Depuis 10 jours, nous avons eu droit à un cours accéléré sur le traitement du cancer du sein. Nous avons appris que les résultats des tests destinés à orienter ces traitements varient énormément d'un labo à l'autre, et que plusieurs de ces installations ne sont pas soumises à des contrôles de qualité externe. Franchement? Ce n'était pas nécessaire. Cette histoire-là est un problème de régie interne que le système de santé aurait dû régler de lui-même depuis longtemps. Mais comme c'est souvent le cas chez nous, il a fallu une crise médiatique pour que ça devienne une priorité.
Oubliez Terre-Neuve, c'est un cas d'incurie et de dissimulation qui n'a rien avoir avec notre problème. Parlons plutôt de l'Ontario. Chez nos voisins, tous les labos doivent participer à un programme d'évaluation de la qualité externe. Les fameux tests sur le HER-2, pour connaître la pertinence du traitement à l'Herceptin, y sont soumis depuis trois ans. Les tests sur les récepteurs hormonaux depuis cinq ans. Apparemment, ça s'est imposé naturellement, sans psychodrame.
André-Philippe Côté, Le Soleil 6 juin 2009
L'importance des contrôles externes est bien connue au Québec. À preuve, plusieurs labos adhèrent déjà à un tel programme. (On devrait les remercier, parce que leurs tests à eux n'auront pas besoin d'être refaits.) Et en mai 2008, une agence gouvernementale a recommandé d'imposer de tels contrôles aux labos qui font des tests pour le Herceptin.
Un an plus tard, ce n'était toujours pas fait. Il a fallu la crise que l'on sait pour que le ministre impose cette précaution élémentaire. À son bureau, on nous assure qu'un programme de contrôle national était déjà en préparation, et que son implantation était prévue dans tous les labos du Québec d'ici la fin de l'année.
C'est étrange, mais on a du mal à y croire. Qu'il se fasse du travail en ce sens, on n'en doute pas. Mais que le problème soit à un cheveu de se régler? Que le branle-bas de combat des derniers jours n'ait pas influencé le cours des choses? Permettez-nous d'être sceptiques. Parce que jusqu'à tout récemment, ce dossier-là n'avait pas l'air très pressant.
On peut comprendre, comme l'a dit le ministre Bolduc, qu'un programme d'assurance qualité national ne puisse pas se bâtir du jour au lendemain. Mais si on avait si bien saisi l'importance de ces contrôles, pourquoi ne les a-t-on pas fait faire ailleurs en attendant? Il n'y a pas de honte à ça. La Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard en ont même fait une solution permanente à cause de la petite taille de leur population. Ils font affaire avec un centre de Toronto... tout comme un hôpital de la région de Québec, d'ailleurs.
La nécessité de ces contrôles externes est une telle évidence qu'on a du mal à comprendre pourquoi il a fallu se farcir un tel cirque pour en arriver là. Inutile de blâmer le ministre Bolduc, le problème existait bien avant son arrivée. C'est à se demander à quoi servent tous ces fonctionnaires et tous ces spécialistes qui sont censés gérer notre système de la santé. En tout cas, ça fait beaucoup de gens qui doivent des excuses aux patientes inquiétées pour rien.
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