Si on m'avait appris, petit, ce qu'est un citoyen ! Ce n'est pas un pleutre moyen qui, anonyme, montre le masque de son visage aux caméras. Ce n'est pas celui qui se livre pieds et poings liés à l'espace public pour s'offrir en sacrifice. Ce n'est pas celui qui cultive son jardin et salue son voisin sans se préoccuper du lendemain. Ce n'est pas celui qui s'insère dans la masse anonyme pour promouvoir un contre-pouvoir au roi. Ce n'est pas cette construction de l'esprit à partir de laquelle philosophes et sociologues se disputent depuis Rousseau. Ce n'est pas un mot désincarné de quotidienneté (naissance, discussion, entraide, fêtes, passion, lutte, partage, renoncement, honneur, dignité…) qu'on jette dans la mêlée de la confusion crée par l'absence de vérité. Ce n'est pas celui qui s'évade, ferme les yeux, les ouvre devant son iPhone. Ce n'est pas celui qui n'existe pas.
Le citoyen. Est réel. Mortel. Critique. Ordinaire (faire partie de l'ordinaire nécessite une grande rigueur n'excluant nullement la liberté. L'art est construit, non improvisé). Minutieux, quasiment tatillon. Amoureux de l'autre comme de lui-même. Participant. Enthousiasme. Solidaire. Méritoire. Digne. Constant. Pluriel.
Un citoyen participe, tout au long de sa vie, de la République. Certes, l'idée que nous nous faisons de la république varie selon l'époque. Mais aujourd'hui, alors que le vivant est menacé par le conservatisme, l'oligarchie et l'embryonnaire réapparition du fascisme, le citoyen doit être sollicité, encouragé, éduqué. On ne peut forcer un cheval à boire. D'ailleurs, cette maxime m'apparaît stupide. Car un cheval boira s'il a soif. Pourquoi le contraindre alors ?
Cette phrase me semble plutôt narcissique. Pourquoi impliquer le cheval ? Parce que nous avons besoin de sa force, accouplée à notre « intelligence ». Mais nous ne savons pas que « notre » intelligence n'est rien ! Seule, elle rêve. Et le cheval boit, tranquillement, sans nous, à la rivière que l'homme n'a pas encore asséchée.
Mes vagissements en irriteront plusieurs. C'est que, à peine naissant à la conscience citoyenne, je découvre (le stade du miroir) la vérité de la République (la chose de la cité). Une tâche, dès mes premières heures d'existence, sera de promouvoir le rôle du citoyen, comme celui de déboulonner les bases de l'apparence.
André Meloche
P.S. La confiance appelle la conscience. Le Québec confiant progresse sur la voie de la conscience. Mais il faut être patient. L'Histoire le démontre à chaque instant. Et seul le dialogue permet de marquer les différences, de les aimer.
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