Allocution prononcée à la SSJB mercredi 21 septembre

La trahison de nos élites

On s’est fait voler des milliards, on pille joyeusement nos précieuses ressources… et nous laissons nos élites nous imposer l’inacceptable.

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?

La trahison comme mode de mort
(allocution publique prononcée mercredi 21 septembre à la SSJB)
Merci Pierre-Luc Bégin, le seul éditeur, évidemment non subventionné, qui ose publier de la poésie subversive !
Merci du fond du cœur à tous ceux qui se sont déplacés ce soir pour
cet événement, dont Manon Leriche, l’épouse de Pierre Falardeau, à qui ce livre est dédié.
Heureusement qu’il y a une relève chez les jeunes car c’est pour eux que je dénonce l’infamie qui gangrène notre peuple dans ses racines les plus profondes.
Méfiez-vous des souverainistes et de toutes nos élites qui ont peur de se proclamer carrément indépendantistes, ces Québécois de demi-mesures, toujours prêts à pactiser avec le diable. Toujours prêts à ignorer le concept républicain, toujours prêts aux compromissions les plus tordues.
Ces flancs mous aux genoux flexibles ont peur d’attaquer de front le système néo-colonial dans lequel nous avons été piégés bien avant l’imposition de l’Acte d’Union.
Depuis plus de 40 ans, nous avons été enfirouâpés par les Claude Morin et ses semblables avec leur étapisme et leur obsession suicidaire des référendums.
La trahison comme mode de mort, un long poème qui ouvre ce nouveau recueil m’a partiellement été inspiré par Lucien Bouchard, ses gaz et ses reniements.
Un ancien premier ministre qui a enflammé bien des cœurs chez les indépendantistes, mais qui, à la première occasion, a rejeté les idées qu’il prétendait siennes.
Une girouette dont le nom figure encore aujourd’hui sur la liste des membres du Conseil Privé de Sa Majesté, ceux-là même qui ont pour mandat de conseiller nos dirigeants fédéraux sur l’art de maintenir uni ce Canada où nous sommes réduits au caricatural statut de province…
Contrairement aux modes du jour où les poètes imbus de leur propre moi se contentent d’aligner des mots dont presque personne ne saisit le sens, je crois que le poète doit en appeler à la subversion, doit injurier nos élites qui se la coulent douce à nos dépens et a le devoir d’inciter ses concitoyens à l’insoumission.
Assez, c’est assez !
Face au constat flagrant de paralysie nationale et de confusion mentale d’une population intoxiquée par des publicités mensongères et des sondages biaisés par leurs commanditaires, il faut se soulever et faire en sorte que les mots se concrétisent en gestes de libération.
« La trahison comme mode de mort » est donc un appel désespéré à la subversion citoyenne.
On s’est fait voler des milliards, on pille joyeusement nos précieuses ressources… et nous laissons nos élites nous imposer l’inacceptable.
Il est donc temps de déplier nos genoux endoloris et de nous tenir debout avant qu’il ne soit trop tard, avant de disparaître.
Enfin, un mot sur la poésie subversive. Comme l’écrivait Jean Dubuffet, la révolution, c’est retourner le sablier tandis que la subversion est tout autre chose : C’est le briser, c’est l’éliminer !
Bref, c’est renverser l’ordre qui est établi pour mieux nous asservir.
Pour terminer au sujet des poètes, une citation savoureuse de l’unique Pablo Neruda qui écrivait ceci :

« Nous écrivons pour des gens si humbles que très, très souvent, ils ne savent pas lire. Pourtant, la poésie existait sur terre avant l’écriture et avant l’imprimerie ».

