La prochaine tragédie de Lac-Mégantic «est annoncée», dit Anne-Marie Saint-Cerny

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Sécurité ferroviaire : la situation s'est dégradée depuis la tragédie de Lac-Mégantic


Le transport ferroviaire de matières dangereuses est de plus en plus commun au Québec et demeure une pratique peu surveillée par les autorités, a dénoncé l’auteure de «Mégantic: une tragédie annoncée», Anne-Marie Saint-Cerny, en entrevue à l’émission matinale de QUB radio, mercredi.


«Mégantic était une tragédie annoncée et je l’ai démontré en écrivant le livre, mais la prochaine tragédie est également annoncée. Non seulement on n’apprend pas de nos erreurs, mais on les empire», a soutenu Mme Saint-Cerny, qui assistait cette semaine aux audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur la voie de contournement à Lac-Mégantic.


L’auteure dit avoir entendu des déclarations «à tomber en bas de notre chaise» lors des audiences. Elle a notamment cité en exemple la nouvelle loi de Transports Canada, qui oblige les compagnies ferroviaires à élaborer des plans d’intervention d’urgence, mais que celles-ci refusent de dévoiler pour des questions de sécurité.


«Imaginez les premiers répondants: est-ce que ça les aide vraiment d’avoir un plan d’urgence gardé secret par une compagnie ferroviaire?» s’est questionnée Mme Saint-Cerny.





Elle a aussi mentionné avoir appris lors des audiences que l’analyse de risque d’accident ne peut que se faire sur une seule citerne à la fois, tandis que plusieurs citernes ont explosé en même temps lors de la tragédie de 2013.


«L’expert a ajouté que la probabilité que ça arrive est tellement négligeable statistiquement que ça ne vaut pas la peine de l’étudier. Je peux vous dire que la salle a figé», a raconté l’auteure.


Un phénomène en expansion


Le Canadien Pacifique a d’ailleurs dévoilé mardi ses résultats financiers. Son chiffre d’affaires a augmenté de près de 25 % et cette augmentation était largement attribuable au transport de pétrole et de produits chimiques.


Le Devoir rapportait également cette semaine que près de 11 000 wagons de kérosène traverseraient chaque année Montréal pour être acheminés à un terminal de réception et de stockage de carburant d’avion qui sera prochainement construit dans l’est de la ville.


«Les compagnies de chemin de fer ont une augmentation incroyable de produits dangereux et de pétrole qui passent sur nos rails, et qu’est-ce qu’on fait avec ça? On n’a personne au ministère des Transports qui nous protège, qui surveille tout ça», a décrié Anne-Marie Saint-Cerny.


L’auteure de «Mégantic: une tragédie annoncée» a d’ailleurs invité le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charrette, à «retourner faire ses devoirs et regarder comment est réglementé le transport ferroviaire au Canada».


Ce dernier avait mentionné au Devoir que le projet de transport par wagons-citernes de kérosène permettrait de «rendre le transport de ce carburant plus sécuritaire».