La société civile perd du terrain au Canada

Réunis à Montréal, les membres de Civicus veulent renforcer la participation citoyenne

Droits et Démocratie - KAIROS - Développement et Paix


Mélissa Guillemette - La société civile perd du terrain au Canada, une tendance rare dans les pays industrialisés, a dit la présidente de l'Assemblée mondiale de Civicus, qui se tient depuis vendredi à Montréal.
Si les innovations sont nombreuses chez la société civile canadienne — terme qui regroupe les organisations non gouvernementales, les entreprises sociales et les groupes communautaires —, le gouvernement fédéral lui nuit plutôt que de l'aider, croit la présidente, Anabel Cruz, en visite à Montréal. Plusieurs organisations ont perdu une partie de leur financement étatique ces derniers mois, dont le dernier en liste: le Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI). Financé aux deux tiers par l'État depuis 1968, il a tout perdu en juillet. «C'est malheureux, dit Mme Cruz. Ça met en danger l'existence même du CCCI. Il faut demeurer alerte.»
À travers le monde, il y a des centaines de cas où des gouvernements tentent de limiter la société civile, mais l'Uruguayenne n'arrive pas à citer un pays industrialisé qui vive une situation comparable à celle du Canada. «Toutefois, c'est certain qu'il y a moins d'argent partout, en raison de la crise économique.»
D'où l'importance que l'assemblée annuelle se tienne à Montréal cette année, croit Michel Venne, directeur de l'Institut du Nouveau Monde. C'est cette dernière organisation qui a proposé d'accueillir et d'organiser la tenue de l'Assemblée mondiale de Civicus, où se rencontrent les personnes les plus impliquées au sein des organisations et groupes communautaires de 90 pays. «Dans le contexte fédéral canadien qui contrôle et censure la société civile canadienne, le rassemblement mondial vient dire "attention, nous autres, du reste du monde, on a toujours cru que le Canada était un leader en développement et on est craintifs"», explique M. Venne.
L'Assemblée permet aux 600 délégués de l'édition 2010 de se solidariser et d'échanger leurs bonnes expériences en matière de développement. Au chapitre des bonnes pratiques à partager, les membres de la société civile du Canada peuvent être fiers, croit M. Venne. Les innovations montréalaises, comme la création de l'Office de consultation publique en 2002, la création d'un poste d'ombudsman en 2007 et la croissance des entreprises d'économie sociale, ont été mises en avant au cours du week-end.
Les gouvernements ont intérêt à ce que ces groupes communautaires et organisations soient actifs; ils tentent d'enrayer la pauvreté, de protéger l'environnement et de proposer un nouveau type d'économie. «Mais les gouvernements ne comprennent pas encore ce rôle positif que la société civile peut jouer», dit Anabel Cruz.
L'Assemblée mondiale de Civicus, qui se termine aujourd'hui, se tiendra encore dans la métropole pour les deux prochaines années.


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