La Vénétie a proclamé son indépendance de l’Italie le 22 mars dernier !

Une stratégie audacieuse et inspirante pour sortir de notre propre impasse

Tribune libre

Le mouvement indépendantiste de Vénétie était dans une impasse après n’avoir pu récolter un nombre de voix suffisant lors d’un référendum. Quelqu’un a eu la brillante idée d’adopter une approche originale digne de l’ère numérique. Un référendum en ligne suivi de l’engagement à proclamer l’indépendance le soir même de l’annonce des résultats! Même si ce dernier n’aurait aucune valeur légale, c.-à-d. jugé inconstitutionnel par l’Italie, le but de la démarche était de poser un jalon destiné à être suivi d’autant de jalons qu’il le faudrait pour devenir un pays.
La détermination et la modernité des responsables du site a créé un véritable buzz parmi la population concernée, qui a voté OUI à 89% dans un élan de fraternité via internet. Le 22 mars dernier, plusieurs centaines de supporters réunis au centre-ville de Trévise ont assisté à la proclamation solennelle d’indépendance. Ce premier jalon sera suivi de d’autres étapes, selon l’effet d’entraînement créé par l’initiative. Une éventuelle rétention de taxes est prévue ainsi que des démarches de reconnaissance officielle à l'international. Fait accompli d’abord : reconnaissance après!
Alors que les Québécois, les Catalans et les Écossais sont tous susceptibles de voir leurs rêves brisés sur l’écueil des démarches référendaires encadrées par des États centralisateurs, les Vénitiens ont compris que le web avait remplacé les assemblées de cuisine et les meetings politiques d’autrefois. Et surtout, que le hold-up de la démocratie par mass-médias interposés au service des classes dominantes se soldait par une absence totale de fair-play. L’ampoule a fait «tilt» !

Quoique la Vénétie possède des caractéristiques et une histoire particulières, il reste que sa démarche des derniers mois a fait frissonner bien des officines. Black-out médiatique total dans les grands médias ! Il ne fallait surtout pas donner de bonnes idées à d’autres.
http://www.siwel.info/Italie-Plus-de-deux-millions-de-venitiens-se-sont-exprimes-pour-l-independance-de-la-Venetie_a6036.html
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/italy/10698299/Venice-prepares-for-referendum-on-secession-from-Italy.html
Détournement d’élections…
Ne nous méprenons pas. L’analyse par comté des résultats de l’élection du 7 avril dernier démontre que celle-ci était bel et bien référendaire… pour les fédéralistes anglophones et allophones du Québec. Jamais un vote n’avait été aussi groupé depuis le référendum de 1995. Dans son allocution «Une Charte pour la nation» du 21 septembre 2013, la philosophe Louise Mailloux avait exposé de façon brillante qu’au-delà de l’enjeu de la laïcité, logeait celui de la Nation. La Charte osait affirmer la primauté du politique sur le juridique. O boy !

La province de Québec et son gouvernement provincial «fédéré» est doté de pouvoirs réduits et de compétences subalternes dépendant d’Ottawa, qui applique unilatéralement une politique de multiculturalisme visant à saper l’émergence d’une nation souveraine. Et à l’évidence se sert de la religion pour imposer ledit multiculturalisme. Un système voué à la destruction des conditions gagnantes.

S’ajoute à cela maints reliquats de l’Empire de la Couronne Britannique, ces parodies de régime victorien, serments d’allégeance à la Reine, ces effigies royales sur timbres et monnaie, ces gouverneur et lieutenant-général, soupers costumés au Beaver-Club, ces dépenses de fidélisation monarchique liées au Jubilé ou autres kétaineries alimentant la nostalgie du ROC pour le Dominion et ses pompes.
Et la Cour suprême, dans un jugement rendu en 1998, affirme que le Québec n’est ni colonisé ni opprimé (sic)...
Alors d’où viennent ces mentalités de colonisé récurrentes sur notre territoire?
À en juger par l’ampleur de la panique irrationnelle que la simple itération du mot «référendum» a déclenché dans l’électorat francophone, il est légitime de demander pourquoi la Résolution 1514 (XV) de l’ONU ne s’appliquerait-elle pas au Québec ?

Reconnaissant que les peuples du monde souhaitent ardemment la fin du colonialisme dans toutes ses manifestations,
Proclame solennellement la nécessité de mettre rapidement et inconditionnellement fin au colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations;
Et, à cette fin,
Déclare ce qui suit :
2. Tous les peuples ont le droit de libre détermination; en vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel.
3. Le manque de préparation dans les domaines politique, économique ou social ou dans celui de l'enseignement ne doit jamais être pris comme prétexte pour retarder l'indépendance.

Ce n’est pas l’indépendance qui retarde. C’est nous qui la retardons.
Une «twist» intéressante : la reconnaissance de la divisibilité de l’État canadien
Le droit d’une province de faire sécession de la fédération a été reconnu constitutionnellement dans le Renvoi relatif à la sécession du Québec de 1998. La Cour suprême a statué qu’à la suite d’une décision claire de la population, les principes démocratiques inhérents au pays obligent le gouvernement fédéral à négocier avec la province sécessionniste. Or, un référendum réglementaire dans notre contexte de zéro fair-play ne sera jamais gagnant au Québec.

