Le conflit au sein de l’État profond vient d’éclater en une guerre ouverte

Une guerre dont la terre entière va faire les frais

La bataille qui fait rage au niveau de l’État profond n’est pas seulement une bataille bureaucratique, c’est une guerre pour l’âme, l’identité et la direction de la nation.


Quand les pouvoirs illimités des agences de renseignement et de sécurité menacent-ils les intérêts nationaux et mondiaux de l’Amérique ? La CIA et ses facilitateurs politiques prétendent que les pouvoirs essentiellement illimités de l’agence, révélés en partie par les fuites Vault 7 de Wikileaks, ne constituent pas une menace pour les intérêts américains, car ils sont destinés à « défendre » ceux-ci.




C’est la justification présentée par les alliés néocons de la CIA dans les deux partis politiques : la CIA ne peut pas menacer les intérêts de l’Amérique, parce que la CIA définit les intérêts de l’Amérique.


C’est le trou de ver qui aspire les libertés civiles et la démocratie. C’est un moment extraordinairement déterminant dans l’histoire américaine, lorsque le directeur du FBI déclare publiquement qu’il n’existe pas de « confidentialité absolue » aux États-Unis.


En fait, la protection de la vie privée est désormais subordonnée au niveau d’intérêt que l’État sécuritaire a pour cette conversation ou vos données privées. Si nous lisons la Constitution des États-Unis, nous ne trouvons pas de telles contingences : les libertés civiles sont absolues. Les présidents post-1790 ont temporairement discuté des libertés civiles en temps de guerre, et le camp dirigé par la CIA de l’État profond a justifié ses pouvoirs illimités, en déclarant effectivement « un état de guerre maintenant permanent et durable ».


Alors que reste-t-il à défendre, si l’Amérique est devenue l’ennemie des libertés civiles et de la démocratie, c’est-à-dire un État totalitaire gouverné par des services de sécurité, leurs partisans politiques et leurs apologistes ?


J’ai longtemps suggéré que les plaques tectoniques de l’État profond sont en mouvement, alors que le consensus au pouvoir s’érodait. Certains éléments de l’État profond ─ ce que j’appelle l’aile progressiste, qui est (ironiquement pour certains) ancrée dans les services militaires ─ voient maintenant les éléments néocons de la CIA (l’État sécuritaire) comme profondément dangereux pour les intérêts des États-unis à long terme, tant au niveau national qu’international.


L’État profond se fracture-t-il dans la désunion ? (14 mars 2014)


J’ai suggéré que cet « État profond voyou » a tranquillement aidé Donald Trump (en minant subtilement la campagne de Hillary Clinton), comme la dernière meilleure chance pour sauver la nation du tentaculaire réseau néocon que le leadership de l’Establishment basé sur Wall Street (Bush, Clinton, Obama, etc.) a supervisé ─ y compris l’octroi à la CIA et ses alliés de pouvoirs pratiquement illimités, sans aucune obstruction efficace.


Est-ce qu’un État profond voyou est aux basques de Trump ? (18 janvier 2017)


Cette profonde scission dans l’État profond s’est maintenant transformée en une guerre ouverte. La première salve a été la campagne de propagande absurde menée par les porte-parole de l’establishment, The New York Times et The Washington Post, affirmant que les agents russes avaient « piraté » les élections américaines pour favoriser Trump.


Cette campagne de propagande sans faits a échoué ─ n’avoir aucune preuve n’a pas marché aussi bien qu’attendu par le NYT et le Wapo ─ et alors la machine de propagande a lancé la deuxième salve, accusant Trump d’être un pion des Russes.


Les preuves de cette affirmation étaient également ridicules. Cette campagne n’a fait que faire paraître l’Establishment, ses porte-parole de propagande et de l’État profond néocon désespérés et stupides sur les scènes mondiale et nationale.


