La responsabilité de la chef

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La stratégie médiatique de QS est payante : c'est celle du populisme de gauche

Ce jeudi, j’ai reçu en entrevue à LCN Andrés Fontecilla, l’un des nouveaux députés de Québec solidaire. Convaincu et passionné, il m’a fait valoir les points de vue de son parti, notamment leur désaccord viscéral avec la baisse des seuils d’immigration.


Sur la question du décorum et du code vestimentaire, il affirme que ses collègues n’ont nullement l’intention de manquer de respect envers l’Assemblée. Il minimise la controverse de la veille sur les espadrilles, les jeans et les camisoles, et nous rassure sur l’attitude de son groupe parlementaire.


Moins d’une heure après, je vois sur le canal de l’Assemblée nationale l’intervention de la députée Catherine Dorion (encore elle, oui), portant un t-shirt avec des imprimés dessus. Y figurait le nom de Patrice Desbiens, un poète franco-ontarien. On imagine la référence politique à la situation des francophones de l’Ontario.


Pure provocation


Je ne me prends pas pour Jean Airoldi, mais en matière de fringues, le t-shirt avec un imprimé ne passe pas la rampe. Ni la rampe du bon goût, ni la rampe du décorum minimal d’un Parlement, ni la rampe du règlement écrit de l’Assemblée nationale qui parle d’une tenue de ville.


Au lendemain d’une controverse publique sur le code vestimentaire, la députée, qui prononçait son premier discours à l’Assemblée, n’a clairement pas agi innocemment. Il s’agit purement et simplement de provocation. Un pied de nez au président, à l’institution et à tous ceux qui avaient critiqué son attitude dans les 24 heures précédentes.


Ce côté iconoclaste plaît clairement à sa clientèle. Elle porte sans doute dans son attitude le scepticisme de certains jeunes envers une institution comme l’Assemblée nationale. Mais elle devra trouver une autre façon de le faire. Parce qu’on sent bien que la trajectoire actuelle n’a le potentiel que de virer au cirque.


Vive les gaminets !


Si cela est permis pour elle, imaginez que tous les députés se mettent à cette mode : exprimer son attachement à une cause du jour avec un t-shirt. Des logos, des pictogrammes, des slogans dans toute la variété des couleurs !


Un événement touristique à promouvoir pour votre circonscription ? On porte le t-shirt promotionnel en chambre !


Une étude montre que les jeunes ne font pas assez de sport ? On porte son t-shirt d’entraînement Nike « Just Do It ».


Un tremblement de terre au Mexique ? Par solidarité pour la population locale, on a bien un t-shirt acheté lors du dernier voyage !


L’Assemblée nationale nouveau genre. Même plus besoin de parler. Tout le monde se présente le matin avec son t-shirt et on constate les priorités.


Le jeu de la députée Dorion est clair. Elle souhaite forcer le président à lui demander de quitter le Salon bleu. Ensuite, elle créera un débat explosif sur l’affront à la démocratie que représente l’exclusion d’une élue du peuple à cause d’un habillement. Bâillonnée la pauvre ! Une crise qu’elle entrevoit payante politiquement.


Manon Massé doit arrêter cet engrenage ridicule. C’est son devoir de chef.