À Ottawa, les Canadiens français représentent une minorité ethnique en voie de disparition, alors que le Bloc québécois témoigne d’une nation organisée et encore majoritaire sur un territoire bien délimité dans l’Est de l’Amérique. Ce n’est pas du tout la même chose. Nos amis Canadiens anglais le comprennent fort bien mais se gardent bien entendu de le dire tout haut.
Un Québécois, c’est quelqu’un qui a fini par comprendre qu’aujourd’hui, c’est seulement à l’intérieur des limites du territoire du Québec qu’il demeure encore vraiment le maître quelque part sur le continent. Au contraire, les Canadiens français, qui n’ont pas encore vraiment accusé le coup de la disparition de l’immense Nouvelle-France ainsi que la perte sans retour de l’Empire français d’Amérique, réclament en vain des droits ou des privilèges au-delà du territoire actuel du Québec et se couvrent ainsi de ridicule. Ils n’ont pas encore compris qu’en dehors du territoire du Québec, toute puissance française digne de ce nom est aujourd’hui disparue du continent nord-américain.
Pour quelle raison? En Amérique, la démocratie règne. Il s’ensuit que le nombre constitue la puissance fondamentale : la majorité mène et les minorités se soumettent. Il est donc normal que Canadiens français et Québécois envisagent différemment le rôle du Québec à Ottawa et que les Québécois remplacent graduellement les Canadiens français au Parlement fédéral.