Crise financière

Le Canada sera touché

Crise du capitalisme mondial



La crise économique et financière qui a frappé les États-Unis et l'Europe est sur le point de rattraper le Canada, et surtout le Québec. En baisse de 0,8 % au deuxième trimestre terminé à la fin juin, le Québec a fait pire que l'ensemble canadien à -0,4 %. Voilà qui présage des jours sombres pour les prochains mois alors que les économies américaine, européenne et même asiatique présentent des signes évidents de ralentissement.
Le dilemme est kafkaïen: coincés entre l'obligation de réduire leurs déficits budgétaires et la nécessité de stimuler la croissance, les États-Unis et les pays de la zone euro ne savent plus où donner de la tête.
Réunis depuis jeudi à Washington en marge de l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, les ministres du G20 se sont engagés à soutenir leur système financier respectif, mais les sorties publiques des uns et des autres trahissent des divergences peu rassurantes.
Ainsi, on a pu entendre le ministre des Finances du Brésil accuser l'Europe, «épicentre de la crise», de «traîner à trouver des solutions». Le Canada et le Royaume-Uni ont aussi montré l'UE du doigt parce qu'elle ne s'attaquerait pas résolument au problème de la dette qui risque d'emporter ses banques avant de s'étendre au système financier mondial.
Mais celle qui a le mieux résumé la situation, c'est la nouvelle patronne du FMI, l'ex-ministre des Finances de la France, Christine Lagarde, en disant qu'il faut des mesures de moyen et de long terme pour réduire l'endettement des pays, mais aussi des mesures de court terme pour stimuler la croissance.
Le problème, c'est qu'il est impossible pour des nations comme la Grèce, le Portugal, l'Italie ou même le Royaume-Uni de faire les deux à la fois. En fait, seuls certains pays comme l'Allemagne et les États-Unis sont en mesure de suivre ce conseil.
Or, dans un cas comme dans l'autre, les tensions politiques empêchent de poser les gestes nécessaires. Aux États-Unis notamment, on connaît l'ampleur de la crise politique qui oppose républicains et démocrates en cette année électorale. Ce qui amène le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, à se demander si le système politique américain est «à la hauteur des défis» auxquels son pays est confronté. Certainement pas d'ici les élections de novembre 2012, peut-on répondre sans hésiter!
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Au Canada, les plus récentes données publiées par Statistique Canada indiquent qu'après avoir résisté à la tempête de 2008-2009, l'économie s'essouffle dangereusement depuis le printemps dernier. Et le phénomène est encore plus vrai au Québec, qui dépend beaucoup de l'activité manufacturière et des exportations.
En plus de la stabilité relative de son système financier, les facteurs qui avaient permis au Canada de traverser la crise sans trop de dommages il y a trois ans, ce sont les milliards de dépenses en infrastructures et la forte demande pour les ressources de la part des pays émergents. On se rappellera qu'après une courte pause, les prix du pétrole, de l'or, mais aussi du fer, du zinc et du cuivre s'étaient rapidement redressés.
Or, il semble que ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Au cours des dernières semaines, on a constaté une chute marquée de la demande et du prix des ressources causée par le ralentissement mondial, y compris en Chine, région dont la croissance stimulée par les généreux plans gouvernementaux avait contribué à la bonne santé des pays fournisseurs comme l'Australie et le Canada. Aujourd'hui, le gouvernement chinois étant davantage préoccupé par le risque d'une explosion des prix et de la bulle immobilière que par la crise européenne, le voilà prêt à accepter une croissance plus faible qui ne manquera pas d'affecter la demande mondiale pour les ressources.
Dans un tel contexte, si les régions développées entrent en récession, le Canada et le Québec ont de fortes chances d'être frappés plus durement que la dernière fois.
C'est pourquoi on ne peut pas accepter que nos ministres des Finances, surtout à Ottawa, se contentent d'exiger des autres qu'ils mettent de l'ordre dans leurs affaires. Car s'il est exact d'affirmer que la crise de la dette européenne représente une menace pour l'économie canadienne, il est encore plus vrai que c'est à Ottawa, et non à Athènes ou à Paris, que revient la responsabilité de contrer les effets d'une telle crise sur les Canadiens.


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