La politique, disait Jacques Parizeau, est un sport extrême. Au Parti québécois, ça prend toutefois des proportions hallucinantes. Pendant que le Bloc québécois s’autodétruit, le PQ reste coincé au 3e rang dans les sondages. L’an dernier, Québec solidaire se refusait aussi à toute « convergence » avec lui.
Les péquistes gardent pourtant le moral. Le retour inattendu au bercail de Camil Bouchard, Jean-Martin Aussant et de Lisette Lapointe, l’épouse et veuve de l’ex-premier ministre Jacques Parizeau, montre que même certaines des voix les plus critiques envers le leadership de Jean-François Lisée – et non les moindres – sont prêtes à revenir pour livrer bataille en vue des élections du 1er octobre prochain.
Belle prise
Mais voilà qu’hier, la nouvelle d’une candidature probable de l’ex-chroniqueur Vincent Marissal dans Rosemont, la circonscription même de M. Lisée, assène un autre coup dur au PQ. Très dur.
Pour QS, Vincent Marissal est une très belle prise. Personne ne pourra accuser l’ex-journaliste de se chercher un poste confortable de ministre. À l’opposé, le coup de Jarnac donné au PQ est monumental.
Chercher à faire carrément tomber le chef d’un parti politique dans son propre comté confirme à quel point Québec solidaire n’hésitera pas à tirer sur l’ambulance péquiste s’il le faut. Le tout, dans l’espoir de récolter une partie de son électorat restant.
Le énième symptôme
Plus largement encore, on y voit surtout le énième symptôme d’une division profonde et éclatée du vote francophone depuis la création de la CAQ et de QS. Une division marquée qui, face au vote libéral monolithique chez les anglophones et fortement majoritaire chez les allophones, s’installe à demeure.
La première victime d’un tel éclatement du vote francophone est la question nationale elle-même, sous toutes ses formes. À preuve, 23 ans à peine après la quasi-victoire du Oui en 1995 – une nanoseconde dans la vie d’un peuple –, cette régression majeure passe quasiment inaperçue.