La crise au Parti québécois

en réponse à l'analyse de M. Cloutier sur cette question

Tribune libre


M. Cloutier,
Le peuple est souverain. Il décidera sûrement un jour de son avenir politique. Vous semblez incapable de comprendre qu’en attendant ce moment, le jeu politique déterminera dans quel sens il prendra cette décision. Les fédéralistes travaillent à améliorer leurs chances pendant que nous perdons notre temps à nous diviser sur la stratégie à adopter..D’une position de commande qui aurait pu livrer le pouvoir au PQ,, voici maintenant que la porte est ouverte même à la remontée de Jean Charest dans les sondages sans qu’il ait à lever le petit doigt.
Je ne peux pas comprendre, pour ma part, en quoi c’est si terrible qu’un parti souverainiste se veut électoraliste. Le premier gouvernement péquiste, qui a d’abord adopté l’étapisme pour se faire élire, a prouvé que des indépendantistes pouvaient aussi gérer l’État québécois. Ce fut un précédent qui a servi la cause. Chaque passage du PQ au pouvoir a apporté sa corbeille en introduisant des programmes de société sans rapport avec l’indépendance mais qui ont contribué à distinguer le Québec et à bâtir peu à peu la reconnaissance de la nation au Canada et dans le monde. Une reconnaissance qui a surtout permis aux citoyens du Québec de bâtir une identité distincte. J.F.Lisée a livré des chiffres qui démontrent que, pour la première fois, la majorité absolue de la population du Québec se disent d’abord des Québécois: plus du tiers disent qu’ils ne sont pas des Canadiens !
Le compromis est l’art de la politique. Qui veut atteindre un but doit savoir choisir ses combats, ses adversaires et ses amis. Il me semble que plusieurs têtes d’affiche de la souveraineté ont omis de faire ces calculs élémentaires récemment, ce qui explique davantage la crise que votre démonstration qui s’attarde à l’histoire interne du PQ pour expliquer finalement que certaines personnalités souverainistes n’ont pas le sens du ralliement. C’est tout de même fort de constater qu’au même moment où plusieurs quittent parce que l’indépendance n’est pas assez au menu électoral, Marois perd des plumes parce que plusieurs nationalistes trouvent son programme radical entre autres sur la langue et les ajouts à la loi 101.
Vous avez une conception de la politique qui se décline au premier degré. Selon vous, Il s’agit de se présenter devant le peuple, de déposer son projet de pays et le peuple en décidera Le reste, ce serait seulement de la petite politique provinciale de merde. Désolé mais je ne suis pas d’accord. Vous concevez votre approche comme si la question de l’indépendance du Québec se réduit à un problème de chasser des envahisseurs de notre espace national. Pour vous, la nation québécoise est déjà établie. Mais le Québec d’aujourd’hui est né au cours des années de 1960 seulement. Ses racines sont françaises et anglaises, sans compter l’apport des premières nations. Nos influences sont d’abord nord américaines mais aussi britanniques. C’est facile de comprendre qu’avec de tels antécédents, la décision de faire un pays n’est pas une évidence qui s’impose à tous avec la même force. Le Québec est un projet de construction nationale. Ses bâtisseurs auront une influence considérable sur la décision du peuple au sujet de son avenir. Marois a déjà contribué à faire du Québec un État distint avec le programme très populaire des garderies. Elle s'apprête à faire davantage dans le but de révéler aux Québécois notre capacité de distinction affirmative basée sur nos attentes et nos besoins en matière de langue et de culture. C'est de cette continuité que l'on peut espérer arriver un jour à l'indépendance


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7 commentaires

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    3 juillet 2011

    @ Marcel Haché : Que vous écriviez "Je persiste à dire que les vieux malfaisants comme Jacques Parizeau sont si déconnectés du peuple québécois, qu’ils sont en toute bonne foi, mais en première ligne des fossoyeurs de la cause indépendantiste." vous enlève toute crédibilité à mes yeux. Je serai toujours honoré de voir mes propos méprisés par quelqu'un qui méprise aussi l'un des plus grands leaders indépendantiste de l'histoire du Québec. Vous me faites trop d'honneur.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juillet 2011

