Le Canada dans un projet de bouclier antimissile

Politique étrangère et Militarisation du Canada

La Presse

Politique, mercredi, 13 décembre 2006

par Duchesne, André
Par la porte de côté, le Canada a récemment adhéré à un projet de bouclier antimissile.
Piloté par l'OTAN, ce projet a pour but d'assurer une protection à des troupes militaires déployées au sol contre les attaques de missiles balistiques. Il ne s'agit donc pas d'un vaste système destiné à défendre le territoire nord-américain comme celui auquel le gouvernement Martin avait refusé de s'associer en février 2005. Sur le plan technique toutefois, le principe est très semblable.
" Avec ce bouclier, nous allons protéger les troupes déployées sous l'égide de l'OTAN ", dit David Kiefer, directeur adjoint de ce programme. Rencontré le mois dernier à Riga (Lettonie) en marge du sommet de l'OTAN, M. Kiefer ajoute que les troupes canadiennes bénéficieront de cette protection lorsqu'elles participeront à une mission commandée par cette organisation militaire.
Le Canada est l'un des 12 pays fondateurs de l'OTAN. Créée pour faire face au bloc soviétique, l'alliance euro-atlantique est désormais plongée dans d'autres activités militaires. À l'heure actuelle, son principal mandat est le commandement de la Force internationale en Afghanistan.
Plusieurs pays membres de l'OTAN possèdent déjà des systèmes de défense antimissile dont l'élément principal est le missile Patriot, de fabrication américaine. Déjà, durant la première guerre du Golfe, en 1991, une telle défense avait été mise sur pied pour contrer les attaques de missiles Scud irakiens.
Ces systèmes ne sont pas tous identiques. Certains sont terrestres; d'autres sont maritimes. De plus, il existe trois types de systèmes terre-air. Chacun est calibré pour intercepter et détruire des missiles balistiques à des étapes différentes de leur course et peu importe le type de leur charge.
C'est pour cette raison que le projet porte le titre alambiqué de Capacité de défense active multicouches contre les missiles balistiques de théâtre.
Le Canada ne possède aucun de ces systèmes. " C'est la beauté d'une alliance, dit M. Kiefer. Tous les pays n'ont pas besoin de posséder les mêmes armements de défense. Sous l'OTAN, nous les mettons en commun. "
Un premier contrat pour la conception du système a été signé le 28 novembre à Riga entre l'OTAN et un consortium formé de compagnies provenant des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, des Pays-Bas et de l'Allemagne. Il porte sur la conception et les essais du système. D'autres contrats suivront.
Le coût de cette première tranche, autour de 75 millions d'euros, est payé par un fonds commun de l'OTAN, donc par les 26 pays membres, dont le Canada. L'OTAN, qui en coordonnera l'usage, souhaite qu'il soit opérationnel en 2010.
En février 2005, le gouvernement Martin avait annoncé son intention de ne pas adhérer au projet de bouclier antimissile mis de l'avant par le président américain, George W. Bush. L'opinion publique était fortement en défaveur du projet, qui consistait à protéger le territoire nord-américain contre des missiles balistiques, quelle que soit leur provenance. La décision avait été prise quelques jours avant un congrès des libéraux, eux-mêmes divisés sur la question.
Le programme américain, évalué à plusieurs milliards de dollars, en est encore à ses débuts. Seuls quelques missiles antimissiles sont pour l'instant déployés en Californie et en Alaska. De plus, les nombreux essais réalisés à ce jour n'ont pas toujours été concluants.
Dans un rapport publié en octobre dernier, le comité sénatorial de la Défense de la Chambre des communes avait recommandé au gouvernement Harper d'adhérer au programme.


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