La semaine perdue de M. Couillard

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Couillard s'est tiré dans le pied

Pauvre Philippe Couillard ! Il avait décidé de déclencher les élections plus tôt, pensant présomptueusement que quelques jours de plus constitueraient autant de chances supplémentaires pour François Legault de trébucher. Malheureusement pour lui, il s’est enfargé dans ses propres lacets avant même d’embarquer dans son autobus de tournée.


Vraiment, le chef libéral ne doit pas être content de cette première semaine de campagne officieuse. Celle-ci devait être consacrée à des annonces visant à expédier quelques dossiers chauds avant de partir et à présenter de nouveaux candidats. Le fameux renouveau tant promis...


Au lieu de ça, l’actualité a été occupée par le drame d’un député inconnu du public, mais qui a subitement conféré à la politique un visage très humain, maculé de larmes.


Froid et peu empathique


Entendons-nous bien. Ce genre de manœuvre visant à écarter un élu qu’on ne perçoit plus comme un actif afin de libérer une circonscription confortable, ça arrive dans tous les partis avant chaque élection.


Ce qui est rare, toutefois, c’est que l’opération soit menée avec si peu de doigté qu’elle convainque l’individu blessé de s’infliger en plus une démonstration publique de son humiliation. Surtout au Parti libéral, où compenser le retrait d’un comté par la promesse d’une nomination peut toujours être remplacé par une fonction dans le privé au sein de son vaste réseau d’affaires, une fois dans l’opposition.


Ce qui est différent, également, c’est que Philippe Couillard ne joue pas un rôle de composition, ici. La perception populaire à son endroit, celle d’un homme froid et peu empathique, sert remarquablement bien le récit très imagé du député Ouimet.


À la fin, une nouvelle qui n’aurait jamais dû faire parler plus d’une journée aura écrit la partition qu’interpréteront les chefs de tous les autres partis jusqu’au 1er octobre. On répétera que la parole de Philippe Couillard ne vaut pas une poignée de main.


Une longue campagne


Il y a dans tout ça un avant-goût de ce qui nous attend pour les prochaines semaines. C’est que si, au Parti libéral, on aime bien croire que François Legault est tellement gaffeur qu’il bousillera lui-même sa campagne, on a oublié que Philippe Couillard n’est pas lui-même réputé pour être un politicien très intuitif ou talentueux.


On l’a vu cette semaine, avec ces nouvelles déclarations malhabiles d’Alexandre Taillefer sur la paix sociale, reprises par le premier ministre. On l’a vu également avec les annonces sur le 3e lien à Québec et sur les permis de taxis, accueillies très froidement par les clientèles qu’elles visaient à satisfaire.


Bref, pour une équipe libérale qui a vu sa solidarité ébranlée par le rejet de l’un des siens, la campagne pourrait paraître beaucoup plus longue que les six jours qu’on y a ajoutés. Surtout si le chef trouve le moyen de perdre d’autres semaines comme celle-là.


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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.