Le canari dans la mine*

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«Les dés sont pipés»

L’automne politique s’annonce houleux. Sous prétexte d’un retour rapide à l’équilibre budgétaire, la redéfinition majeure du rôle de l’État que concoctera le gouvernement Couillard au cours des prochains mois ne passera pas comme une lettre à la poste.

Un indice de taille est la mobilisation flamboyante des syndicats contre le projet de loi 3. Pas question pour les employés et les municipalités, lancent-ils, d’éponger à parts égales les déficits passés, présents et à venir de leurs régimes de retraite.

Pour traverser la tempête plus large qu’annonce sa redéfinition de l’État, le Parti libéral mise sur le temps que lui donne sa victoire majoritaire. Mais aussi, sur l’appui de la mythique «majorité silencieuse». Ce concept vaseux dont se réclamaient Jean Charest contre les étudiants et Pauline Marois pour vendre sa charte des valeurs.

Il compte tirer profit de la réputation d’«enfants gâtés» des syndicats face aux Québécois non syndiqués. Les images en boucle de policiers déguisés en Patch Adams ne vont pas sans l’aider.

Un pari risqué

Compter sur la «majorité silencieuse» est un pari toutefois risqué.

Malgré qu’elle soit amplement conditionnée au sacro-saint déficit-zéro, l’opinion publique risque de déchanter à mesure que le détail des compressions à venir sera connu.

Aucun cœur ne saignera pour quelques cadres non renouvelés au sein d’une bureaucratie tentaculaire. Ce sera une autre histoire quand les services directs à la population seront touchés plus durement encore qu’ils ne le sont.

D’autant plus que plusieurs services publics sont déjà affaiblis par vingt ans de promesses vides de prospérité en échange de «sacrifices» imposés essentiellement à la classe moyenne et aux gens à faibles revenus.

Les dés sont pipés

Pour convaincre la «majorité silencieuse», le gouvernement se servira de deux commissions. Une sur la fiscalité. L’autre, permanente et déterminante, révisera tous les programmes pour dénicher 3,2 milliards de dollars d’«économies».

Elle sera présidée par une ex-ministre libérale docile et généreusement rémunérée par les contribuables. Un de ses membres «experts» est un farouche partisan d’un État minimaliste. Le ministre responsable est le président du Conseil du Trésor réputé pour le même penchant idéologique.

Bref, jusqu’à preuve du contraire, les dés sont pipés.

En fait, bien avant la mobilisation contre le projet de loi 3, une sortie étonnante laissait déjà présager de sérieuses bourrasques politiques à venir.

Dès juin, en entrevue au Devoir, la nouvelle ministre de la Culture, Hélène David, invitait le milieu culturel à se «battre» contre la réduction de 20 % des crédits d’impôts imposée par son propre gouvernement.

Bien involontairement, sa sortie faisait d’elle le canari dans la mine. Elle annonçait déjà les luttes politiques et sociales que provoquerait cette mystérieuse «redéfinition» du rôle de l’État.

Et ce, peut-être même, jusque dans le conseil des ministres…

***

Une pause estivale

Sur ce, vous me permettrez de prendre une pause estivale. De retour, en grande forme, pour septembre.

Un grand merci pour votre fidélité et bienvenue aux nouveaux lecteurs et lectrices qui ne cessent de nous rejoindre.

Je vous souhaite un très beau mois d’août.


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