Depuis plusieurs années, les résultats des élèves aux épreuves du MEQ subissent un tripotage en lien avec la modération statistique lors des épreuves ministérielles, une politique qui conduit souvent à des résultats carrément paradoxaux.
À titre d’exemples, une école secondaire se retrouve cette année avec plusieurs élèves en échec, surtout en histoire de quatrième secondaire, alors que ces jeunes avaient obtenu de bonnes notes pendant l’année scolaire. Et pourtant, les épreuves ministérielles ne valent que 20% de la note finale de l’élève depuis l’an dernier. Une jeune fille a même échoué en histoire de quatrième secondaire malgré une note de 81% durant l’année scolaire. Un élève qui avait obtenu une note-école de 73% en mathématique s’est retrouvé en échec après son examen ministériel, même si celui-ci ne valait que pour 20% de la note finale.
La situation s’explique par la modération des notes, un processus du ministère de l’Éducation qui vise à éviter les «notes bonbons» ou les évaluations trop sévères. Si plusieurs jeunes d’un même groupe obtiennent des résultats à l’examen ministériel beaucoup plus bas que la note accordée par leur enseignant pendant l’année scolaire, celle-ci sera revue à la baisse. L’inverse est aussi vrai.
Devant des cas d’injustices aussi criants, et considérant le professionnalisme des enseignants eu égard à la note de l’élève, je suis d’avis que toute forme de tripotages de notes par le MEQ enrobés dans une démarche de modération n’a tout simplement pas sa place dans le système d’évaluation des examens du MEQ. En termes clairs, l’élève doit recevoir la note à laquelle il a droit...point final.
Henri Marineau, enseignant du secondaire retraité
Éducation
La modération n’a pas toujours meilleur goût
Tribune libre
Henri Marineau2092 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
François Champoux Répondre
3 août 2023Bonjour M. Marineau,
Tripotage des notes, modération statistique des notes, injustice flagrante, démarche de modération; voilà des mots qui portent en eux-mêmes un sérieux questionnement lorsque nous parlons d’éducation et d’instruction envers nos jeunes.
L’esprit de la modération est vieux comme le monde; il souhaite l’absence de trouble, l’absence d’exagération dans les plaisirs de la vie, et par le fait même, la découverte d’une lente progression vers la connaissance. Il semble donc que nos élites de l’Éducation aient perdu le véritable sens de la modération.
Les talents furent distribués inégalement, ce qui n’excuse pas les échecs scolaires. L’effort, le travail doivent être inculqués d’abord par nos maîtres d’école à cette jeunesse inculte et ignorante afin d’acquérir des notions de base, lesquelles permettront à chacune et à chacun le dépassement de soi. Sortir de notre ignorance graduellement exige le respect du rythme de chacun, et donc, la modération, ce que le XXe siècle n’a pas compris : il faut faire vite et de plus en plus vite.
Il semble que c’est plutôt le laxisme qui a pris la place de la modération : n’avons-nous pas confondu les termes? La rigueur dans le travail et l’effort à l’apprentissage ont été remplacés par des machines, par l’informatique et, de plus en plus, par ce qui est faussement appelé "l’intelligence artificielle". Ce n’est pas d’hier que nous faisons fausse route en éducation de notre jeunesse…
La première qualité d’un enseignant doit de nouveau être promue : la patience, celle qui sait faire oeuvre de modération et de discernement dans cette distribution des talents et qui permet alors d’orienter nos jeunes vers l’actualisation de leur capacité intellectuelle respective.
Oui, il faut ralentir, il faut modérer, il faut reprendre contact avec l’intelligence de nos jeunes en herbe et ne pas rater le virage de l’Éducation et celui d’Instruire avec un grand «É» et un grand «I». Il faut réapprendre à placer les priorités à la bonne place sinon nous creusons notre tombe de plus en plus rapidement.
François Champoux, Trois-Rivières