Depuis la révélation par le quotidien The Los Angeles Times des salaires faramineux que se versaient des élus et employés municipaux de Bell, une localité de 37 000 habitants au sud-est de Los Angeles, ouvrière et relativement pauvre, la gestion des municipalités domine l'actualité en Californie.
L'administrateur de la ville, Robert Rizzo, percevait une compensation annuelle de 787 637 dollars, son assistante, Angela Spaccia, 376 288 dollars, et le chef de la police, Randy Adams, 457 000 dollars, faisant d'eux les fonctionnaires les mieux payés de la nation, plus que le président.
Pourtant, ces responsables avaient procédé à des réductions des services municipaux. Quand les chiffres de leurs salaires de PDG ont été divulgués, les trois managers ont démissionné, mais Robert Rizzo, par exemple, a droit à une pension de retraite annuelle d'environ 600 000 dollars, ce qui ferait de l'ancien employé municipal le retraité californien le mieux nanti, à l'heure où les fonds de pension des fonctionnaires de l'Etat connaissent de graves difficultés et envisagent une réforme du système de calcul des retraites. De plus, quatre des cinq conseillers municipaux de Bell empochaient des salaires de près de 100 000 dollars par an, dont ils viennent d'annoncer la réduction "volontaire" de 90 % - et ces élus peuvent s'attendre à une réélection difficile face à la révolte civique qui s'empare de la cité ouvrière.
UNE FISCALITÉ DIGNE DE MALIBU
D'autant que Bell n'est pas une ville riche comme Beverly Hills, sa population ayant des revenus annuels moyens de seulement 40 556 dollars, alors que la moyenne du comté de Los Angeles est nettement plus élevée, à 57 152 dollars. Et les résidents de Bell viennent aussi de découvrir qu'ils payaient des impôts fonciers parmi les plus élevés du comté, environ 1,55 % de la valeur immobilière, alors que leurs voisins sont taxés à environ 1,16 %. "Ils nous volent notre argent", estime Juan Madrid, 64 ans, propriétaire de sa résidence principale depuis trente ans, et qui paie davantage d'impôts fonciers que s'il vivait à Malibu !
Le procureur du comté de Los Angeles, Steve Cooley (un républicain candidat au poste de secrétaire à la justice de Californie en novembre), ainsi que l'actuel secrétaire à la justice, Jerry Brown (démocrate, à nouveau candidat au poste de gouverneur), ont annoncé l'ouverture d'enquêtes sur les activités des responsables municipaux de Bell. Et les retraites ont été gelées en attendant les résultats des investigations, qui devraient déterminer les conditions d'attribution et la légalité de pareilles rémunérations.
Le scandale de Bell résonne tellement que les Californiens appellent leurs mairies pour s'enquérir des salaires de leurs élus, et de la gestion de leurs villes...
Claudine Mulard (Los Angeles, correspondance)
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