Le bilinguisme institutionnel menace le français au Québec

Le français — la dynamique du déclin

René-Charles Quirion - Ce texte ne vise pas le bilinguisme individuel ou même l'unilinguisme individuel, qu'il soit anglais, français ou autre. Chacun a ses raisons, ses intérêts, ses capacités, ses obligations et ses motivations face à l'apprentissage des autres langues. Je dis bravo aux personnes bilingues et multilingues. L'augmentation de la capacité à communiquer et à avoir accès à diverses informations en plusieurs langues est souhaitable.
Par contre, dans une société qui s'est définie comme de langue officielle française, le bilinguisme institutionnel réduit la place du français. Il rend inutile l'apprentissage du français pour les citoyens du Québec et pour les nouveaux venus puisqu'ils sont capables de vivre au Québec en anglais seulement.
Le bilinguisme institutionnel constitue une menace claire contre le français et cette menace est particulièrement aiguë dans la région de Montréal. Plusieurs exemples de bilinguisme institutionnel sont frappants et même étonnants: l'envoi des informations bilingues pour la dernière élection à la ville de Montréal; les indications pour la vaccination A (H1N1) à Montréal (deux pamphlets de facture identique dans le même envoi ? l'un en français et l'autre en anglais); le fameux bilinguisme des institutions fédérales qui affiche à l'entrée du pont Jacques-Cartier des panneaux alternativement en anglais et en français.
Force est de constater que le gouvernement fédéral ne respecte pas la prépondérance du français au Québec en raison, sans doute, de son engagement bilingue (et probablement utopique) d'un bout à l'autre du pays. De multiples autres exemples, qui sont surtout liés au commerce de détail, pourraient être soulignés; le fameux «hi»-bonjour si répandu dans les commerces du centre-ville sous prétexte que c'est nécessaire pour les nombreux touristes. Faux argument! Allez voir si c'est le cas dans les grandes villes touristiques du monde. Plusieurs commerçants qui, pour plaire à une partie de la clientèle, rendent tous les contenus (circulaires, annonces) bilingues et même leur affichage interne principalement en anglais.
Par contre, un très bel exemple d'usage public et institutionnel du français est la STM qui donne tous les messages vocaux et visuels en français uniquement, dans le métro et les autobus de Montréal. Ça fonctionne et il faudrait vérifier s'il y a beaucoup d'inconvénients et de plaintes à ce sujet par les usagers. Tout ce bilinguisme institutionnel est un gaspillage de temps et d'argent pour un impact minime sur une population dont la langue officielle est le français.
Quelles sont les raisons premières de ce bilinguisme institutionnel? On veut respecter le citoyen non francophone? En quoi n'est-il pas respecté quand on s'adresse à lui ou à elle en français dans une société francophone? Pour s'assurer que les messages sont bien compris? C'est dénigrant pour la capacité intellectuelle des non-francophones que de penser que le message en français uniquement ne serait pas compris. Qui demande ce bilinguisme et au nom de qui? Il est difficile de trouver des raisons valables. La seule raison semble être la peur de nos politiciens, accompagnés des fonctionnaires, d'affirmer fermement le caractère français du Québec.
Il est du ressort du gouvernement du Québec et des autres paliers de gouvernement de donner l'exemple et d'assurer que les communications avec la population du Québec se fassent en français. Les indications aux municipalités devraient être claires à ce sujet et de même nature. Pour les commerces, il faudrait bien que la prépondérance du français soit maintenue et même accentuée. Le statut d'institutions et de municipalités bilingues est à revoir. Le Québec n'est pas une province bilingue. Le français doit être nécessaire pour vivre et travailler au Québec. Il faut que tous les citoyens qui vivent au Québec maîtrisent le français (écrit et parlé)! Si ce n'est pas le cas, trouver des mesures d'appui pour que cela devienne une réalité dans un avenir raisonnable de cinq ans.
Il faut agir pour assurer un avenir et arrêter le déclin de l'usage du français. C'est un choix clair pour la société québécoise. Pour une question si fondamentale, il ne faut surtout pas invoquer que le bilinguisme institutionnel est un «accommodement raisonnable» et que le Québec serait intolérant autrement.


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