SCANDALES POLITIQUES À QUÉBEC

La descente aux enfers

Chronique de Richard Le Hir

La démission du ministre Tomassi et les révélations de La Presse ce matin sur ses liens incestueux avec Pietro Perrino, actionnaire et membre du conseil de l’agence de sécurité BCIA, administrateur du fonds FIER qui a investi dans ladite agence, ancien chef de cabinet de Daniel Johnson Jr, et ancien permanent du PLQ, illustrent on ne peut mieux la chute spectaculaire de légitimité du gouvernement Charest.
Et La Presse nous apprend en plus, sous la plume de Vincent Marissal que ce n’est pas fini (Fin de l’histoire ? Pas si sûr) : « M. Charest peut badiner, mais le fait est que les informations colligées par les médias ou révélées par l'opposition depuis quelque temps (sans compter ce qui percole en ce moment pour sortie ultérieure) sont sérieuses et troublantes. »
Comme le dit encore Marissal : « Une enquête publique aurait permis, l'a-t-on assez dit, sinon d'assainir l'air ambiant, du moins de faire le point sur les pratiques de financement des partis politiques. M. Charest ne veut pas lancer une telle enquête. Il en aura donc une en pièces détachées pendant des mois, gracieuseté des médias et de l'opposition. »
À ce jeu du supplice chinois de la goutte, on finira bien par avoir la peau du gouvernement Charest, mais tout le Québec sera perdant sauf… La Presse, qui trouvera dans cette affaire l’occasion de redorer son blason et d’être encore en meilleure position pour faire pression sur le prochain gouvernement.
La Presse affiche d’ailleurs son jeu sans aucune vergogne avec la publication aujourd’hui d’un sondage Angus Reid qui démontre la baisse spectaculaire de crédibilité de la classe politique, tous partis confondus. Ce sondage, vu sa provenance et son commanditaire, est évidemment à prendre avec un grain de sel, mais sur le message principal, il correspond très précisément à ce que chacun de nous est en mesure de vérifier dans ses conversations quotidiennes avec son entourage.
Et à force de ne pas oser, les partis d’opposition finissent par paraître aussi mal que le gouvernement. Leur stratégie de ne se contenter que de japper aux talons du gouvernement pour l’avoir « à l’usure » est en train de se retourner contre eux.
Qui plus est, il faut se demander comment l’intérêt public sera servi par une publication au goutte à goutte d’informations qui seront de toute façon ultra-censurées par les avocats des médias pour éviter tout risque de poursuite. Et sur ce point, aucun média n’est plus vulnérable que La Presse après ses mésaventures avec Lino Saputo qu’elle avait relié à la mafia sans preuves suffisantes.
Au stade où les choses en sont rendues, il devient très urgent de lancer une enquête publique, seul forum offrant les garanties nécessaires de rigueur et d’impartialité pour vider une question de l’ampleur de celle à laquelle nous sommes confrontés. Et s’il faut pour ce faire que les partis d’opposition agissent de façon concertée pour amener le gouvernement à démissionner et à déclencher des élections générales, qu’ils le fassent rapidement, dans l’intérêt supérieur du Québec… et parce que c’est le seul moyen qu’il leur reste désormais de garder la crédibilité nécessaire pour prétendre à gouverner.


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5 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 mai 2010

    @ M. Perry,
    Depuis quelques années je reviens poser la question suivante: Si Anonymement vôtre s'appelait Jean Durand, sans identification de ses compétences, sur un site d'échanges verbaux sans images ni son de la voix, sans gestuelle corporelle...
    ...M. Perry, cet interlocuteur vous semblerait-il plus crédible, plus visière levée? Porteriez-vous foi plus volontiers à un tel inconnu que vous ne rencontrerez jamais? Ses arguments vous frapperaient d'avantage parce qu'il vous annonce le nom que sa mère lui a donné?
    Je dis ceci en général, puisque je n'ai pas encore lu les textes de anonymement...

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mai 2010

    @ Anonymement vôtre & à l'éditeur de Vigile:
    Avant-propos: un lieu de débat public comme l'est Vigile devrait être exempt à mon sens d'opinions en provenance d'auteurs n'osant guère jouer le jeu de la visière levée. Si on n'a pas le courage de ses opinions, on a alors le devoir de s'abstenir. Peu importe le contenu de ce qui est dit, l'anonymat n'a tout simplement pas sa place en un lieu de débat public, surtout en démocratie où les libertés furent chèrement acquise par des gens ayant osé se lever en disant tout haut et à visage découvert des choses devant être dites.
    Fin de l'avant-propos.
    Réaction à l'article de Richard Le Hir.
    Toutes les allégations additionnées aux faits véridiques apparaissant maintenant en pleine lumière tendent à démontrer une corruption largement rependue dans ce gouvernement. De fragile qu'était la légitimité du gouvernement du PLQ il y a quelques semaines à peine, on peut maintenant affirmer qu'il n'y a plus de cette légitimité dans l'opinion publique.
    De deux choses l'une: ou bien le premier ministre Jean Charest accepte d'instituer une commission d'enquête publique sur le financement du PLQ pour démontrer que ce parti n'a rien à se reprocher (et les faits tout comme les allégations pèsent actuellement lourdement en faveur de la thèse contraire), ou bien ce gouvernement remet sa démission au Lieutenant-Gouverneur du Québec: c'est la croisée des chemins qui se présente devant eux présentement, et j'ai l'intime conviction d'exprimer tout haut ce qu'environs 80% de la population pense actuellement au Québec. Vox populi....vox Dei !
    De Soulanges au Québec: Normand Perry.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mai 2010

    « La Coalition pour le renouvellement des infrastructures du Québec a réagi positivement au dépôt du budget Bachand, soulignant que «beaucoup de mesures ont été prévues pour des interventions dans de nombreux secteurs d'activité».
    «Les mesures annoncées tels la création du Fonds des infrastructures routières et de transport en commun ainsi que les hausses de financement du Plan québécois des infrastructures viennent répondre aux attentes que nous avions fait connaître au gouvernement et nous sommes donc satisfaits du budget», déclarait le président de la Coalition, le maire de Laval Gilles Vaillancourt, par voie de communiqué, mardi le 30 mars.» source

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mai 2010

    L'équivalent pour le Québec est "COALITION POUR LE RENOUVELLEMENT DES INFRASTRUCTURES DU QUEBEC"
    Extrait du communiqué de presse:
    «À propos de la Coalition
    La Coalition pour le renouvellement des infrastructures du Québec est constituée de 21 organisations qui représentent les spécialistes du domaine des infrastructures municipales, les constructeurs, les organisations syndicales et patronales, les chambres de commerce ainsi que les élus et les gestionnaires des municipalités du Québec.»
    Je ne sais pas si le PQ ou la Presse se sont servi de cette piste pour leurs recherches, mais si non, je crois qu'en faisant des recherches sur les gens de cette coalition et les plans de relations publiques (lire plan de lobbying), il ne serait pas étonnant d'en découvrir bien davantage.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mai 2010

    Bonjour,
    je viens de trouver un petit bijou:
    http://www.wcrhca.org/pdf_files/gga_action_plan_2001_02.pdf
    C'est un document de GGA communication, a été trouvé par "super" chance sur le site de Western Canada Roadbuilders and heavy constructions association
    Sur le site de GGAcom on peut lire:
    "GGA a été retenu par le consortium international Concession A25 S.E.C. à titre de Conseil en relations publiques et en relations médias. Ce groupe est responsable de la conception, de la construction et de l’entretien du parachèvement de l’Autoroute 25 à Montréal et Laval. Le consortium est composé de Macquarie Investment Fund, de Kiewit-Parsons, de Genivar, de Ciment St-Laurent, de Miller Paving et de Transcore."
    Pour revenir au document, qui est le point central de ce message, on y retrouve une stratégie afin de manipuler les médias pour qu'ils soient en faveur de construction de route, donc de contrôler l'opinion publique.
    Extraits:
    "MEETINGS WITH POLITICIANS & THEIR STAFF
    Status: Between the months of March and May 2001, the CRCI and
    TRIP/CANADA met with 10 cabinet ministers and numerous liberal MPs. Some
    meetings were secured by GGA while others by the CRCI. More specifically,
    GGA secured meetings with Ministers Paul Martin, Stéphane Dion, Pierre
    Pettigrew, Lucienne Robillard and MPs André Harvey, Marcel Proulx, Serge
    Marcil, Jacques Saada, Claude Drouin, and Raymond Lavigne. GGA also
    secured meetings with Senators Lise Bacon, Céline Hervieux-Payette, and
    Raymond Setlakwe."
    Parmi leur liste THE "INFLUENCEURS", on y retrouve entre autres Pietro Perrino. Intéressant, plutôt que de dire 'lobbyist", on dit "influenceur". Ça doit être parce que ça rime avec crosseur.
    Si je vous présente cet article, c'est que je crois que ça peut aider à comprendre le fonctionnement des lobbyistes auprès des politiciens. La recette est là. Et ce n'est qu'une coincidence si Pietro Perrino se retrouve dans cette liste. :)
    J'espère, M. Le Hir, que ce document vous sera utile. Enregistrez le rapidement sur votre ordinateur avant qu'il ne disparaisse du WEB