Le gouvernement canadien s’est dit «déçu» dimanche de la décision du Royaume-Uni de retirer la nationalité britannique de Jack Letts, un jeune de 24 ans surnommé «Jihadi Jack» qui avait rejoint l’État islamique en Syrie en 2014.
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Jack Letts avait la double nationalité britanno-canadienne.
«Le Canada est déçu que le Royaume-Uni ait pris cette mesure unilatérale pour se décharger de ses responsabilités», a indiqué dimanche un porte-parole du ministère canadien de la Sécurité publique dans un communiqué.
Ottawa n’a pas fourni plus de détails sur Jack Letts, précisant ne pas pouvoir «commenter des cas spécifiques ou des questions opérationnelles de sécurité nationale».
«Bien que nous soyons déçus par leur décision, nous ne menons pas une diplomatie de représailles», a souligné le porte-parole, en réponse à une «fausse» réaction d’Ottawa rapportée par des médias britanniques.
Alors que le Premier ministre canadien Justin Trudeau doit rencontrer son homologue britannique Boris Johnson au sommet du G7 en France le week-end prochain, les deux pays continuent «de collaborer étroitement sur un certain nombre de questions, notamment la situation à Hong Kong», a-t-il indiqué.
«Le gouvernement est conscient que des citoyens canadiens sont actuellement détenus en Syrie. Il n’y a aucune obligation légale de faciliter leur retour», ajoute le communiqué.
Jack Letts, converti à l’islam, a quitté en mai 2014 son domicile familial dans le comté d’Oxfordshire (centre de l’Angleterre). De Jordanie, il s’est rendu au Koweït et s’est marié en Irak avant d’aller en Syrie.
Il a été capturé en mai 2017 par des forces kurdes alors qu’il essayait de fuir vers la Turquie et est depuis détenu dans le nord de la Syrie.
Dans une interview à ITV en février, Jack Letts avait dit vouloir rentrer au Royaume-Uni.
«Je ne vais pas dire que je suis innocent. Je ne suis pas innocent. Je mérite ce qui m’arrive. Mais je veux juste que ce soit... approprié... pas une punition “freestyle” en Syrie», avait-il déclaré.
Le gouvernement de Londres «fuit ses responsabilités et repasse le bébé aux Canadiens», a critiqué dimanche le père de Jack Letts, John Letts, à la chaîne britannique Channel 4 News.
«Je croyais que les citoyens britanniques avaient certains droits, qu’ils étaient présumés innocents, qu’ils avaient droit à un procès, à la liberté de parole», a-t-il regretté.
«C’est un vrai choc que notre gouvernement puisse vous faire ça sans aucun recours ou discussion», a complété sa mère, Sally Lane, soulignant que son fils n’a «pas accès à un avocat».
«Le gouvernement canadien nous a dit qu’il ne ménagerait aucun effort pour le ramener à la maison», a-t-elle ajouté.
John Letts et Sally Lane, reconnus coupables en juin de financement du terrorisme pour lui avoir envoyé de l’argent en Syrie, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis.
«Jihadi Jack» est le dernier cas connu de déchéance de nationalité britannique en lien avec des départs pour rejoindre l’État islamique.