La nouvelle Révolution tranquille

752258c761e7193d67148ccbd8aad0b8

Une manifestation bienvenue de notre instinct de survie






L’Académie française vient de s’opposer à la réforme de l’orthographe. L’enseignement du français doit plutôt être réformé en profondeur, assure Hélène Carrère-d’Encausse, la secrétaire perpétuelle de l’Académie.




On comprend que l’accent circonflexe est une niaiserie comparée au chantier que l’on devrait entreprendre.




Au Québec, épargnons-nous les statistiques déprimantes, sauf une, écrasante, qu’il faudrait publier chaque jour dans les médias comme un rappel lancinant de l’échec du système d’éducation, à savoir que 49 % des Québécois sont des analphabètes fonctionnels. Cela veut dire qu’ils ne savent pas, ou peu, lire ou écrire.




Cette réalité n’a pas semblé ébranler les gouvernements successifs depuis des décennies, ce qui explique que nos réformes scolaires s’intéressent plutôt aux bâtiments, aux structures, aux organigrammes et avant tout, à la déconstruction de la philosophie humaniste qui a inspiré l’éducation jusque dans les années soixante.




Des réformes douteuses




L’obsession québécoise d’être distincts, faute d’être indépendants l’on suppose, a amené par la suite les architectes-pédagogues à chercher dans le monde les méthodes les plus spectaculaires, les plus marginales souvent et les plus douteuses afin de les appliquer dans nos écoles.




C’est ainsi que des générations d’enfants ont appris à écrire au son. Ils ont été privés de la dictée quotidienne, laquelle fut bénéfique pendant cent ans. Mes tantes qui avaient fréquenté l’école cinq ou six ans écrivaient presque sans fautes et lisaient studieusement et à haute voix leur journal quotidien.




Puis vint la folie la plus irresponsable pour ne pas dire la plus criminelle qui fut appliquée par des psychopédagogues sûrs de leur génie et qui consista à abolir les cours d’histoire et de géographie au primaire sous prétexte que les enfants n’avaient pas de notions claires du temps et de l’espace. Résultat? Une génération d’enfants n’a pas su d’où elle venait et où elle se situait sur la terre.




Puis, ce fut au tour de l’histoire enseignée dans sa chronologie qu’on a mis au rancart. L’étape suivante fut celle de l’apothéose de la bêtise pédagogique, l’approche sous l’angle des compétences par opposition à cette vieille idée périmée qui consiste à penser l’école comme le lieu privilégié de la transmission des connaissances.




Notre avenir collectif




Au Québec, on ne peut pas rater l’enseignement du français sans mettre en danger notre avenir collectif. Nous sommes donc condamnés à l’excellence. La formation indigente des futurs enseignants existe depuis des décennies. On ne peut plus tolérer que des étudiants qui ne savent ni écrire ni lire correctement à la fin du cégep puissent entrer à l’université pour devenir enseignants. On doit s’insurger aussi contre les professeurs qui malmènent eux-mêmes la langue.




Il faut appeler à la révolte face à l’échec de l’éducation québécoise.




Le ministère de l’Éducation doit subir une cure de régénérescence intellectuelle. Il faut bousculer ses clans, ses chapelles idéologiques et déclarer chantier prioritaire sa réforme. Quant au ministre de l’Éducation, il doit avoir un statut au moins aussi important que le ministre des Finances et le président du Conseil du trésor.




C’est par la langue que nous existons culturellement. Sans elle, nous disparaîtrons.



 




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé