La vie des Assad - Politique du vice

Très risqué d'éditorialiser en se fondant sur Reuters et The Guardian, lesquels au moins ont pris le soin de signaler la problématique fiabilité des informations en question...



Le quotidien britannique The Guardian, au demeurant excellent parce que sérieux, vient de publier un scoop détonnant, énorme. En effet, ses journalistes ont obtenu des milliers de courriels échangés entre Bachar al-Assad et sa garde rapprochée, entre sa femme et ses connaissances, entre, surtout, Assad et des membres du gouvernement iranien ainsi qu'avec des représentants du Hezbollah libanais, qui confirment avec force, comme si besoin était, que ces derniers ont transmis les conseils sollicités par le premier.
En fait, concernant ce dernier aspect du dossier il est plus évident que jamais qu'Assad est, à bien des égards, sous la coupe des autorités iraniennes. Par exemple, à la veille d'un discours prononcé à l'Assemblée nationale, Assad exprime son souhait, pour rester modéré, que Téhéran lui fasse des suggestions. Aussitôt demandé, aussitôt fait: le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad a commandé l'usage d'un langage «puissant et violent», des phrases signifiant l'appréciation du soutien alloué par «les États amis», ainsi qu'un paragraphe consacré «à la capacité militaire» des États amis, propre à ce que le peuple syrien comprenne que, si défi militaire il y a, Assad y répondra avec le soutien de ses voisins.
On apprend également que Bachar a beaucoup emprunté à son père, soit Hafez al-Assad, qui pendant 30 ans dirigea le pays avec une poigne de fer. Toujours est-il que, à l'image de son aîné, Bachar a formé des cellules de fidèles qui ne communiquent pas entre elles mais bien avec lui, afin d'empêcher qu'une administration devienne trop puissante et soit donc en mesure de le renverser. Ce faisant, on constate qu'Assad et ses proches conseillers sont très isolés de la réalité, très éloignés des corps intermédiaires.
On apprend encore qu'un membre du Hezbollah a informé Assad du passage de journalistes européens en Syrie par la frontière libanaise. Et qu'il a précisé que ceux-ci étaient installés à Homs. En toute logique, on peut formuler l'hypothèse, déjà avancée par des journalistes qui ont quitté Homs, que le régime a délibérément bombardé le lieu où étaient regroupés ces reporters, avec l'espoir d'en tuer le plus grand nombre possible. Deux d'entre eux ont été effectivement assassinés, un troisième a été blessé.
On apprend enfin que lui et sa femme dépensent sans compter en produits de luxe made in France. Mieux, on s'aperçoit qu'à l'instar du couple Ben Ali, qui pendant des années a dominé la Tunisie sans partage, les Assad sont habités par un sentiment d'impunité qui dépasse l'entendement. Ils tuent sans compter, ils pillent sans compter. Comme les Ben Ali et les Kadhafi, ils ont fait de l'arbitraire, dans sa forme la plus sanglante qui soit, le mode de gouvernement. Quoi d'autre? Le grand chef a obtenu de Twitter, le réseau dit social, que les comptes ouverts par des opposants soient fermés. Tout cela a le goût du nauséabond.


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