Le ciment

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Le plaisir de Michel David, c'est de voir Jean-François Liée se casser le cou

À première vue, le dernier sondage CROP-La Presse, qui constate une soudaine dégringolade du PQ, a de quoi étonner. Il y a moins de deux mois, Jean-François Lisée avait été élu haut la main en persuadant les membres de son parti que l’urgente nécessité de chasser les libéraux justifiait un report du référendum. À en croire CROP, les électeurs souverainistes en sont moins convaincus : 16 % d’entre eux auraient lâché le PQ au cours du dernier mois pour rejoindre Québec solidaire ou la CAQ.

Résultat : il se retrouve au troisième rang dans les intentions de vote. Il y a tout juste une semaine, M. Lisée déclarait pourtant que le cas des libéraux était réglé. Le gouvernement Couillard avait fait la preuve de son inaptitude et il ne s’en relèverait pas, prédisait-il. Certes, la prochaine élection n’aura lieu que dans deux ans, mais il y a là signal d’alarme : avec 24 %, le PQ ferait même moins bien qu’à la désastreuse élection d’avril 2014.

Ce portrait est très différent de celui que brossait une semaine plus tôt le sondage Léger-Le Devoir, selon lequel le PQ talonnait les libéraux, cinq points devant la CAQ, qui semblait reprendre du tonus. L’actualité a beau être trépidante, un tel revirement en si peu de temps est inhabituel.

CROP semble donner raison à Martine Ouellet, qui avait mis les militants péquistes en garde contre une démobilisation, s’ils avalisaient la mise en veilleuse du référendum proposée par M. Lisée. Pauline Marois attribuait récemment la défaite de 2014 à son refus de promettre qu’il n’y aurait pas de référendum au cours du mandat, mais c’est manifestement cette promesse qui plombe maintenant les intentions de vote du PQ. Qui plus est, son nouveau chef refuse que les fonds publics soient utilisés pour faire la promotion de la souveraineté.

Certains seront peut-être tentés de tirer sur le messager en invoquant une longue proximité entre CROP et la CAQ, mais faire l’autruche est la dernière chose à faire. Les militants péquistes devraient plutôt réfléchir aux modifications qu’ils devront apporter à l’article 1 du programme lors du congrès de septembre 2017. Consacrer officiellement le report du référendum va-t-il réellement faire augmenter leurs chances de victoire ou aggraver l’hémorragie ?

Même s’il ratisse aujourd’hui moins large qu’à une époque plus glorieuse, le PQ n’en demeure pas moins une coalition dont la souveraineté est le ciment. Si le ciment s’effrite, parce que le projet commun est renvoyé aux calendes grecques, certains peuvent être tentés de rejoindre une famille politique avec laquelle ils se sentent d’autres affinités.

Depuis deux ans, le PQ a dénoncé vigoureusement les politiques d’austérité du gouvernement Couillard sans jamais remettre en question l’échéancier du retour à l’équilibre budgétaire qui les rendait nécessaires. Ceux que cette forme d’opportunisme rendait mal à l’aise se reconnaissaient sans doute davantage dans le discours de QS.

En revanche, ceux qui sont préoccupés par les questions identitaires, dont M. Lisée a récemment annoncé la relégation au second plan, ont dû applaudir la nouvelle détermination de la CAQ en matière de laïcité, de langue et d’immigration. Soit, François Legault se dit maintenant fier de faire partie du Canada, mais cela importe peut-être moins à partir du moment où le PQ est lui-même moins empressé d’en sortir.

Le chef caquiste avait déjà bien accueilli le dernier sondage de Léger, mais celui de CROP a dû le plonger dans le ravissement. Maintenant bon premier chez les francophones, son parti peut légitimement se présenter comme celui qui peut remplacer le gouvernement Couillard.
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