    Monsieur Laterrière,
    Il aurait peut-être été plus juste de parler en votre nom personnel plutôt qu'attribuer ces réticences aux nationalistes en général.
    Pour ce qui est de l'idée d'étendre la loi 101 aux CÉGEPS et aux entreprises de moins de 50 employés. J'avoue ne pas comprendre pourquoi le Parti québécois tient à porter flanc inutilement aux attaques de la Supreme Court of Canada qui penche toujours du même bord. C'est mettre la charrue devant le beu. Faisons l'indépendance d'abord pour ensuite voter nos propres lois sans risquer d'être torpillées par l'appareil juridique de l'occupant.
    Les racines britanniques que vous semblez nous attribuer sont directement liées à une conquête et une occupation militaires qui sont encore notre lot. Elles nous sont encore aujourd'hui imposées sous le même artifice qu'à la conquête : celui de la loi du plus fort.
    Vous vous méfieriez d'un projet d'indépendance trop « français ». Avouez que c'est assez particulier de le dire de cette façon. Comme s'il y avait déjà trop de « français » en Amérique du Nord.
    Si je me souviens bien lors du dernier référendum le taux de « oui » chez les Québécois ou les Canadiens-français si vous préférez était de 60 %. Parce que le Parti québécois a refusé et refuse toujours de livrer la bataille pour l'indépendance, les taux que cette dernière recueille de façon constante sont toujours supérieurs à ceux que recueille le parti.
    L'ambivalence de notre race sur la question nationale s'explique mieux par les intérêts de son élite. Qu'on se rappelle que lors de la conquête les Seigneurs, le clergé et les commerçants se sont bien accommodés d'une collaboration avec le conquérant pourvu qu'ils ont pu conserver leurs privilèges et leur ascendant sur le bas peuple. Il en était jadis ainsi comme il en est encore aujourd'hui.
    Pour moi c'est très simple : qu'on se succède à l'Assemblée nationale d'une province sans s'affranchir de tout ce que nous a imposé l'occupation militaire, politique, juridique et linguistique de notre territoire qui est celui-de de la Nouvelle France est du vichysme.
    Guy Le Sieur
    Vive la République de l'Amérique française

  • Marcel Haché Répondre

    3 juillet 2011

    « La vérité est que 40% des Québécois appuieraient l’indépendance si elle leur était proposée sérieusement et sans détour. » G.Mc.Tétrault
    Là, c’est moi qui suis tombé en bas de ma chaise. Mais à supposer que ce soit la « vérité », monsieur, ce n’est pas le P.Q. qui empêche le P.I. de présenter partout des candidats avec le succès que vous semblez prédire.
    La vérité, puisque cela vous intéresse, voudrait qu’à la prochaine élection, le P.I. passe son tour. La vérité doit bien avoir quelque part un lien avec la réalité. Et la réalité, c’est que les indépendantistes ne pourront plus dans le futur avoir le même espoir que celui qui les a portés depuis le début de la révolution tranquille…
    Vous sous-estimez la capacité des fédéralistes à façonner le calendrier politique et la réalité politique elle-même lorsqu’ils sont au Pouvoir. Par ailleurs, rien de ce que vous avancez et souhaitez ne serait contredit par un P.Q. au pouvoir.
    Pour établir un rapport de force politique, non pas seulement moral, le Pouvoir est éminemment nécessaire et n’est pas, absolument pas une simple option.
    Je persiste à dire que les vieux malfaisants comme Jacques Parizeau sont si déconnectés du peuple québécois, qu’ils sont en toute bonne foi, mais en première ligne des fossoyeurs de la cause indépendantiste.
    Le P.Q. est un grand parti qui ne va pas se comporter comme la brigade légère, si souvent évoquée par Bernard Landry. L’élection à venir, qui peut survenir n’importe quand maintenant, a considérablement rétréci la fenêtre d’opportunités. C’est ça la vérité.


  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    3 juillet 2011

    @ Monsieur Laterrière : Je vous cite : "révéler aux Québécois notre capacité de distinction affirmative" elle est bien bonne cette trouvaille et je me roule par terre. Voilà à quoi on en arrive en essayant de justifier l'injustifiable. Robert Bourassa n'aurait pas inventé mieux pour nous confondre. Et vous vous étonnez qu'avec une telle sottie, d'autres candidats à la "gestion de la dépendance" (ce mot-là est de Marcel Rioux) aient envie d'en faire autant. Vous en êtes à trois maintenant. La vérité est que 40% des Québécois appuieraient l'indépendance si elle leur était proposée sérieusement et sans détour. C'est bien assez pour porter au pouvoir un parti politique. Les partis politiques qui ne disposent pas automatiquement de l'appui du vote anglophone et allophone ont besoin de cette manne électorale indépendantiste pour se donner le pouvoir et pour cela sont obligés d'usurper le concept d'indépendance qu'ils s'empressent de désarmer en l'associant à l'attentisme, l'étapisme, le socialisme et la lutte des classes et même au souverainisme alors qu'ils n'ont dans les faits ni l'intention, ni le courage, ni la compétence de réaliser purement et simplement l'indépendance géopolitique du Québec : sa sortie du Canada qui seule permettra de libérer notre pays de la domination économique et politique dans laquelle il a été placé depuis 250 ans et qui nous donnera notre place dans le monde.

