Le 6 avril dernier, j’ai appris que deux tigres maltais et trois lions du zoo de Bronk ont été contaminés par le coronavirus, après qu’un chat belge ait contracté la maladie à la fin de mars. C'est le drame. Je ne veux pas que mon matou soit victime du virus. Depuis le confinement, j’entretiens des relations particulières avec ce dernier. En fait, sauf quelques exceptions, dont la plus récente qui remonte à ma mémoire fut une vidéo de de NOMOS TV[1], je préfère de loin être informé par des animaux.
Je ne sais comment dire, mais malgré les profonds changements qui nous rattrapent, j’ai l’impression de me retrouver devant le même foutu traitement de l’actualité confondant le COVID-19 avec une vedette de la Pop hollywoodienne en tournée mondiale. Une photo de Justin avec COVID et le lendemain, une manchette pour proposer l’application de la Loi sur les mesures de guerre pour mieux gérer les réactions imprévisibles des admirateurs. Il me semble qu'un animal n’oserait embarquer dans cette mascarade, car son instinct de survie l'oblige à aimer la vérité. Mon matou en témoigne. Lorsque j’allume la radio ou la télévision, il fuit. Je reconnais par contre qu’il lui arrive de rester sur son sofa. La dernière fois, il semblait captivé par les images de Donald Trump. Était-ce ses cernes de ratons laveurs ou le fait qu’il soit roux comme le chat batailleur d'un voisin. Je ne peux dire. Je sais seulement qu'avant de quitter la pièce, il m’a dit que Trump sera assassiné le 8 mai prochain.
Le confinement commence à peser lourd. Assez pour multiplier les coups de téléphone. Sur la liste, un ami en quarantaine à la suite d’un voyage au Japon avec qui j'ai constaté que la tournée mondiale de COVID risque d’éclipser le 75e anniversaire de l’utilisation de la bombe atomique contre des civiles. Aurons-nous l’occasion de sortir de l’isolement pour souligner l’évènement? Si je m’inspire de trois mots qu'il m'a dit, il y a des chances que la réponse soit négative. COVID pogne. Vendons du COVID même s'il faut effacer la mémoire des bétises de notre passé.
OCTAGON, FREEJACK, ZODIAC et minets
Ces mots sont OCTAGON, FREEJACK et ZODIAC. Selon Normand Lester, ils font allusion à des «ordres secrets» des «États-Unis» à se «préparer à assumer la «continuité du gouvernement» si la crise du coronavirus engendre des situations qui empêchent les autorités civiles d’exercer leurs responsabilités et d’assurer la sécurité intérieure». Normand Lester ajoute que «le 1er février dernier» le «secrétaire à la Défense» a demandé au «US Northern Command (NorthCom) de se préparer à se déployer» à l'appui de «missions extraordinaires potentielles» en réponse à la COVID-19, rendant possible une «certaine forme de loi martiale». Enfin, il précise que le «Canada et le Québec sont dans le périmètre de sécurité américain relevant du Northern Command et l’armée américaine peut légalement intervenir au Québec pour des missions de sécurité intérieure»[2].
Est-ce que l’assassinat de Trump pourrait devenir le prétexte d’une intervention militaire au Québec? Tout est possible dans une société qui traite l'information comme des potins artistiques et la mort de Trump comme la bonne nouvelle du XXIe siècle, sans penser au risque. Le principal consiste a savoir que plus le confinement se prolonge, plus nous ressentons un malaise à laisser des minets rêver d’un monde sans matous roux, afin de mieux troquer l'instinct de survie pour des placotages. Des chattes en chaleur et des poules de luxe qui confondent les trous noirs de l’univers infini avec des nombrils qui attirent la pensée aseptisée.
Un journaliste, dont le nom Lester aurait pu servir à baptiser un matou, pond un texte sur le NorthCom! Cela ne devrait-il pas être une occasion pour sortir de l'époque du potinage d'avant la pandémie? Osons la vérité. Il y a bientôt 18 ans, les minets de la politique ont attaqué notre démocratie, pendant qu’on bandait sur des vedettes de la Pop telles Justin Timberlake. Je m'explique. En «décembre 2002, le Canada participait à la négociation d’un accord de coopération militaire» qui pouvait permettre «à l’armée américaine de traverser la frontière et de déployer des troupes partout au Canada». Cette entente discutée «à huis clos […] au quartier général du US Northern Command (NorthCom) situé à la base aérienne de Peterson au Colorado», donne le droit aux forces armées étasuniennes d’intervenir pour mettre au pas le «Canada, le Mexique, l’Arctique canadien et une portion des Antilles». Ajoutons que le Groupe de planification binational (BPG) du NorthCom utilisait à l’époque «50 planificateurs militaires canadiens et américains […] redevables ni devant le Congrès américain ou la Chambre des communes». Démocratie!!! Pour les accompagner, le «Plan d’assistance civile (CAPE)», branche du BPG jumelée au «Plan combiné de défense (CDP)», concluait un accord avec le responsable de la Sécurité intérieure Tom Ridge, aussi au service du US Departement of Homeland Security. Intitulé Canada-US Smart Border Declaration, il donne «accès à des informations confidentielles sur les citoyens canadiens», à leurs «dossiers fiscaux» et permettra à des «troupes spéciales américaines d’entrer au Canada» pour arrêter des citoyens canadiens[3].
Continuons. En septembre 2006, une «rencontre secrète sur la prospérité continentale dans le nouvel environnement sécuritaire» coprésidée par «George Shultz, l’ancien secrétaire d’État du président Ronald Reagan», se déroule à «l’hôtel Fairmount Banff Springs» en Alberta, sous la tutelle du Conseil des relations étrangères (CFR), un influent groupe d’oligarques. La rencontre porte «sur l’intégration profonde qui consiste principalement à éliminer la souveraineté nationale pour permettre l’édification d’une forteresse nord-américaine»[4]. Avez-vous l'impression que la pandémie sert ce jeu? Une tournée mondiale de COVID qui propose la surveillance électronique, la Loi sur les mesures de guerre, de devenir des minets numériques, d’exclure les personnes qui paient avec de l'argent liquide et de mettre en action un plan de reconnaissance faciale, ça me semble étrange.
Il y aura bientôt 50 ans, un policier a tué malencontreusement d’une balle dans la tête une personne qui ressemblait à Paul Rose (1943-2013), un membre du FLQ. Aujourd'hui, nous pouvons reproduire le même théâtre en accusant un bogue informatique. Et plus les minets sont nombreux, plus on peut refaire les mêmes erreurs. Je suis désolé de me laisser emporter par la crainte. C'est le confinement! De ma fenêtre, je m’imagine un COVID grand format déambuler sur le trottoir, en tenant en laisse un humain. Mon chat est là et semble se dire que je commence à lui ressembler. Nous ne quitterons pas la pièce. La radio et la télévision sont éteintes et savons que la vérité c’est comme le silence.
Références
- ^ COVID-19: Géolocalisation et surveillance de masse
- ^ LESTER Normand, COVID-19: les plans secrets du Pentagone et le Canada, le 20 mars 2020. https://www.journaldemontreal.com/2020/03/20/covid-19-les-plans-secrets-du-pentagone-et-le-canada
- ^ CHOSSUDOVSKY Michel, «Northcom viole la souveraineté du Canada», l’Aut’ journal, décembre 2004 et janvier 2005, page 5.
- ^ Ibid
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