LA solution

Pas de malaise identitaire, pas d'indépendance... Tout est beaucoup trop compliqué...


En toile de fond de la déception exprimée par certains à la suite de la publication du rapport Bouchard-Taylor, on décèle une utopie. L'illusion qu'il existe des solutions simples permettant d'ordonner une fois pour toutes les relations entre la majorité québécoise et les minorités ethniques et religieuses.


[Pour certains, LA solution, c'est l'indépendance->5679]. Pour d'autres, c'est l'adoption d'une constitution québécoise. D'autres encore croient que le Québec devrait adopter la laïcité intégrale, à la française. En somme, il suffirait de faire un geste fondateur et radical pour que les minorités entrent dans le rang. Du même coup, les Québécois francophones cesseraient de ressentir ce "malaise identitaire" dont on ne cesse de parler depuis deux ans.
C'est un des grands mérites du document rédigé par MM. Bouchard et Taylor que de déboulonner ce mythe. En matière de relations interculturelles, rien n'est simple, ni les problèmes ni les solutions. On peut bien, par exemple, soutenir que les membres des minorités doivent adhérer à nos valeurs fondamentales. On oublie trop souvent que le libéralisme fait partie de ces valeurs. Dans une démocratie libérale, la majorité n'a pas tous les droits, les minorités sont explicitement protégées.
La liberté de conscience et de religion est une autre de ces valeurs essentielles des démocraties. «La liberté que nous devons nous assurer mutuellement dans une société démocratique n'est pas uniquement celle, d'une valeur inestimable, d'abandonner ou de modifier nos convictions profondes, mais aussi celle de vivre ces convictions sans entraves indues, pour autant qu'on n'empiète pas sur la liberté des autres et que l'on ne contrecarre pas la bonne marche des institutions communes», écrivent la coprésidents de la Commission.
Comme nos valeurs entrent parfois en conflit, il ne suffit pas de les affirmer dans une charte ou une constitution pour résoudre les innombrables dilemmes qui surgissent au quotidien. Aucun texte fondamental ne dictera le menu qu'il est approprié d'offrir dans les cafétérias des hôpitaux!
Énoncer des balises à l'intention des gestionnaires publics ne réglera pas tout non plus. Sur le terrain, les choses sont toujours plus compliquées que sur papier.
On se fait des illusions, enfin, si l'on croit qu'un jour s'évanouira l'insécurité que ressentent les Québécois d'origine canadienne-française. «La francophonie québécoise, en raison de sa position géographique, sera toujours une culture sous tension», écrivent Gérard Bouchard et Charles Taylor. Et plus loin: «La dualité francophone/anglophone est un élément permanent, structurel de la société québécoise, indépendamment de son statut constitutionnel.»
Les solutions simples sont une vue de l'esprit parce qu'on touche ici à ce que les peuples et les individus ont de plus précieux: les convictions, la foi, la langue, l'ethnie, l'histoire. En ces matières sensibles, les recettes radicales comportent plus d'effets pervers que d'avantages.
La diversité culturelle ne nous offre donc pas d'autres avenues que la recherche d'équilibre, la modération et la patience. C'est ce que sont venus nous dire MM. Bouchard et Taylor. En nous rappelant, en passant, quelques vérités. Notamment celle-ci: «Si la fameuse "ouverture sur le monde" qui remplit le discours public doit avoir un sens, c'est bien sur le terrain, avec "le monde" qui est déjà parmi nous, c'est-à-dire entre concitoyens, qu'elle doit d'abord s'exercer.»

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André Pratte878 articles

  • 308 187

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mai 2008

    Cher M. Pratte,
    Ce sera l'Indépendance du Québec pour justement cesser de parler d'un "malaise identitaire" ... qui est d'abord le lot du ROC (rest of Canada). La question n'est pas de se demander pourquoi les Québécois se sentent plus ou moins Canadiens mais bien pourquoi les Canadiens de la Nouvelle-France sont devenus Québécois. La réalité est que "notre" identité en perpétuelle métamorphose (encore aujourd'hui).
    Vous voulez le beurre et l'argent du beurre cher M. Pratte et autres néo-fédéralistes. Vous voulez le Québec ET le Canada. Les souverainistes purs et durs savent ce qu'ils veulent. Faudra comprendre un jour que le Québec Bashing, c'est le fédéralisme nationaliste canadien de certains Québécois (qui n'ont toujours pas digéré la "Conquête du Canada" bien qu'ils écrivent des livres intiulés "Reconquête du Canada" !!!) qui le provoque le plus ...

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mai 2008

    Le nouveau "truc" des fédéralistes pour affaiblir le Québec est d'opposer la majorité québécoise aux minorités ethniques et religieuses. Tous les André Pratte de ce monde essaient insidieusement de nous faire avaler le multiculturalisme "à la canadian" dans le but évident de créer des ghettos ethniques et religieux afin de faire apparaître des lignes de fractures dans notre MODÈLE INTERCULTURALISTE à la québécoise...
    La SOLUTION est si simple pour faire l'UNITÉ QUÉBÉCOISE malgré la diversité des origines et croyances de chacun: cela s'appelle l'INDÉPENDANCE DU QUÉBEC.
    Amitié à tous les indépendantistes Québécois !!!
    Jacques L. (Trois-Rivières)