Le conflit syrien

Le défi russe

La faute aux Russes...



La Chine et la Russie auraient souhaité accorder un permis de tuer au dictateur syrien Bachar al-Assad qu'elles n'auraient pas fait autre chose que ce qu'elles ont fait dans l'enceinte des Nations unies, soit brandir leur droit de veto contre la résolution, au demeurant très molle, très douce, du Conseil de sécurité. À peine la nouvelle selon laquelle les tenants d'une timide remontrance avaient perdu était-elle rendue publique qu'Assad redoublait d'ardeur sur le front de la répression. Des tanks ont tiré, des avions ont bombardé. Résultat: en deux jours, 270 personnes ont péri, dont 70 pour la seule journée d'hier. Quoi d'autre? En signe de protestation, les États-Unis ont fermé leur ambassade, le Royaume-Uni et la Belgique ont rappelé leurs ambassadeurs et, surtout, surtout, la Tunisie a coupé ses liens avec le gouvernement, le Qatar, en pointe sur ce dossier, a indiqué qu'il continuerait son combat en usant notamment d'outils financiers, etc. Bref, la réprobation est quasi générale. Mais...
Mais cela n'a pas empêché le Kremlin d'écrire un autre chapitre de l'odieux. Aujourd'hui, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, se rend à Damas pour «évoquer», on insiste pour évoquer et non négocier au forceps, l'introduction «de réformes démocratiques indispensables». Depuis l'amorce de la contestation d'un régime de fer, Lavrov et Assad s'appliquent à arrondir les angles en promettant des avancées démocratiques que jamais ils n'observent. Jusqu'à présent, 6000 personnes ont été tuées, des milliers ont été emprisonnées et torturées, et que fait la Russie? Elle donne son aval à Assad. Elle le soutient dans son exercice de la violence en lui envoyant des armes et des munitions, en lui vendant 36 chasseurs.
L'une des raisons majeures expliquant l'attitude de Moscou tient au fait que la Syrie est son dernier pion dans cette région du monde. Elle est derrière Assad fils comme elle l'était derrière Assad père parce qu'ils ferraillaient et ferraillent encore contre les pétro-monarchies sunnites qui ont les États-Unis comme alliés. Elle espère qu'entre le maintien d'Assad et les liens somme toute courtois qu'elle entretient avec l'Iran chiite, elle conservera son influence.
Cela étant, c'est à se demander si la Syrie va éviter une guerre civile opposant notamment la majorité sunnite aux alaouites, dont Assad, aux Druzes et aux chrétiens. Car en concentrant nombre de ses offensives meurtrières sur la ville d'Homs, il met en relief sa volonté d'étouffer toutes les tentatives de sursaut des sunnites exaspérés par quatre décennies au cours desquelles leur poids dans le gouvernement, dans l'armée, dans l'économie n'a jamais été proportionnel à leur poids sociologique. Pas du tout. D'où d'ailleurs, les gestes effectués ces derniers mois par la Turquie sunnite. Un jour, celle-ci reconnaît le Conseil national syrien (CNS) rassemblant les leaders de l'opposition à Assad. Le lendemain, elle accorde aux soldats du CNS une base de repli sur son territoire. Bref, la Turquie s'activant, il est probable que ce conflit sera long.


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