Pour moi, la poésie se loge dans nos cœurs et dans nos âmes, elle embrasse autant les nuages que la terre qu’on persiste à nous spolier.
À la suite des poèmes, il y a aussi des textes polémiques. Dans l’un de ceux-ci. j’accuse tous les élus dits souverainistes, passés et présents, de se parjurer en prêtant l’odieux serment à la Reine des Anglais et du Canada.
Si les premiers députés, en 1970, n’avaient pas cédé aux pressions de René Lévesque, et refusé de se plier à cette humiliante mascarade, nous n’en serions probablement pas où nous en sommes aujourd’hui car le peuple souhaite des hommes politiques qui n’ont pas peur de renverser les colonnes du temple canadian où nous sommes coincés.
Vive la subversion et vive la poésie libre du Québec !
Pierre Schneider
21 septembre 2011


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 septembre 2011

    "si on refusait à une majorité de députés indépendantistes et républicains d’entrer au parlement, vous savez ce qui se produirait : L’Indépendance ! "...
    vous ne croyez pas ça pour vrai? Des Québécois se soulever pour la politique??
    Il y avait 100,000 personnes pour Arcade Fire... combien serons-nous, ce samedi p.m. à manifester aux bureaux de Charest??

  • Archives de Vigile Répondre

    23 septembre 2011

    Monsieur Schneider,
    On dit que les artistes sont la voix du peuple, du moins je crois moi aussi qu'ils se doivent de l'être. Mais les artistes sont tus, le système britannique colonialiste les ignore sciemment parce que ceux-ci leur mettraient leur museaux de prédateurs dans leur propre caca.
    À la place, on nous présente un système de «stars» qui ose se prétendre des artistes mais dont les soi-disant oeuvres sont sans rapport avec la réalité de la Nation canadienne-Française et québécoise. Cela pour Nous occulter en tant que Nation et Nous assimiler, voire Nous asservir.
    Je comprend ce que vous dites. Votre texte réflète exactement ma pensée.
    C'est pourquoi, bien que le système politique britannique auquel nous sommes asservis me rend malade moi-aussi, j'ai choisi l'option offerte par le Parti Indépendantiste (PI) de Monsieur Éric Tremblay.
    Le PI sait que l'unique option, pacifique, réaliste et réalisable sans faux détours référendaires, est l'élection décisive par déclaration de l'indépendance du Québec dès l'obtention d'une majorité de sièges à l'Assemblé Nationale du Québec, comme le RIN le voulait. Et croyez bien que le fameux serment d'allégeance à sa majesté britannique sera ignoré dans un tel cas. Son but est de libérer la Nation canadienne-Française de l'impérialisme britannique d'abord. Ensuite, d'autres partis et d'autres solutions se feront entendre, mais au sein d'un Pays du Québec indépendant.
    Vous remarquerez que le PI est lui-même ignoré par les politiciens soi-disants indépendantistes et surtout par les souverainistes qui pervertissent le sens des mots français.
    Je me doute bien aussi que la colère des québécois est bien réelle et qu'il s'en faut de peu pour qu'elle éclate à la face des politiciens vendus et hors de leur contrôle. Qui peux vraiment prédire un soulèvement populaire? Pas moi.
    [Réjean Pelletier]

  • Pierre Schneider Répondre

    23 septembre 2011

    @ O: Eh oui, si on refusait à une majorité de députés indépendantistes et républicains d'entrer au parlement, vous savez ce qui se produirait: L'Indépendance !
    Quand au poème, dont je n'ai lu que des extraits, il ne fait qu'un constat de l'état actuel des choses.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 septembre 2011

    On eût souhaité que l'allocution (présentée une heure en retard par la SSJB) s'en tienne à ce résumé au lieu du lancinant récit de ce poème si défaitiste qu'il ne laisse comme ouverture que le suicide.
    Aussi: "j’accuse tous les élus dits souverainistes, passés et présents, de se parjurer en prêtant l’odieux serment à la Reine des Anglais et du Canada. "... répéter cela, c'est comme ignorer qu'à Québec comme à Ottawa, puisque ces députés jouent dans la ligue "canadian" s'ils refusaient de prononcer (du bout des lèvres) les paroles infâmes, on leur refuserait tout simplement l'entrée au parlement.

  • Jacques Dubreuil Répondre

    23 septembre 2011

    Bravo monsieur Pierre Schneider, Mais vous êtes encore trop bon d'utiliser le terme « élite » pour désigner ces notables vendus. Ne lâchez, pas. J'adore vous lire - livres et articles.