La saignée

Propagande ! Toutes les sociétés non homogènes paient un prix pour les tensions sociales. Le Québec ne fait pas exception, et la situation du Québec n'est certainement pas la pire

Pendant les 18 mois du gouvernement de Pauline Marois, des rumeurs ont circulé voulant que plusieurs Québécois quittent la province en raison des mesures fiscales et de la « charte des valeurs » mises de l'avant par les péquistes. Dans son Bilan démographique 2014 publié cette semaine, l'Institut de la statistique du Québec dévoile une donnée laissant penser que ce phénomène s'est bel et bien produit.
Selon une compilation préliminaire, en 2013, le Québec a enregistré un solde migratoire interprovincial négatif de 13 000 personnes. Autrement dit, lorsqu'on compare le nombre de personnes ayant quitté la province pour les autres régions du pays au nombre de celles qui se sont installées au Québec en provenance des autres provinces, on compte 13 000 sortants de plus que d'entrants. Ce solde négatif est deux fois plus important que le solde moyen des 5 années précédentes.
Plusieurs facteurs personnels et conjoncturels poussent les gens à déménager. On ne peut donc pas prouver que les politiques du gouvernement Marois sont à l'origine, en tout ou en partie, du mouvement mesuré.
N'empêche, la démographie des 50 dernières années révèle une tendance claire : lorsque surviennent des périodes de tensions sociales ou d'incertitude politique, des milliers de Québécois quittent la province. Il s'agit notamment, mais pas seulement, d'anglophones. La plupart de ceux qui partent sont dans la force de l'âge.
Les pertes sont plus importantes lorsque le Parti québécois est au pouvoir. Ce n'est pas tellement le PQ qui dérange, mais son projet indépendantiste. Lorsque la séparation paraît hors d'atteinte, le nombre de départs augmente peu, même si les péquistes gouvernent. À l'inverse, lorsque la probabilité de l'indépendance augmente, des milliers de personnes supplémentaires bouclent leurs valises.
Il est arrivé que le nombre de départs augmente lorsque le Parti libéral était à la barre. Ce fut le cas durant les deux premiers mandats de Robert Bourassa, marqués par la Crise d'octobre, les tensions linguistiques et l'agitation syndicale.
Alors que les libéraux de Jean Charest étaient au pouvoir, le solde négatif a dépassé les 10 000 deux années de suite, en 2006 et 2007. La province était alors plongée dans la « crise » des accommodements raisonnables.
Une société ne peut pas s'empêcher d'avancer pour la seule raison que le changement suscite de l'inquiétude. Toutefois, ceux qui aspirent à gouverner ont le devoir de ne pas attiser les tensions à des fins bassement partisanes.
Le Québec a payé cher les périodes de tensions et d'incertitude ayant ponctué son histoire moderne. De 1970 à aujourd'hui, la province a subi une perte nette de plus de 600 000 habitants au profit du reste du pays. Les dommages économiques et culturels de cette saignée sont incalculables.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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