L’État profond néocon désespéré et ses alliés du Parti démocrate ont pris des mesures absurdes pour miner Trump avec cette stratégie « Boris et Natacha » accusant Trump de collaborer avec les Ruskoffs maléfiques, allant même jusqu’à exhumer brièvement l’ancien Président G.W. Bush de sa tombe, pour qu’il se ridiculise en demandant une enquête sur la connexion Trump-Russkoffs maléfiques.


Maintenant, les éléments voyous ont lancé une contre-attaque, Vault 7. Voici un exemple de la rapidité avec laquelle la CIA a été absorbée par le corps politique :




Je vous recommande vivement de lire le résumé de Wikileak de Vault 7 : Vault 7 : Les outils de piratage de la CIA dévoilés.


Nous savons maintenant que la CIA a maintenu un programme spécial (UMBRAGE) pour imiter les hackers basés en Russie et créer de fausses pistes pour accréditer celle, fictive, des « pirates russes ». Un certain nombre d’analystes très expérimentés qui ont passé en revue les soi-disant « hacks russes » avaient suggéré que les « preuves » sentaient la fausse piste ─ pas seulement les miettes de pain, mais des miettes de pain lourdement étiquetées « ce sont des logiciels malveillants russes ».


Le dépouillement des éléments de Vault 7 n’est pas encore achevé, mais il ne me surprendrait pas que l’ancien président Obama et son équipe finissent par en devenir les victimes politiques. Des observateurs non partisans notent que tout ce système s’est mis en place sous le regard d’Obama, et il n’est pas passé inaperçu qu’un des dernières ordres exécutoires d’Obama a été d’enlever les derniers morceaux de surveillance de ce qui pouvait être « partagé » (ou inventé) entre les agences de sécurité.


En effet, toute la direction du Parti démocrate semble avoir placé ses jetons sur la revendication, de plus en plus invraisemblable, que la CIA est le défenseur plus blanc que blanc de l’Amérique.


Vault 7 n’est pas seulement un théâtre politique ─ il souligne les questions fondamentales auxquelles la nation est confrontée : que reste-t-il à défendre, si les libertés civiles et la surveillance démocratiquement élue ont été réduites aux travestissements d’un village Potemkine ?


S’il n’y a pas de limites aux pouvoirs et à la surveillance de la CIA, que reste-t-il des libertés civiles et de la démocratie ? Réponse : rien.


La bataille qui fait rage au sein de l’État profond n’est pas seulement une bataille bureaucratique ─ c’est une guerre pour l’âme, l’identité et la direction de la nation. Les citoyens qui définissent les intérêts de l’Amérique comme des libertés civiles et de la démocratie devraient être profondément troublés par la renonciation de l’Establishment en faveur d’un État de sécurité nationale sans limites.


Les Américains chargés de défendre les « intérêts » de l’Amérique au niveau mondial devraient se demander si des agences comme la CIA ou la NSA, avec une puissance illimitée, sont préjudiciable au soft power ou au hard power de l’Amérique dans le monde et toxiques pour leur influence.


La réponse est évidente : une CIA avec un pouvoir illimité et le soutien d’un Establishment et de médias corrompus est plus que préjudiciable au soft power ou au hard power de l’Amérique à l’échelle mondiale ─ c’est désastreux et potentiellement mortel pour ses intérêts, sa position et son influence.


Ceux d’entre nous, en marge, ne peuvent qu’espérer que l’aile « progressiste » de l’État profond, les éléments voyous qui voient le terrible danger d’un État de sécurité nationale illimité, réussiront à saper le puissant soutien politique à ce régime totalitaire toxique.


Charles Hugh Smith


Note du Saker Francophone
Dans l'article, l'auteur parle de "rogue elements", littéralement d'"éléments voyous" comme les "rogue states' sont des "États voyous", mais là, il s'agit d'une partie légitimiste de l’État profond, qu'il situe au sein des forces armées.

Traduit par Hervé, vérifié par Julie, relu par nadine pour le Saker Francophone



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