La réduction de la dette n'est pas une priorité, croit un économiste

Louis Gill s'oppose au point de vue des lucides

17. Actualité archives 2007


Il est inopportun pour le gouvernement du Québec de consacrer des ressources financières à la réduction de la dette publique, selon l'économiste Louis Gill, professeur à la retraite de l'Université du Québec à Montréal.
«J'ai une position tranchée sur la dette et je suis partisan de ce qu'il n'y ait aucun remboursement de cette dette», a-t-il soutenu hier à l'occasion d'une conférence de presse pour parler de son plus récent livre, intitulé Rembourser la dette publique: la pire des hypothèses.
M. Gill s'oppose vigoureusement au point de vue défendu par les lucides, le groupe dont le porte-parole est le plus souvent l'ex-premier ministre Lucien Bouchard.
M. Gill avance trois arguments pour étayer sa position. Le premier: le poids relatif de la dette, par rapport au produit intérieur brut (PIB), diminue de lui-même avec la simple croissance du PIB. Le deuxième: le coût du remboursement de la dette est beaucoup plus élevé que les économies d'intérêt qui en découlent, de sorte que les sommes qui y sont consacrées seraient mieux investies dans des usages sociaux (éducation, santé). Troisièmement, M. Gill considère qu'au lieu de perpétuer le mythe du conflit entre les générations, le gouvernement devrait investir davantage en santé, en éducation et dans les infrastructures sociales, au profit justement des générations futures.
Pour s'assurer d'être lu par le plus grand nombre, malgré la complexité du sujet, M. Gill a vu à ce que ce livre ne se vende que 12 $.
Aux lucides, parmi lesquels se trouve l'économiste Pierre Fortin, également de l'UQAM, l'auteur reproche de faire peur aux gens en se limitant à dire que la dette publique du Québec s'établit à 118 milliards, sans tenir compte du poids de cette dette par rapport au PIB (qui se situe présentement à 43 %).
Pour bien montrer que la dette diminue avec la simple croissance du PIB, M. Gill donne en exemple la situation du Canada au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Alors que la dette canadienne était alors de 100 % du PIB, 30 ans plus tard (au milieu des années 1970), elle était passée à 20 % «sans aucun remboursement, par le seul effet d'une croissance du PIB plus rapide que celle de la dette».
Le Fonds des générations, créé par Québec en mars dernier, ne trouve pas davantage grâce aux yeux de l'universitaire. Le gouvernement du Québec souhaite accumuler 30 milliards dans ce fonds afin de faire passer de 43 % à 25 % le rapport de la dette au PIB dans 20 ans.
«Si on ne mettait aucun sou dans le Fonds des générations, on arriverait presque au même résultat. Le rapport de la dette au PIB, sans aucun remboursement, serait de 29 % dans 20 ans au lieu de 25 %, seulement quatre points de pourcentage au-dessus de l'objectif poursuivi par le fonds», a dit M. Gill.
«Les 30 milliards qui vont être consacrés à la réduction de la dette pourraient être mis à profit ailleurs, par exemple en éducation», a-t-il ajouté.
Quant aux 900 millions tirés par Hydro-Québec de la vente de sa filiale Transelec, et dont 500 millions sont allés au Fonds des générations, M. Gill suggère qu'une partie aurait pu être consacrée aux universités aux prises avec d'importants déficits.
Et à ceux qui seraient tentés de croire que le Parti québécois en aurait fait un meilleur usage, M. Gill souligne que le chef péquiste André Boisclair a demandé que les 900 millions soient versés en totalité au Fonds des générations.


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