La ministre fait fausse route

Je salue cette jeunesse marchant dans les rues à la recherche de réponses aux questions qu'elle se pose. Sa quête d'identité me rassure tout à fait.

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012



La réponse est venue, claire et nette, de Guy Rocher. La hausse des droits de scolarité, imposée par le gouvernement Charest, ne serait acceptable que pour les étudiants issus de milieux aisés. Tous les autres qui risquent de s'endetter encore davantage pour mener à terme des études qu'ils auront choisies, seraient placés devant des choix difficiles qui représentent une injustice dans notre société. Moi, je vote Guy Rocher.
La ministre s'est peinturée dans le coin, c'est évident. Dans son désir de servir son maître Jean Charest, elle a négligé de mesurer la réaction du milieu étudiant dont on affirme trop souvent qu'il ne peut pas réfléchir par ses propres moyens. Depuis le temps que les politiciens ont tendance à dire que les jeunes ne s'intéressent à rien, qu'ils ne sont pas des citoyens à part entière et que les problèmes de la société dans laquelle ils vivent les laissent complètement indifférents, depuis le temps qu'on les traite comme des bébés la la, la surprise, forcément, a dû être grande devant leur cohérence et leur combativité. 200 000 étudiants dans la rue pour une autre raison que faire le party, ça surprend.
La ministre a pensé qu'il suffirait de dire que la décision était prise et qu'il n'était pas question de reculer pour que ces petits tannants rentrent tranquillement dans les salles de cours. Elle n'avait certainement pas prévu qu'ils lui tiendraient tête pendant neuf semaines sans se démobiliser et sans vraiment dépasser les bornes. Ils ont même réussi par leur comportement à emporter l'adhésion de plusieurs professeurs et surtout de beaucoup de parents qui sont fiers de leurs enfants comme ils ne l'ont pas été depuis longtemps. La ministre est complètement déroutée.
Surtout qu'il n'est pas très évident que le choix qu'elle défend est vraiment le sien. La présence du «souriant» ministre des Finances à ses côtés, au moment d'annoncer que le gouvernement avait choisi de permettre l'augmentation de la dette des étudiants en difficulté comme seule solution à la crise, donnait à penser qu'elle ne voulait plus porter le dossier toute seule, ce qu'elle a beaucoup fait il faut bien le reconnaître. Le premier ministre, qui devrait lui apporter tout son soutien dans l'épreuve de force qu'elle vit, préfère jouer le peddler du Plan Nord en pays étranger pendant ce temps. Si ce que répète la ministre ressemble à une cassette, apprise par coeur et sans possibilité de changer un seul mot, c'est peut-être bien parce que c'en est une.
Guy Rocher affirme que la lutte des étudiants est juste. Il a raison. Si bien qu'il n'y a qu'une solution, c'est de remettre toute la question sur la table et de négocier de bonne foi pour trouver une solution. Il paraît évident qu'il faudra en arriver à la gratuité scolaire, qui va dans le sens de tout ce que le Québec a choisi de développer depuis 1960. Comment le faire, comment y arriver et dans quels délais sont les questions auxquelles il faut trouver des réponses. Le blocage des dernières semaines aura au moins servi à ça.
Le ministre des Finances va refaire ses devoirs, car il semble avoir oublié qu'il n'occupe le poste qu'il occupe que par la volonté de la population qui reste son seul vrai patron durant son passage en politique. Même chose pour la ministre de l'Éducation. Le problème, c'est que quand on reste trop longtemps au pouvoir, on finit par penser qu'on est propriétaire du gouvernement. C'est une grave erreur.
Je n'arrive pas à me mettre dans la tête que nous allons payer collectivement pour enseigner l'anglais à des francophones au Québec, pour construire un aréna pour accueillir un éventuel club de hockey ou pire, pour asphalter les routes vers les mines du Plan Nord, des routes qui serviront à des compagnies minières à s'enrichir généreusement, et que nous ne pourrions pas instruire tous nos enfants en investissant dans leurs cerveaux dont nous risquons d'avoir bien plus besoin que de tout le reste. Il est temps de nous poser les bonnes questions.
Le sujet n'est pas banal. C'est de l'avenir de nos enfants dont il est question. Et c'est aussi de l'avenir de notre société dont nous parlons. Il faut nous montrer exigeants, car la survie de ce peuple parlant français en Amérique du Nord n'est pas garantie. Ce que nous bâtissons depuis 1960, ce sont des outils de développement essentiels à notre apport au monde d'aujourd'hui. Notre démarche est d'autant plus valable qu'elle ne suit pas de modèle établi ailleurs et que nous restons maîtres de faire des choix qui sont authentiquement les nôtres.
Je salue cette jeunesse marchant dans les rues à la recherche de réponses aux questions qu'elle se pose. Sa quête d'identité me rassure tout à fait.


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