  • Gilles Laterrière Répondre

    2 juillet 2011

    M.Le Sieur,
    Je parle en mon nom personnel comme tous les intervenants sur ce site. Je me suis peut être mal exprimé. Je dis que plusieurs électeurs nationalistes estiment que le projet du PQ d'étendre au Cégep les dispositions de la loi sur l’éducation qui obligent les enfants de parents non-anglophones à fréquenter un établissement francophone ou celui d'étendre la loi 101 aux commerces de moins de 50 employés sont des mesures radicales. Au PQ, ces mesures sont adoptées dans le programme du parti et elles sont donc soutenues par tous les députés.
    Quant à nos racines anglophones, elles sont indéniables. Elles façonnent la mentalité, les valeurs et la façon de vivre des francophones d'ici autant dans nos arts et nos loisirs, notre cuisine, ou dans de multiples facettes de la vie comme nos rapports avec le travail et la hiérarchie ou notre façon de faire de la politique.
    Nous sommes profondément de culture nord américaine. Plusieurs francophones se méfient du projet de pays indépendant qui serait à leurs yeux trop d’inspiration française.. Ce n’est pas d’hier que les Québécois francophones éprouvent une relation d’inimitié avec la France et les Français. .Trudeau en avait joué de ce sentiment avec l’affaire de l’espion français.
    Je vous rappèle que la majorité absolue des opposants à la souveraineté du Québec sont d'origine francophone. Désolé, mais ce n'est pas la Gazette qui exerce ainsi la plus grande influence sur les échecs référendaires.
    Enfin mes explications ne vous conviennent peut être pas tout à fait mais elles valent mieux, à mon avis, que celles qui attribuent la longueur du débat sur l’avenir du Québec au caractère ambivalent de notre race !

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juillet 2011

    [1] Le discours de M. Laterrière, je le connais de A à Z et de Z À. Je l'ai entendu des centaines de fois au Parti québécois de la part des "grands stratèges" qui avaient toujours les 2 pieds sur les freins : "Faut pas aller trouver, faut pas peur au peuple, faut convaincre le monde etc.etc"
    [2] Sauf que ce discours là, je suis tanné de l'entendre. Cela fait des années qu'il ne se passe rien. Absolument rien.
    [3] La gang actuelle du PQMarois n'a montré aucun respect pour les indépendantistes, pour le 'projet de pays" voté en 2005 et pour le droit interne du parti. Pourquoi en aurait-on pour eux?
    [4] Quand on veut un pays, on le met sur la table. On le fait directement et franchement. Pas en hypocrites. Et la carrière politique de ces gens-là, on n'en n'a rien à cirer.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juillet 2011

    Monsieur Laterrière,
    À vous lire je prends soudainement et douloureusement conscience à quel point le PQ a trahi les indépendantistes. Lorsqu'on est rendu au PQ à considérer la loi 101 comme radicale, je me dis que ce parti nous a menti tout le long de ses 40 ans d'existence.
    De plus, vous affirmez que le Québec moderne est né en 1960 et que ce Québec doit tenir compte des Anglo-Saxons comme partie prenante de cette nation et que le PQ accepte cette vision des choses. Alors là, je m'excuse, mais allez leur demander s'ils ont quelques désirs à voir se développer la seule nation française d'Amérique. Vous ne lisez pas très souvent la Gâzette vous. Ils nous tolèrent tout au plus et il ne faudrait pas avoir quelques velléités de vouloir devenir une majorité, car le cas échéant, ils partitionneraient allègrement et joyeusement le territoire avec l'aide de la Royal Canadian Army et en nous faisant un bras d'honneur.
    La présente crise ne fait que prouver la dangereuse incompétence des élites de ce parti.
    Guy Le Sieur
    Vive la République de l'Amérique française