant à la présidence des États-Unis, aura au moins eu le mérite de dénoncer une mondialisation qui, obsédée par la libre circulation des biens et la prise de profits, a fini par en oublier les gens. Pour tout le reste, l’homme est obtus et dangereux, d’autant plus que son anti-libre-échangisme est articulé par des positions xénophobes et passéistes. On ne cessera pas de s’étonner qu’envers et contre tout il ne soit pas si loin derrière la démocrate Hillary Clinton dans les sondages, à moins de deux semaines de la présidentielle du 8 novembre.

Dans ce contexte, la semaine wallonne qui s’achève de l’autre côté de l’Atlantique, ouverte sur un non à l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AECG) pour se terminer sur un oui conditionnel, a-t-elle constitué une bouffée d’air autrement plus sain pour l’avenir. C’est un « wallonoui » qui apporte une contribution intelligente au débat sur le développement économique et social de la planète en général, et de l’Europe en particulier.

En vertu de l’accord conclu jeudi aux premières heures du jour avec le premier ministre belge Charles Michel et entériné vendredi soir par les 28 États membres de l’Union européenne, les Wallons ont obtenu une série d’assurances fondamentales, à défaut de constituer le contrepoison idéal aux maux de la mondialisation. Ils ont obtenu que le traité n’affecterait en rien les protections sociales ; que la Belgique pourrait se retirer de l’AECG si les importations de produits agricoles canadiens affectaient indûment ses agriculteurs ; et, surtout, que les tribunaux d’arbitrage des différends entre multinationales et États — ces mécanismes fort controversés — ne seraient pas mis en place pendant la période d’application provisoire de l’accord. Il a enfin été convenu que la Belgique allait demander à la Cour de justice de l’Union européenne de vérifier que ces tribunaux d’arbitrage respectent bien le droit européen.


Ces fameux tribunaux ont fait et feront encore couler beaucoup d’encre pour avoir dans le passé rendu des décisions partiales qui érodaient la souveraineté des États. L’affaire est complexe et les avis des experts sont partagés pour ce qui concerne la portée de l’AECG à ce sujet. En tout état de cause, certaines clauses litigieuses contenues dans la première mouture de ce traité dit de « nouvelle génération » ont été modifiées le printemps dernier de manière à rendre plus difficile pour une multinationale de poursuivre un gouvernement et d’obtenir compensation pour une loi (sur la protection de l’environnement, par exemple) qui nuirait à sa rentabilité.

Ce qui représente un progrès évident, à moins d’être opposé au principe même de la libéralisation du commerce. C’est sur cette base que la petite Wallonie a obtenu des garanties et des clarifications additionnelles qui se trouvent en définitive à venir surligner les menaces que font peser les accords de libre-échange sur l’exercice des droits démocratiques.
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