La pensée magique

Débat des chefs - Québec 2012


À plusieurs reprises au cours du débat des chefs de dimanche soir, Pauline Marois a accusé François Legault d'avoir recours à la «pensée magique» en promettant de fournir à chaque Québécois un médecin de famille.
La critique est justifiée. Toutefois, le reproche pourrait être fait aussi aux autres partis, et pas seulement pour leurs engagements en matière de santé. Dans le domaine des finances publiques, en particulier, toutes les formations saupoudrent les chiffres d'une dose généreuse de poudre de perlimpinpin.
C'est surtout le cas de la CAQ. M. Legault a promis des nouvelles dépenses et des réductions de l'impôt des particuliers totalisant 3,7 milliards. Un gouvernement caquiste irait chercher l'argent nécessaire dans d'importantes réductions de dépenses à Hydro-Québec et dans la gestion des achats des ministères de la Santé et de l'Éducation. Or, on le sait, il est toujours plus simple pour un gouvernement de dépenser que d'économiser. Ainsi, selon les évaluations de la CAQ, les dépenses d'exploitation d'Hydro-Québec pourraient diminuer de près du quart (600 millions) et la société d'État pourrait se passer sans problème de 4000 de ses 22 500 employés. C'est énorme.
Le cas du Parti québécois est particulier puisque contrairement aux libéraux et aux caquistes, les péquistes n'ont pas encore publié leur cadre financier. Pour une formation ayant de bonnes chances de former le prochain gouvernement, un tel manque de transparence est inadmissible.
Un aspect des engagements du PQ est particulièrement inquiétant: le retour de la culture du gel. En effet, les péquistes se sont engagés à geler le tarif des garderies à 7$, à geler (ou presque) les droits de scolarité universitaires et à geler le tarif du bloc d'électricité dit patrimonial. Cette dernière promesse, annoncée soudainement hier, privera l'État de presque un milliard en 2016-2017. Or, s'il y a une leçon à retenir de la crise étudiante du printemps dernier, n'est-ce pas l'effet pervers, à long terme, des gels de tarifs?
Comme c'est souvent le cas, le parti au pouvoir est le plus conservateur en matière d'engagements financiers. La plupart des promesses des libéraux sont relativement peu coûteuses. Néanmoins, pour maintenir l'équilibre budgétaire, le PLQ doit réduire de 3% à 2% la croissance des dépenses de programmes en 2014-2015, ce qui signifierait de nouvelles compressions, en plus de celles de 875 millions déjà prévues mais non identifiées.
Le premier ministre sortant, Jean Charest, parle souvent - il l'a fait encore lors du face à face d'hier soir - de la menace que font peser sur le Québec les incertitudes économiques mondiales. Cette menace est réelle. Malheureusement, les politiciens en campagne font à peu près comme si elle n'existait pas. Tous parlent de l'importance de réduire la dette publique, mais les actions évoquées à ce chapitre sont bien timides.
Croire que le Québec pourra, sans en payer le prix, conserver encore longtemps un niveau d'endettement aussi élevé: ça, c'est de la pensée magique.

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 307 057

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé