La guerre des clans

095e68431317f020ca7a43db4be0957f

Les turpitudes du Bloc ne doivent pas affecter le PQ

Le Bloc québécois survivra-t-il à sa propre implosion ? Agonisant déjà depuis la vague orange de 2011, c’est peu probable. En s’accrochant à son poste de chef malgré la démission-choc de 70 % de son caucus, Martine Ouellet semble même être prête à lui donner le dernier coup de grâce.


Ce qu’on sait moins est quel sera l’impact de cette crise sur le Parti québécois. Pour le PQ, ça ne pouvait pas tomber plus mal. Le schisme bloquiste projette l’image d’une « famille » souverainiste carrément dysfonctionnelle. Au-delà de cette image dévastatrice, la réalité est pourtant plus nuancée.


Pendant que le Bloc se fissure, au PQ, ça se retrousse les manches. À quelques mois d’une élection où il jouera son va-tout, son chef Jean-François Lisée pose enfin des gestes plus constructifs. Il a nommé Véronique Hivon comme vice-chef et ramené Jean-Martin Aussant au bercail.


Surtout, ils serrent les rangs. D’où le spectacle désolant venant de Martine Ouellet. En jouant à la Jeanne d’Arc de l’indépendance, elle ignore la réalité objective d’un mouvement souverainiste très fragile. Sa « stratégie » de la terre brûlée prend des airs de sabotage inconscient.


Symptôme


Cela dit, le schisme bloquiste est aussi le symptôme d’un problème plus profond. En l’absence depuis des années d’une promotion active de la souveraineté par le PQ, des clans se sont reformés.


D’un côté, il y a ceux qui, comme les sept députés bloquistes démissionnaires, optent pour la « défense des intérêts du Québec ». De l’autre, ceux qui, à l’instar du clan de Mme Ouellet et de son lieutenant, Mario Beaulieu, veulent mettre l’accent sur l’indépendance dans l’enceinte fédérale.


Pis encore pour le PQ, cette guerre vient de migrer dans le comté de Pointe-aux-Trembles. Jean-Martin Aussant, un joueur essentiel au PQ, devra affronter Maxime Laporte en investiture, un allié du clan Ouellet-Beaulieu.


Ce dernier semble en effet déterminé à importer le même conflit au sein même du PQ. Idem dans le comté de Vachon, soit celui de Mme Ouellet, où son successeur potentiel est aussi son attaché politique. Le tout, au moment précis où le PQ s’apprête à faire face à la campagne électorale la plus féroce de son existence.


Tirer sur l’ambulance


Dans ce mauvais vaudeville, il est vrai que le PQ paie pour ses années de silence sur son option. Un silence auquel le clan Ouellet-Beaulieu voudrait bien mettre fin. Mais si Mme Ouellet se souciait vraiment de la « cause » indépendantiste, elle aurait compris qu’en combattant sa propre famille politique à un moment aussi crucial, elle s’acharne dans les faits à tirer sur une ambulance.


Pendant ce temps-là, la CAQ et le PLQ sont morts de rire. Philippe Couillard en profitait hier pour présenter cette dernière crise comme la énième preuve du recul de l’option souverainiste elle-même.


Chez les péquistes, leur espoir est que les électeurs fassent la distinction entre un Bloc saboté et un PQ qui, de son côté, travaille à redevenir un joueur crédible dans l’arène québécoise. Les prochains mois diront si cela est encore possible.