Îles de la Madeleine

Le BAPE va évaluer la filière des hydrocarbures

Québec lance une étude pour évaluer les impacts de l’exploration et de l’exploitation du pétrole et du gaz

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Il était temps !


Le gouvernement Marois annoncera aujourd’hui qu’il confie au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement le mandat d’étudier les impacts possibles de l’exploration et de l’exploitation de pétrole et de gaz aux îles de la Madeleine, a appris Le Devoir. Une situation qui exaspère Gastem, l’unique entreprise qui détient des permis de recherche d’hydrocarbures sur ce territoire situé en plein coeur du golfe du Saint-Laurent.
Le ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, doit se rendre aux îles de la Madeleine aujourd’hui pour cette annonce, prévue ce vendredi à 15 h. La députée péquiste des Îles, Jeannine Richard, y sera également. Québec doit donc annoncer le lancement d’une étude qui permettra surtout au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) d’évaluer les impacts de l’exploration et de l’exploitation gazière sur les nappes phréatiques dont dépendent les habitants de cet archipel.
L’entreprise Gastem, présidée par l’ancien ministre libéral Raymond Savoie, est l’unique entreprise qui possède un permis d’exploration pétrolière et gazière. Celui-ci couvre la quasi-totalité du secteur. Ce permis, acquis en 2008, lui coûte 1752 $ par année, à raison de 10 ¢ l’hectare. Gastem souhaite explorer le potentiel gazier des Îles en forant un premier puits à Fatima, au nord-ouest de Cap-aux-Meules. M. Savoie estime que tout ce secteur pourrait renfermer de grandes quantités de gaz naturel conventionnel. Mais pour démontrer qu’il y a un potentiel commercial, il doit d’abord faire des forages.

Inquiétudes
Le hic, c’est que les projets de la gazière ont soulevé de vives inquiétudes parmi la population, inquiète des impacts sur les nappes phréatiques. Conscient des craintes, l’ancien gouvernement Charest avait signifié son intention d’étudier les effets potentiels de l’exploitation des « ressources naturelles » des Îles, mais sans jamais mentionner le mot « forage ». La convocation de presse envoyée jeudi par le gouvernement Marois ne mentionne pas non plus la question des hydrocarbures. L’attachée de presse du ministre Blanchet n’a fourni aucun détail concernant l’annonce.
Contacté par Le Devoir, le maire de la municipalité des Iles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, a salué l’idée de confier le dossier au BAPE. « C’est le meilleur moyen pour mener une discussion rigoureuse sur un dossier aussi important que celui-là, soit la préservation des nappes phréatiques en lien avec l’exploitation des hydrocarbures », a-t-il fait valoir. Selon lui, il serait aussi intéressant d’étudier les impacts visuels de l’implantation de forages gaziers sur un territoire qui dépend beaucoup de l’industrie touristique.
Divers intervenants des milieux économiques, des pêcheries, des citoyens et des élus, réunis autour d’une « table de concertation », ont déjà demandé au gouvernement du Québec de mener une telle étude « générique » pour les Îles. La démarche qui doit être annoncée aujourd’hui est réclamée depuis 2010, a rappelé M. Arseneau.

Prématuré
Mais le président de Gastem est visiblement furieux de voir le BAPE intervenir maintenant dans le dossier. « On ne fait pas de BAPE pour l’exploration », a répété Raymond Savoie. Il se sent aussi directement visé par la démarche. « Je suis le seul concerné », a-t-il laissé tomber. M. Savoie a précisé qu’il n’avait toujours pas envoyé de demande de permis de forage.
Il s’en prend au passage à Yves-François Blanchet. Selon lui, le ministre « prend des positions reconnues défavorables au développement des ressources naturelles. Et vous me dites que ce sera un exercice neutre et objectif ? » L’ancien ministre libéral ne croit par ailleurs pas en l’indépendance du BAPE, dénonçant au passage des nominations faites depuis l’arrivée au pouvoir des péquistes. Il n’a pas dit s’il comptait participer aux audiences du BAPE.
M. Savoie revient aussi sur la mauvaise presse dont a fait l’objet tout le dossier des énergies fossiles au Québec au cours des dernières années. « Il y a eu tellement de mauvaise publicité sur les hydrocarbures, avec la presse de Montréal, les reportages. Ça a été tellement négatif. Il y a eu tellement de désinformation. »
Le président de Gastem assure que l’entreprise a déjà consulté des experts en hydrogéologie et que ceux-ci ont confirmé qu’il n’existait « aucun risque » pour les nappes phréatiques des Îles. L’archipel, a-t-il rappelé, aurait tout intérêt à remplacer le mazout qu’il consomme actuellement pour produire de l’électricité par du gaz naturel. M. Savoie affirme aussi ne pas avoir d’intérêt dans l’exploitation éventuelle. Son rôle, a-t-il insisté, se limite à découvrir le gisement et à percevoir « des droits » en phase commerciale.


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