La croisade de Soumia Allalou contre les mâles alpha de McGill…

Tribune libre


Il arrive que des initiatives qui semblent à prime abord éminemment égalitaires dissimulent en fait des desseins condamnables. Ainsi, l’apparente égalité homme femme affichée par la mixité dans les salles d’exercice d’une institution publique ne pourrait-elle pas servir de paravent infamant à une manifestation insidieuse de la domination masculine qui afflige si particulièrement le Québec, ou d’intolérance devant les us et coutumes de citoyens aux valeurs légèrement différentes des nôtres ?
C’est sans doute à la perspicacité de Soumia Allalou, étudiante musulmane en droit originaire de la si progressiste Ontario, que nous devons de prendre conscience de ce bien douloureux constat. Depuis quelques semaines en effet, la communauté universitaire de McGill se voit cruellement déchirée à la suite des avant-gardistes revendications de cette militante qui réclame que le centre sportif de cette institution rétrograde offre enfin des plages horaires réservées uniquement aux femmes. La moindre des choses, non, dans notre société qui se dit habitée par l’égalité homme femme et par l’ouverture à l’Autre ?
« Je préfère faire de l'exercice dans un environnement uniquement féminin », devait expliquer sans sourciller la jeune militante de 23 ans, une revendication qui n’a rien d’un caprice, on s’en doute, et encore moins d’un accommodement religieux, bien évidemment. Elle ajoute : « Je pense que les femmes ont plusieurs raisons de vouloir faire du sport avec seulement des femmes. Elles peuvent se sentir plus à l'aise, elles peuvent avoir eu de mauvaises expériences dans le passé, elles peuvent avoir moins accès aux machines. Beaucoup de femmes me disent qu'elles se sentent intimidées dans la section des poids »
Bien sûr, des esprits tordus pourraient objecter à ces observations si éclairantes que les jeunes femmes peuvent profiter de l’occasion offerte par le contexte actuel pour cohabiter avec l’autre sexe, pour s’affirmer envers lui si besoin est, et vivre ainsi dans un climat authentiquement égalitaire. Ils pourraient ajouter que l’université demeure un lieu privilégié pour apprendre à vivre en société. Mais nous savons bien que tout ça, c’est du pipeau, des mots dissimulant un obscur dessein relevant de la plus déplorable conspiration phallocratique et xénophobe !
Ah, l’emprise de ces mâles alpha hétérosexuels de souche !
On peut dès lors concevoir les sourdes appréhensions, les noirs tourments, les sombres insomnies susceptibles d’accabler la frêle gent féminine de cette université à l’idée de côtoyer les hommes québécois de demain, sans doute parmi les plus inquiétants machos en Amérique du Nord. Et que dire de leur libido monstrueusement envahissante, au point où la chroniqueuse Judith Lussier, une femme si équilibrée, s’est déjà épanchée dans l’un de ses billets sur le sentiment de terreur qui l’envahissait chaque fois qu’elle se promenait l’été, vêtue de sa jolie robe blanche, dans les lugubres rues de Montréal !
Comme il fallait s’en douter, les mêmes esprits étroits que tantôt, prétextant un factice souci d’égalité, se sont opposés aux revendications ô combien légitimes de Soumia par le biais d’une pétition, dont voici un extrait particulièrement incriminant : « Tous les étudiants de McGill devraient être traités également. Des droits exclusifs pour le gym ne devraient pas être accordés à des groupes démographiques spécifiques. Les femmes qui refusent d'utiliser le gym quand des hommes s'y trouvent doivent assumer leur choix ».
Imaginez, on dit aux femmes d’assumer leur choix ! Y aura-t-il un jour une limite à l’antiféminisme culpabilisant, à l’intolérance islamophobe, qui menacent l’humanité québécoise de demain ? S’opposer à de si nobles revendications, n’est-ce pas joindre le racisme au sexisme ? Mes doigts tremblent en tapant ces deux mots, si lourds de sens !
Fidèle à l’idée qu’on se fait d’une association étudiante, celle de l’université soutient Soumia. Dans un communiqué publié mercredi, la vice-présidente Claire Stewart-Kanigan écrit : « c'est mon travail de guider, soutenir et représenter un étudiant dans ses efforts pour faire valoir ses droits auprès de l'Université ». Quelle signifiante preuve de solidarité ! En clair, peu importe le bien-fondé d’une initiative, l’important, c’est de la soutenir. Et l’on viendra dire que les responsables d’associations étudiantes sont des têtes de linotte…
Le début d’un temps nouveau…
N’est-il pas rafraîchissant de voir cette nouvelle venue ontarienne nous indiquer la route à suivre, si étendue, affirme-t-elle, dans sa province d’origine où l’ouverture d’esprit est telle qu’elle a bien failli adopter les tribunaux islamiques ? Vite, laissons nos préjugés de côtés, et apprenons à vivre selon les us et coutumes d’une culture qui viendra à coup sûr enrichir notre si rustique simplicité québécoise. C’est peut-être l’avenir de notre civilisation qui se dessine peu à peu grâce à des gens aussi bien intentionnés que cette honorable bienfaitrice…


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