Au sujet du projet de loi 78

La fin des haricots

Tribune libre

Quelques minutes avant d’entrer en Chambre pour présenter son projet de loi 78 visant « à mettre fin au conflit étudiant », Michelle Courchesne déclarait :
« Une loi spéciale, ça ne signifie pas la fin des haricots…même après la loi spéciale, il pourra y avoir une entente ».
Par ailleurs, le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin, a soutenu qu’il ne pouvait négocier avec une telle menace aussi grande placée au-dessus de sa tête. « Il s’agit d’un projet de loi qui vise à tuer à terme les associations étudiantes, mais aussi à taire l’expression d’une population. »
« On vient dire aux jeunes que tout ce qu’ils ont fait, tout ce qu’ils ont créé comme mouvement social depuis 14 semaines sera désormais criminel… C’est une déclaration de guerre au mouvement étudiant .», s’est indignée Martine Desjardins de la Fédération étudiante universitaire du Québec.
Aux yeux de Gabriel Nadeau-Dubois, coporte-parole de la CLASSE, avec cette loi, le Québec est en train de « sombrer dans une dérive autoritaire ». Il a dit
« avoir honte d’être gouverné par des gens qui osent déposer des projets de loi aussi ignobles ». Il a soutenu qu’il s’agissait d’un « projet de loi qui remet en question des libertés fondamentales et des droits constitutionnels reconnus ».
À mon sens, ce projet de loi est incendiaire par son caractère répressif et constitue une entrave profonde aux libertés d’expression en les restreignant outrageusement et cavalièrement.
En agissant avec autant de mépris devant le mouvement étudiant, la gouvernement Charest vient de clore tout dialogue avec 150 000 étudiants qui manifestent démocratiquement depuis plus de cent jours le droit de se faire entendre.
En termes clairs, le projet de loi 78 décrète l’omerta en demandant aux étudiants de se taire et de se ranger gentiment pour avoir le « droit » de réintégrer leurs cours, à défaut de quoi, ils seront soumis à des amendes salées.
Soyons logiques…comment la ministre peut-elle avoir la moindre crédibilité auprès des leaders étudiants alors qu’elle se montrait encore ouverte au dialogue la veille de la présentation de son projet de loi incendiaire? Comment peut-elle affirmer avec autant de désinvolture qu’une « loi spéciale, ça ne signifie pas la fin des haricots »?
À moins de faire preuve d’une naïveté peu probable, compte tenu de l’expérience de Michelle Courchesne dans les négociations qu’elle a déjà menées antérieurement, j’ai plutôt l’impression que le projet de loi 78, de par son contenu répressif, vient d’annoncer « la fin des haricots »…en d’autres termes, le début d’une mobilisation accrue autour des revendications des étudiants!
En terminant, je laisse la parole à Lise Payette à travers cet extrait de sa chronique publiée dans Le Devoir du 18 mai sous le titre « Honte à vous, Jean Charest » : « Les blessures que vous laisserez dans notre peuple, M. Charest, seront longues à guérir. Mais j’ai la certitude que nous y arriverons. Je suis heureuse de savoir que la relève est debout. Ça ira plus vite. »
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2031 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mai 2012

    À 21h 24 je lis : Carré Noir, Le gros bâton libéral et La fin des haricots.
    Cette loi ne vise pas que les étudiants, mais bien l’ensemble des revendicateurs.
    Toi, moi, n’importe qui!
    Tin! Tchèk pour voir.
    Un exemple :
    " EEEuh…Tu r’vendique quoi?"
    "… … … … "
    " Aaaah!!! … Z’êtes souêssant’é-quinze!… … Beieien???… … va fawoir woir"...
    T’a kètch-tu?

  • Henri Marineau Répondre

    18 mai 2012

    Semer la confusion...
    Dans le cadre de la loi spéciale, afin de respecter l’ensemble des nouvelles règles, il serait intéressant de prendre le gouvernement Charest à son propre jeu. Tout rassemblement de 10 personnes devant être rapporté à la police 8 heures à l’avance, je suggère de faire le plus grand nombre de manifestations de 10 personnes au même moment et ce, rapportées tel que prévu par la Loi. Ceci aurait pour effet de déranger considérablement le corps policier, respecterait les nouvelles « règles » et pourrait donner beaucoup de visibilité. Les institutions (GEGEP, universités) en région pourraient procéder de la même manière car déplacer des gens est très coûteux. De plus, comme on doit envoyer le tracé et l’horaire à l’avance, je propose de l’envoyer pour toutes le manifestations en même temps...par exemple, pour des manifestations qui devraient se dérouler à 20h, à 11 :55h, tout le monde communique le trajet à la police de manière à créer un maximum de confusion. Évidemment, des tracés allant dans toutes les directions et partant de points différents ne pourraient qu'amplifier l’effet de confusion!

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mai 2012

    Ce n'est plus seulement les etudiants qui sont concernes, c'est l'ensemble des parents et c'est beaucoup plus que 150 000...
    Je refuse de voir grandir mon fils dans un Etat policier ou une telle loi existerait. Mardi, pour lui, je manifesterai pour la premiere fois de ma vie, car plus tard je veux pouvoir le regarder dans les yeux et lui dire: J'etais la.