Sondage: 20 ans après Meech

Le Canada anglais estime que c'est à lui de trancher sur la question référendaire

MEECH - 20 ans plus tard...

Alec Castonguay - Dix ans après l'adoption à Ottawa de la Loi sur la clarté référendaire de Stéphane Dion, cette loi a fait du chemin dans la tête des Canadiens hors Québec, au point où le reste du pays estime maintenant que c'est à lui de choisir l'éventuelle question d'un référendum sur la souveraineté du Québec. Les Canadiens anglais affirment également que c'est à eux de décider ce qu'est une majorité claire.
C'est ce que révèle un sondage mené par la firme Repère communication recherche auprès de 1001 personnes au Québec et 1007 personnes dans le reste du Canada. Le coup de sonde tente de cerner les perceptions de chacun sur la place de la province francophone dans le pays.
Il a été fait dans le cadre du colloque des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO), lesquels discutent à Montréal aujourd'hui sur le thème «20 ans après Meech, quel est l'avenir du Québec dans le Canada?». Hier, Le Devoir a révélé les premiers volets de cet imposant sondage de 28 questions identiques.
Selon Pierre Drouilly, sociologue électoral à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) qui a analysé les résultats du sondage, il s'en dégage une impression que le Canada anglais «a intériorisé le plan B et la Loi sur la clarté de Stéphane Dion». «Les réponses sont tranchées. Le reste du pays pense que c'est à lui de fixer les modalités d'un référendum au Québec», dit-il.
Le droit de se séparer?
Une majorité de Canadiens anglais (70 %) pensent même que le Québec n'a pas le droit de se séparer. Une opinion qui va à l'encontre du Renvoi relatif à la sécession du Québec de la Cour suprême (1998), fait remarquer Pierre Drouilly. «La Cour suprême a dit que le Québec a le droit de se séparer selon certaines conditions», précise-t-il.
À la question «Qui, du Québec ou du Canada, devrait avoir le droit de formuler la question référendaire?», pas moins de 87 % des Canadiens anglais répondent «le Canada», alors que 72 % des Québécois répondent «le Québec».
À la question «Qui, du Québec ou du Canada, devrait avoir le droit de fixer la majorité requise dans un référendum sur la souveraineté?», 89 % des Canadiens anglais pensent que c'est «le Canada», alors que 65 % des Québécois pensent que c'est «le Québec».
Est-ce qu'une majorité de 50 % des voix plus une est suffisante pour réaliser la souveraineté du Québec? À cette question, le reste du pays répond non à 75 %. Par contre, les Québécois sont divisés, puisque 53 % estiment que c'est «suffisant» alors que 47 % jugent que c'est «insuffisant».
Dans un autre domaine, le sondage a demandé aux répondants si le Québec devrait «disposer de plus de pouvoirs pour protéger sa langue et sa culture». Au Québec, 82 % des répondants ont dit oui, alors que, dans le reste du pays, 69 % disent que le Québec ne devrait pas avoir plus de pouvoirs en ce domaine.
Le sondage a été commandé par le Bloc québécois et les IPSO. La marge d'erreur des deux sondages téléphoniques, au Canada et au Québec, est de 3 %, 19 fois sur 20. Ils ont été réalisés entre le 18 mars et le 6 avril 2010.
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