Je lisais les propos d'Ellen Gabriel sur les événements relatifs à la Crise d'Oka, dans La Presse de ce matin.
Je remarquais qu'elle accusait les policiers d'avoir eu des attitudes racistes envers ses compatriotes mohawks.
Les Warriors, si je me souviens bien, dont feu Lasagne, n'habitaient pas Kanesatake. Et ils étaient des guerriers, pas des pacifistes.
Je ne sais pas pourquoi, mais son attitude me fait penser aux jeunes qui crient à l'injustice, à la violence, à l'incompréhension, au racisme envers les manifestants (y a-t-il un mot qui corresponde à cela ?) lors du G20.
Quand il y a un conflit, et que des manifestations sont annoncées, que la police est sur les dents, que ce soit ici ou ailleurs, un manifestant qui prend congé de sa job d'été, qui part avec, ne serait-ce qu'un BIC dans les poches, la rage au coeur (qu'il ait raison ou pas, je ne juge pas de cela), a de fortes chances de se faire empaler.
Si demain la Sûreté du Québec aperçoit un groupe de Warriors à Kanesatake, avant même qu'ils n'aient bougé un seul doigt, les citoyens paisibles du territoire mohawk seront surveillés, soupçonnés, encerclés. C'est ainsi.
Quand un enfant commence à fréquenter des membres des Hells, mettons, ne va-t-il pas tout de suite être réprimandé par ses parents à cause du risque qu'il court de devenir un bum ? Quand un membre du gouvernement a des relations avec la pègre italienne, ne va-t-on pas s'énerver, avant même qu'il ne soit coupable de quoi que ce soit ? De la même manière qu'un jeune, même si le droit de manifester est accepté dans notre beau pays, prend un risque en se mêlant à des casseurs fussent-ils une minorité ?
Les policiers sont payés pour maintenir l'ordre. Or, le maire de Toronto n'aurait pas, selon les manifestants arrêtés injustement, le droit d'être fier de sa police ? Quand la Coupe Stanley provoque autant de casse pour un jeu de millionnaires, pourquoi le G20, qui, lui, prétend décider du bien-être des populations internationales, n'attireraient pas des casseurs, des bandits, des extrémistes munis d'armes de toutes sortes ? Les policiers avaient-ils le temps, devant une foule aussi immense de jeunes manifestants, fussent-ils de bonne foi, de ne cibler que les casseurs ? Non, ils ont embarqué tout le monde.
Il faut ne pas avoir voyagé en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud pour comprendre l'intelligence des douaniers, des militaires et des représentants de l'ordre qui eux, n'ont jamais eu que ce pouvoir sur les gens. En transit en Côte d'Ivoire, alors engagé dans un projet humanitaire au Burkina Faso, mon fils et son ami ont été séquestrés par les douaniers ivoiriens, débarrassés de leurs bagages, séparés l'un de l'autre. On leur a volé tous les films utilisés, leurs caméras, leurs rasoirs, et laissés seuls avec leurs angoisses. Personne pour les entendre, jusqu'à ce qu'ils décident de payer dix dollars américains aux dits douaniers qui les ont laissés filer. Pour dix piasses !
Alors, je me dis que la maxime Qui s'assemble, se ressemble a toujours été vraie. Qui que l'on soit, on réagit tous pareils devant une foule : sans réfléchir. Moi, à mon fils, je dirais, la prochaine fois, reste à la maison. Manifeste par d'autres moyens. Et aux dirigeants des pays du G20, je dirais : restez donc à la maison. Avec Internet, vous pouvez tout régler, tout discuter. Pas besoin de saumon gravlax sur un lit de pétoncles à la lime pour décider de garder la paix.
Je suis une babyboomer. J'ai beaucoup milité. Je le fais encore à ma manière en prenant la plume, parfois plus explosive qu'un cocktail Molotov.
Ce que je n'accepte pas, c'est l'impossibilité totale des jeunes manifestants d'accepter d'autres points de vue que le leur (je l'ai vécu sur Facebook où je me suis fait insulter de la façon la plus véreuse) alors qu'ils manifestent pour le droit à la dissidence. C'est comme tous ces casseurs qui manifestent contre la violence policière, en fracassant tout sur leur passage. Il y a tellement d'autres moyens, chacun dans votre milieu, de faire bouger les choses.
Il y a autant de merde du côté droit que du côté gauche. Une société doit avoir les deux côtés à la fois sinon, elle chambranle puis s'écroule.
Auteur : Francine Allard