Comme plusieurs, j’ai laissé la poussière retomber avant de revenir au papier. On a passé par toute la gamme des émotions et leurs effets : tristesse, déception, colère, écœurement, remise en question, etc. L’important est de rester lucide, de tenter de comprendre la « catastrophe naturelle », cette vague orange qui a balayé le Québec.
Plusieurs hypothèses sont déjà couchées sur papiers, des dizaines de blogueurs, de journalistes, d’analystes et d’amateurs se sont déjà prononcés. Même Joseph Facal a pris position, mais sans se compromettre… Je vois déjà l’équipe Legault réviser leur stratégie, et les stratèges de M. Charest tantôt rire orange, mais tantôt rire jaune ! M. Khadir se dit content de l’orientation « orange » des québecois, et Mme Marois voit un Québec plus distinct que jamais du Canada…
Le vote : Les chiffres
M. Duceppe avait demandé un vote stratégique, un vote pour « bloquer » le PCC de Stephen Harper. Les gens l’ont écouté, ils ont quasi rayé du Québec le PCC, le PLC, et du même coup le parti même qu’ils écoutaient, qui les guidaient : Le Bloc Québecois.
Ce tsunami orange a fait élire au Québec 58 députés néo-démocrates [42,9% des votes], 7 libéraux [14,2 %], 6 conservateurs [16,5], et 4 bloquistes [23,4%]. Au Canada entier on obtient : 167 députés PCC, 102 NPD, 34 PLC et toujours 4 BQ. Donc un gouvernement Harper bien majoritaire (1 ou 2 recomptages). Deux chefs battus dans leurs comtés, Gilles Duceppe et Mickael Ignatieff, tous deux démissionnent aussitôt.
Félicitations à tous ceux et celles qui on su tenir la barre jusqu’à la fin, ne quittant jamais le navire, voyant cette immense vague devant eux, bravo..!
Analyse : Quoi penser
Maintes analyses et hypothèses nous pouvons tirer de ce 2 mai orangé. De façon simpliste :
-# 1-Le Canada est maintenant assez grand et n’a plus besoin du Québec pour se donner un gouvernement majoritaire;
-# 2- Le Québec est assez indépendant et mature pour se distinguer clairement du Canada;
-# 3- Un Québec orange et un Canada bleu : Une carte avec deux pays;
-# 4- Un Québec à gauche et un Canada à droite : Un pays avec deux idéologies;
-# 5- Le Québec, territoire à grande majorité francophone et le Canada (ROC) territoire à grande majorité anglophone : Un pays avec deux langues, deux cultures et deux peuples très distincts;
-# 6- 71 députés fédéralistes élus au Québec par une bonne proportion de souverainistes;
-# 7- ET le Bloc qui reçoit plus de votes que le PCC et le PLC, mais avec comme résultat 4 députés élus sur les 47 en place avant le 2 mai;
Que doit-on penser? Dans les faits on assiste à une distinction claire et nette, plus visible que jamais, entre le Québec et le Canada. On ne parle pas juste de culture, de langue, d’origine, mais d’orientation et d’idéologies politiques diamétralement opposées. On n’avait jamais assisté aussi drastiquement à cette scission. Un Québec à gauche faisant frontière à un Canada à droite, et inversement géographiquement parlant..!
Il est aussi probant qu’on ait assisté à un vote de contestation, semblable à ce qu’on a vécu au Québec avec l’ADQ de Mario Dumont en 2007. Ces « jackistes » comme plusieurs les appellent déjà, sont en partie des inconnu(e)s, des candidats absents, des fantômes, des poteaux comme disent plusieurs… Un vote de protestation, un vote émotionnel, un vote de changement... peu importe, le résultat est là : Un Québec jackiste dans l’opposition face à un Canada harperien majoritaire. Ce vote NPD massif représente-t-il un « last-call Canada » face au Québec..? Nous risquons une scission grandissante entre le Canada et le Québec.
D’autres parlent de votes populistes, de « suiveux » de vague, d’immaturité électoral, ou encore de l’influence de la « boussole électorale » de RC..!
Divers opinions : Meilleurs réflexions
Pauline Marois : Les forces souverainistes auront plus de pouvoir sur le terrain, nous serons encore plus fort dans 2 ans.
Benoit Bouchard : Le PCC n’est plus le parti progressiste de mon temps, mais beaucoup plus à droite… L’indépendance ne se vivra pas à Ottawa, mais à Québec.
Bernard Landry : Les Québecois ont sorti le PLC et le PCC du Québec et se livre au NPD : Désespoir de cause, une dernière voie épuisée. Solution si échec : la souveraineté !
Claude Larose : Mon ami regarde la carte électorale et me dit : « Mais ce sont deux pays »..! Québec/Canada : distinction claire.
Et plusieurs journalistes et blogueurs abondent en ce sens. Certains disent que le Québec vit une crise d’adolescence (M.-A. Pharand); D’autres comparent le duo Layton/Mulcair à la Trudeaumanie « un non c’est un oui » (Laurent Desbois); Un Québec indépendant risque de devenir une solution de plus en plus intéressante dans les 4 prochaines années... (Claude Boucher); Le NPD pris entre l’arbre et le ROC (Josée Legault); En somme, le Québec est victime d’une double contrainte. Il doit participer au jeu fédéral, car sinon, il aurait l’impression de n’avoir rien fait pour améliorer son sort. (L’Engagé); Il ne faut jamais oublier que c’est ceux qui sont au pouvoir qui sont finalement les moins libres de tous. D'un point de vue de simple citoyen c'est finalement très enthousiasmant. (H Lebel); Je pourrais en citer des dizaines en ce sens… et tous les propos tournent autour d’un même dénominateur commun : Jack est mal pris, et malgré lui, il risque de nous donner les conditions gagnantes.
