Nos médecins risquent de partir

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Ruiner le système public de santé...


Éric Yvan Lemay - Les médecins québécois peuvent facilement aller travailler ailleurs en anglais. L’inverse est moins vrai puisque la langue peut être une barrière pour les médecins des autres provinces.
Les médecins québécois pourront bientôt travailler en Ontario sans passer aucun examen. Une situation qui risque de causer un exode des médecins attirés par les gros salaires offerts chez nos voisins.

Selon la spécialité, les médecins ontariens font un salaire jusqu'à 50 % plus élevé que leurs homologues de la belle province.
«Les médecins vont aller où sont les meilleures conditions. Les médecins sont des travailleurs autonomes, on ne peut pas s'attendre à les gérer comme l'armée», dit le Dr Jonathan Spicer, vice-président de l'Association des médecins résidents du Québec.
La situation est déjà dramatique comme l'indiquait le Journal il y a trois semaines. Pas moins de 51 % des diplômés de McGill sont partis travailler ailleurs.
«Dans certaines régions comme en Outaouais, un médecin peut décider de rester au Québec et utiliser son stéthoscope de l'autre côté de la rivière, en Ontario», prévient le Dr Louis Godin de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
Finies les barrières
L'entente qui doit entrer en vigueur au mois d'août permettra aux médecins qui possèdent un permis de pratique au Québec de l'utiliser en Ontario et vice-versa.
Pour le Dr Yves Lamontagne, cette entente n'entraînera pas un exode massif. «Il ne faut pas dramatiser. On ne veut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul», soutient le président du Collège des médecins du Québec.
Malgré tout, il reconnaît que la rémunération supérieure en Ontario peut être un incitatif.
L'Ontario recrute
La province qui connaît aussi une importante pénurie de main-d'oeuvre ne s'en cache pas: elle veut attirer plus de médecins des autres provinces y compris le Québec.
«Cette entente est un autre exemple démontrant les efforts...afin de permettre aux médecins d'autres juridictions de venir pratiquer en Ontario», s'est réjoui le Dr Rayudu Koka, président du Collège des médecins de l'Ontario.
«Je reçois des courriels tous les mois pour une proposition de l'Ontario ou d'ailleurs» dit Jonathan Spicer.
Selon lui, il faut être plus compétitif pour garder les médecins ici. «On doit créer des conditions gagnantes», soutient-il.
Pour le Dr Godin, il est clair que la rémunération est le nerf de la guerre. «Il faut faire bien attention. La nouvelle entente est une bonne chose, mais le gouvernement devra en tenir compte et s'assurer qu'on demeure compétitifs.»
Au ministère de la Santé, on soutient que le rattrapage qui s'est amorcé l'an dernier permettra d'être plus compétitif. «C'est difficile de comparer les salaires, mais on serait pas mal compétitif», soutient la porte-parole du ministre, Marie-Ève Bédard.
Les médecins bénéficieront d'un rattrapage variant de 26,5 % à 35 % d'ici 2016. «En plus, on offre un milieu de pratique stimulant, notamment avec les groupes de médecine de famille, qui ont un attrait pour les jeunes médecins qui travaillent en équipe», souligne-t-on au ministère.
L'Ontario et le Québec regroupent à elles seules 80 % de tous les médecins qui oeuvrent au Canada.


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