Le Parlement canadien adopta ensuite la Loi de clarification (loi C-20) afin d’encadrer l’accession d’une province à la souveraineté. Celle Loi se trouve à valider la reconnaissance de la divisibilité de l’État. Le texte abandonne la notion d’indivisibilité étatique pour reconnaître explicitement le droit démocratique que possède une population sur un territoire défini de quitter un ordre juridique établi. Donc de sortir du pacte fédératif canadien.
Pourquoi ne pas commencer par un apéro? Et si on créait d’abord une micronation dans la province québécoise «fédérée»?
Certaines micronations ont de véritables prétentions à l'indépendance (Hutt River enclavée en Australie et Sealand au large du Royaume-Uni).
La dernière en date est la Vénétie, où le peuple a pris les choses en main. Et non pas un parti. Comme façon de contourner les forces d’inertie, on n’a guère vu mieux.
La toile de la République du Québec devra être tissée d’alliances. Une fraternité de toutes les forces vives.


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 juin 2014

    Un groupe de réflexion est actuellement en cour pour explorer cette voie.
    Vous êtes invité à le joindre pour l'indépendance du Québec via le processus de micronation.
    https://www.facebook.com/groups/684756611561955/

  • Chrystian Lauzon Répondre

    28 avril 2014

    Votre texte est remarquable, une seconde fois. Il y a là matière, non pas qu'à réflexion, mais à agir, une qualité déficiente au PQ présentement. L'allégeance à la Reine, avec un Stéphane Bédard, "chef" de l'opposition bouffonnesque (et dire que ce n'est que sur Martine Ouellet qu'on a bûché! manque de lunette avec l'âgisme collectif), qui en redemande en "sacre" du Printemps étable. Voilà qui augure peu d'indépendance et beaucoup de ronds de cuir circulairement carriéristes au PQ.
    Que dire d'un West Island poussé allègrement à la sésession d'avec le Québec. Un handicap de moins à l'obtention d'un vote majoritairement francophone et indépendantiste.
    Guy Bertrand pourrait participer à ces actions, son livre sur la fédéralisation régionale post-indépendance du Québec, son testament politique déposé récemment, me semble corresponde aux moyens citoyens envisagé par vous, Mme Bousquet.
    Poursuivez, vous m'intéressez et c'est finement articulé. De la praxis, encore et toujours. Merci!

  • Suzanne Bousquet Répondre

    26 avril 2014

    La Sardaigne, la Sicile et le Frioul tentés par l'indépendance!
    L'accession à l'indépendance sans passer par un parti politique spécifique ni par les règles établies tente aussi d'autres provinces italiennes, excédées par la corruption de l'État italien maçonnique.
    La nouvelle République de Venise vient d'émettre ses premières obligations gouvernementales, offertes aux investisseurs. Même si l'Union Européenne et les États-Unis ont déclaré leur référendum en ligne illégal! «Typique des empires coloniaux», ont rétorqué les Vénitiens imperturbables qui procèdent sans demander la permission à qui que ce soit.
    La Vénétie avait un parti indépendantiste qui n'avait pas réussi malgré des années de militantisme à gagner sa cause. Il aura fallu une association culturelle hyperactive centrée sur la valorisation identitaire, des citoyens irréductibles et un groupe IT voulant redonner tout son sens au mot «démocratie» via les nouvelles technologies pour révolutionner la façon d'investir le politique.
    Avec la rebuffade que vient de subir Stephen Harper qui ne pourra jamais abolir le Sénat comme le voudraient pourtant la majorité des Canadiens, la preuve est faite que notre système politique est une véritable camisole de force. Une dictature des tribunaux au service d'une constitution kanadienne «boa constrictor».
    Aux éléments qui ont réellement à cœur de voir le Québec progresser de se concerter et de faire leurs devoirs, comme l'ont fait les forces vives de la Vénétie. Se secouer les puces ou mourir. L'organisation Plebiscito entend d'ailleurs faire bénéficier d'autres peuples de son savoir-faire. Pour en savoir plus sur la stratégie économique de la Vénétie:
    http://www.plebiscito.eu/news/press-release-the-venetian-republic-issues-first-government-bonds/

  • Archives de Vigile Répondre

    26 avril 2014

    {Puisque certaines régions sont majoritairement et historiquement souverainistes, nous devrions faire sécession par blocs de régions!

  • Pierre Schneider Répondre

    26 avril 2014

    J'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi aucun élu dit indépendantiste ne pose jamais de geste de rupture en refusant de prêter l'odieux serment à la Reine et chef de l'Église anglicane.
    Un geste qui, non seulement redonnerait de la crédibilité à discours souverainiste qui manque de séduction et de ferveur, mais qui aurait pu - s'il y avait eu un trouble-fête républicain dans l'Assemblée- provoquer une crise constitutionnelle et une cause passionnante de pédagogie pour les quatre prochaine années.
    Pourquoi, mais pourquoi toujours accepter l'inacceptable ? Pourquoi ne pas dire: C'est assez, ma conscience ne me permet pas de prêter cet infâme serment ?
    Aucun élu n'a jamais répondu à mon légitime questionnement. Un seul me répondra-t-il enfin avant qu'il ne soit trop tard ?

  • Pierre Cloutier Répondre

    26 avril 2014

    Excellent texte de réflexion. Il suffirait de commencer par une page Facebook ou un site web, avec logo et vente de produits dérivés en ligne. Qui veut se lancer?. Je suis partant pour aider, mais en Facebook, je ne suis pas un expert. Mais bravo pour la recherche et pour le texte. Je suis solidaire de cette idée et j'envoie le texte dans mes réseaux.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    26 avril 2014

    Pourquoi ne lancez vous pas un référendum sur internet pour la cause de la nation quebecoise.