Le Bloc était pour plusieurs comme une assurance, -- bonne ou mauvaise – mais maintenant on doit vivre sans cette assurance. Nous assurerons-nous à Québec..? Le Bloc n’a plus que 4 députés à Ottawa, mais certes, ses forces et toute son organisation pourront travailler sur le terrain, on double ainsi les militants, on canalise et distribue mieux nos énergies, bref, les astres semblent s’alignés ! Sur les divers réseaux sociaux, ou je suis très présent, je constate déjà une effervescence du mouvement souverainiste.
Avenir : Prévenir
Le bloc est-il mort..? Sous sa forme actuelle, difficile à dire – réflexion à faire car près de 25% de l’électorat -- mais il ne faut pas répéter les erreurs du passé. Il faut bâtir autour de la réalité. Les québecois se cherchent et ne se sont pas trouvés encore. Il faut voir cela de bon augure. La balle est actuellement dans le camp fédéraliste, ils ont une preuve à faire, pour ne pas dire un miracle. Thomas Mulcair avouait déjà au Devoir hier qu'il ne pourra rien contre les projets Harper.( http://bit.ly/irGlub ) Ça promet..! Notre cher Jack tenait quant à lui déjà deux langages différents sur un même sujet adressé au Québec puis au Canada anglais (Voir; J. Legault http://bit.ly/kyaQW0 )
Les partis fédéralistes ont tous des comptes à rendre au Canada anglais, la majeure partie de l’électorat convoité est là... ils n’ont pas le choix. Donc, encore une fois de trop, le Québec sera négligé. Le gouvernement n’est pas encore formé et l’opposition officielle prépare déjà le Québec à ce statu quo. Imaginez dans 4 ans..! Le NPD veut convoiter l’Ontario car il vise la gouvernance, et Harper, bien assis sur sa majorité, fera très peu de chose pour ce Québec qui l’a rejeté…
Donc, comme j’ai mentionné plus haut, il faut construire autour de la réalité, il faut impliquer les jeunes. Remarquez que l’électorat du Québec a évolué. Un bon pourcentage de jeunes se sont impliqués et ont voté, et ces jeunes on besoin de changements, de rêves, de quelque chose à eux et venant d’eux. Il faudrait aussi « éduquer » et intéresser monsieur et madame tout le monde à la politique, leur expliquer simplement les vrais enjeux de ce projet de pays. Aussi, faire disparaitre cette morosité, cette image que tous les politiciens sont pareils, carriéristes, et sans conviction. Redorer la politique québecoise, la rendre plus émotionnelle, comme l’aime l’électorat.
Il y a beaucoup à faire, mais le terrain est fertile, et le sera davantage dans quelques années. Les jeunes réaliseront à leur tour que le fédéralisme canadien ne fonctionne pas. Et certains, de ma génération, se le feront rappeler une énième fois en pleine face. L’unité canadienne est une chose impossible dans ce pays tellement opposé. Même si de plus en plus de jeunes et moins jeunes ont tendance à penser à leur portefeuille avant tout, ils se heurteront à cette même réalité : Le Canada tel qu’il est ne peut fonctionner, ni répondre à leurs besoins. Il nous faut alors oser, innover, parler de nos richesses naturelles, de notre potentiel économique, parler d’environnement, d’énergie propre, et donner une grande place aux jeunes.
Il faut vendre l’idée du nouveau aux jeunes, leur offrir un rêve, leur faire comprendre qu’ils peuvent se payer un pays prospère et à leur image..!
Michel Dion
Voir l'article complet avec liens intéressants sur http://malys.ca
http://twitter.com/iiibooo
http://jemesouviens.info
Le Canada : Deux idéologies - Deux langues - Deux Peuples - Deux pays
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
5 mai 2011J'ai reçu un courriel de mon amie Normande, un commentaire qui démontre le déchirement et l'ampleur de la blessure de certains québecois. Cette brisure sera longue à cicatriser pour certains. Voilà cette expression que je vous partage:
« Cher Michel,
Un texte de sage alors que moi je suis encore remontée.
Je me moque bien de monsieur Layton et de m. Mulcair
son bras droit. Je leur ai envoyé mon CV postulant pour
remplacer la Brosseau de Berthier-Maskinongé
Comme j'aimerais m'infiltrer;gagner la bataille de Troie.
Je suis encore enragée donc pas capable d'user de
discernement. Je suis choquée contre les québécois
eux-mêmes qui s'infligent de profondes blessures.
J'ai peur de ce que ce gouvernement va gaspiller
de nos richesses naturelles et polluer notre environnement
jusqu'à ce qu'on ressemble tous à des zombies cancéreux.
Nos richesses naturelles sont renouvelables jusqu'à
quel point de non retour?
Je vois ''mon Québec'' blessé, déchiré,bouleversé
... agoniser son flanc gauche reposant sur
les berges du fleuve et les renégats pleurent
des larmes de sang et imbibent notre terre de sueurs froides
... la bande de cave!
Il vaut mieux que je calme l'orage qui gronde dans mes tripes
afin de faire germer le positif.
Ton texte est comme un baume, mon ami! Ta dernière phrase
un espoir. Merci pour cette belle leçon d'analyse;très
juste!
»
Norma; Drummond